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5 éléments pour comprendre les ambitions politiques ratées d’Eric Zemmour

Eric Zemmour, fondateur de Reconquête !, a été éliminé dès le premier tour des élections législatives dans le Var. Son mouvement n’obtiendra par ailleurs aucun siège à l’Assemblée nationale : tous ses candidats ont été éliminés dès le premier tour. Nous analysons 5 éléments permettant de comprendre cet échec.

Une première carrière de journaliste puis de polémiste

D’abord journaliste au Figaro, Eric Zemmour s’est notamment connaître en tant que polémiste avant de devenir homme politique. Passé par On n’est pas couché sur France 2 puis par iTELE (devenue CNews), il s’exprime alors sur les sujets en lien avec l’identité, l’islam, l’immigration etc. Son discours, aussi présent dans ses livres comme Le Suicide français (2014), présente la France dans un état désastreux à cause de l’insécurité et de l’immigration. Il reprend notamment la théorie du « grand remplacement » de Renaud Camus. Celle-ci affirme l’existence d’un processus de substitution de la population française par une population non-européenne, principalement originaire d’Afrique.

Eric Zemmour sur le plateau de l’émission de France 2 On n’est pas couché, 17 mars 2012

Ses propos font donc de lui une figure sujette à polémique. En 2016, dans l’émission « C à vous » il affirmait par exemple que les musulmans devaient choisir « entre l’islam et la France« . Il avait aussi ajouté que la France vivait « depuis trente ans une invasion » et que, « dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées« , se jouerait une « lutte pour islamiser un territoire« , « un djihad ». En raison de ces déclarations, il a été condamné en 2019 à 3000 euros d’amende pour « provocation à la haine raciale ».

Un candidat sans expérience politique

Après avoir publié La France n’a pas dit son dernier mot en septembre 2021, le polémiste devient officiellement candidat le 30 novembre. Il l’annonce dans une vidéo de 10 minutes publiée sur les réseaux sociaux. Eric Zemmour déclare : « Il n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle » Il ajoute : « Je me suis contenté du rôle de journaliste, d’écrivain, de Cassandre, de lanceur d’alerte. Je croyais alors qu’un politicien allait s’emparer du flambeau que je lui transmettais. […] Je suis revenu de cette illusion.« 

ll n’est plus temps de réformer la France, mais de la sauver. C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle.

Eric Zemmour, 30 novembre 2021

Mais malgré une pré-campagne très dynamique pendant laquelle il se hisse à 17% ou 18% des intentions de vote, Eric Zemmour rencontre vite de premières difficultés. Alors qu’il n’obtient que difficilement ses 500 parrainages, il peine à garder la même énergie dans les semaines qui suivent. « La mue de polémiste à candidat ne s’est pas faite » déclarait ainsi Marine Le Pen un jour avant l’officialisation de sa candidature. En plus de cela, il est aussi condamné en justice en janvier pour la troisième fois en raison de ses propos sur les mineurs isolés. Il les avait qualifiés de « voleurs« , « d’assassins » et de « violeurs« . S’il dénonçait « une condamnation idéologique et stupide« , celle-ci a renforcé les difficultés de l’ancien polémiste à rassembler pour son objectif d' »union des droites« .

En difficulté sur les grands thèmes de la campagne présidentielle

Durant la campagne, ses thèmes identitaires ne suffisent d’ailleurs pas à imposer une dynamique de long terme. Il est également en difficulté sur divers sujets dont la guerre en Ukraine. Il déclare par exemple que les réfugiés ukrainiens risquent de « déstabiliser la France« , plusieurs années après ses prises de position pro-Poutine. De plus, contrairement à la candidate RN, il n’a pas réussi à faire du pouvoir d’achat un de ses points forts.

Eric Zemmour sur Vladimir Poutine en 2014

La lourde défaite de « l’ennemi public numéro 1 »

Malgré l’engagement de ses militants sur les réseaux sociaux et lors des meetings, Eric Zemmour n’obtient que 7% des voix à l’élection présidentielle. Même s’il a beaucoup fait parler de lui,  il ne parvient donc pas à s’imposer à l’extrême droite alors que Marine Le Pen a récolté 23% des suffrages. Marion Maréchal, partie du RN pour rejoindre Reconquête !, dénonce le lendemain au micro d’Europe 1 des « caricatures et préjugés » qui ont nui au candidat et « une campagne amputée« . Elle ajoute que Zemmour « était l’ennemi public numéro 1 de cette campagne.« 

La claque des législatives

Avec 4,25% des voix sur l’ensemble du territoire, aucun député qualifié au deuxième tour et une défaite dans le Var, la défaite a été à la fois personnelle et nationale pour Éric Zemmour. Parmi les raisons de cet échec, on retrouve le refus de Marine Le Pen de s’allier avec le fondateur de Reconquête !. Ce dernier a ainsi échoué face à Philippe Lottiaux, candidat RN, qui a grignoté son électorat. Eric Zemmour a réagi hier en déclarant « Les résultats ne sont pas à la hauteur de nos attentes.« 

A cela s’ajoute le manque d’ancrage local des candidats de son jeune mouvement. « Pour des candidats de Reconquête ! comme Eric Zemmour ou Stanislas Rigault, on parle carrément de parachutages. » a ainsi expliqué le sociologue Erwan Lecoeur à France Info. Ce dernier a également insisté sur le fait que les thèmes identitaires et sécuritaires ne lui ont pas permis de parler à un électorat large. « Contrairement à Marine Le Pen, Eric Zemmour ne parle pas aux catégories populaires qui se sentent abandonnées. Lui, il parle aux gens qui se sentent concurrencés, selon lui, par une autre civilisation.« 

Contrairement à Marine Le Pen, Eric Zemmour ne parle pas aux catégories populaires qui se sentent abandonnées. Lui, il parle aux gens qui se sentent concurrencés, selon lui, par une autre civilisation.

Erwan Lecoeur, sociologue spécialiste de l’extrême droite, pour France Info

Il reste désormais à savoir comment va évoluer Reconquête !. Eric Zemmour a en effet expliqué qu’il allait continuer dans la vie politique française en évoquant « cinq années de travail« .

A lire aussi : Quels ministres pourraient ne pas conserver leur poste après le second tour des législatives ?

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