Dirigé par Isaias Afwerki depuis 1993, l’Erythrée demeure l’un des pays du monde où les droits de l’homme sont les plus bafoués. Suppression de la presse privée, disparition des opposants politiques ou service militaire obligatoire sont le lot quotidien des Erythréens.
Situé dans la corne de l’Afrique, l’Erythrée est un petit pays de 6 millions d’habitants. Le pays est à la main de Isaias Afwerki depuis 1993, date de l’indépendance du pays. A son arrivée au pouvoir, le tout nouveau chef d’Etat va éliminer toute opposition en instaurant un régime avec un parti unique, le sien, le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ).
La guerre entre l’Erythrée et l’Ethiopie de 1998 à 2000 marque un tournant radical dans la politique de Isaias Afwerki. Le président du pays prend des décisions aux dérives totalitaires. Il instaure le service militaire obligatoire à tous les hommes de 16 à 40 ans pour combattre les Ethiopiens. La population se retrouve dans l’obligation de servir l’armée pendant plus de 10 ans. Le salaire proposé est misérable (environ 50 dollars par mois) et les enrôlés doivent participer aux constructions d’infrastructures. L’ONU qualifie cette situation pour les Erythréens comme de « l’esclavage moderne ».
Des prisonniers d’opinion
Des voix commencent à s’élever dans le pays face à cette politique militaire extrême. Isaias Afwerki décide de faire enfermer tous ses opposants politiques et les journalistes critiques envers le pouvoir. Certains arrêtés en 2001, sans jugement, sont toujours portés disparus. Amnesty International rapporte que Cilam Ali Ahmed est enfermé depuis 2012 dans une prison érythréenne. La jeune femme s’est fait emprisonner à 15 ans pour avoir essayé de fuir avec son père, ancien ministre du gouvernement, à l’étranger.
Toute personne en Erythrée peut se faire emprisonner sans jugement et sans vraie raison valable. C’est pourquoi, les prisons érythréennes accueillent trop de prisonniers politiques, religieux ou des journalistes. Toujours selon Amnesty International, la prison d’Adi Abeto accueillait 2500 détenus pour 800 possibles en 2020. Cette surpopulation carcérale est un vrai enfer pour les détenus. Les portions alimentaires sont ridicules, la situation sanitaire est exécrable, de nombreuses prisons ne sont même pas équipés de toilettes. Les tortures sont aussi monnaie courante. Des crimes contre l’humanité sont perpétrés dans tous les centres de détention du pays affirme l’ONU.
Une absence de liberté
Isaias Afwerki contrôle totalement toute la presse. En effet, le gouvernement a interdit les médias privés depuis 2001. Aucun contre pouvoir n’est possible dans le pays. Toute critique contre le régime est pénalement répréhensible car considéré comme « atteinte à la sécurité nationale ». C’est pourquoi, l’Erythrée figure actuellement à la dernière place du classement de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières derrière la Corée du Nord.
Le contrôle aux frontières est très strict. Les correspondants étrangers ne peuvent plus se rendre dans le pays. De plus, aucune sortie du territoire n’est possible sans l’accord du gouvernement. Des soldats sont postés aux frontières et n’hésitent pas à tirer sur leurs compatriotes fuyant le pays. Selon l’ONU en 2015, plus de 5000 Erythréens tentent de fuir L’Erythrée chaque mois. Ceux qui arrivent à fuir doivent ensuite subir de nombreuses ignominie en remontant l’Afrique pour pouvoir accéder à l’Europe (esclavage, viol, torture…).
Le pays reconnaît seulement quatre religions (l’église orthodoxe, l’église catholique, l’islam et l’église évangélique). Toutes autres religions pratiquées dans le pays est totalement interdite. Les « hérétiques » sont emprisonnés. A ce moment-là, ils leur restent deux choix. Soit se reconvertir soit se faire exécuter.
Depuis la fin d’année 2020, le pays se retrouve impliqué dans la guerre du Tigré. Amnesty International accuse les forces armées érythréennes de profiter de ce conflit pour violer de nombreuses femmes.
A lire aussi : Les plus grandes dictatures du monde (2/3) : Le Turkménistan, vestige de l’URSS
Les plus grandes dictatures du monde (3/3) : La Biélorussie, la dernière dictature d’Europe
Crédit : Photo par J. Kefauver and A. Hagos, USAID de Pixnio