Le dernier dirigeant de l’union soviétique s’est éteint ce mardi 30 août à l’âge de 91 ans, décédé des suites d’une « grave et longue maladie » d’après la presse russe. Ce dernier a joué un rôle de premier plan dans la fin de la confrontation entre Washington et le Kremlin au début des années 90 et avait notamment été récompensé d’un prix Nobel de la paix pour cela.
Un paysan devenu leader d’un pays
Fils de paysan, Mikhaïl Gorbatchev a grandi loin de la ville. Conducteur de moissonneuse-batteuse, il se rend à Moscou pour la première fois à l’âge de 19 ans pour y suivre des études de droit à l’université. Pendant ses études, il s’engage dans le mouvement étudiant du PC, les Komsomols. De retour à Stavropol, il travaille dans cette organisation et fait une ascension rapide à travers la structure locale du Parti communiste. C’est la qu’il est remarqué par le chef du KGB, Iouri Andropov. Ce dernier fait monter Mikhaïl Gorbatchev à Moscou en 1978 où il intègre le Comité central, l’instance dirigeante du PC, avant de devenir le dernier dirigeant de l’Union soviétique. Il effectue ensuite un parcours d’apparatchik (membre de l’appareil du parti communiste russe) pour finalement devenir, le 11 mars 1985, le numéro un de l’empire soviétique.
Le tournant libéral de l’URSS
1985 marque la montée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev au sein du Parti communiste de l’Union Soviétique. Le natif de Privolnoye, qui a gravi les échelons au sein de son parti, alors tout puissant, prend les commandes du PCUS le 10 mars et annonce quelques mois plus tard, le 15 octobre, son plan de restructuration économique afin de relancer l’URSS : la Perestroïka. Il s’agit d’un ensemble de réformes visant à restructurer à la fois l’économie et l’aspect social en URSS en entamant notamment une transition vers une économie de marché et une libéralisation de l’économie. Un programme bien différent de ce qui était en place depuis des années sous le régime communiste. Dans le même temps, la « glasnost » (évoquer publiquement un sujet de discussion) qu’il a instaurée a libéré la parole et enclenché le début de la fin de la censure en URSS.
En 1987, Mikhaïl Gorbatchev souhaite que son pays s’ouvre au monde et veut également mettre fin au froid entre l’URSS et l’Occident, notamment avec les États-Unis. Un an et demi après l’explosion à la centrale nucléaire de Tchernobyl, le dirigeant soviétique prend une décision majeure et avec un impact significatif sur le déroulement de la Guerre froide. Le 8 décembre, il signe le traité d’élimination des forces nucléaires à portée intermédiaire avec le président américain Ronald Reagan. Ratifié par les deux pays en mai 1988, ce traité entre en vigueur dès le 1er juin 1988.
Le déclin de l’URSS et la chute du mur de Berlin
L’année 1989, quant à elle, marque le début de la fin pour l’URSS et Mikhaïl Gorbatchev. Le 15 février, les derniers soldats soviétiques quittent l’Afghanistan, après un conflit de près de 10 ans. Cet été là, Gorbatchev rencontre Deng Xiaoping, Président de la Commission militaire centrale du Parti Communiste Chinois, et scelle la normalisation des relations entre la Chine et l’URSS après 30 années de tensions diplomatiques. Un mois plus tard, c’est lors d’un déplacement à Bonn, en République Fédérale d’Allemagne, que Mikhaïl Gorbatchev annonce que le Mur de Berlin tombera. C’est finalement le 9 novembre que le mur installé par Nikita Khroutchev en 1961 tombe. Ce sont là les premières fissures du Rideau de fer qui apparaissent au sein de l’URSS.
Le 1er président de l’URSS
En 1990, la perte d’influence de l’URSS se poursuit et se traduit par les déclarations d’indépendance des premiers territoires soviétiques. Ce fut notamment le cas de la Lituanie, visité par Gorbatchev en début d’année. Le 14 mars, Mikhaïl Gorbatchev est élu pour un mandant de cinq ans au poste de président de l’URSS, une première au sein du régime communiste. Grâce à ses nombreux efforts pour permettre une réunification de l’Allemagne et sa participation active pour la mise en œuvre de la fin de l’URSS, le nouveau président de l’URSS reçoit le prix Nobel de la Paix le 15 octobre 1990.
La fin de l’URSS
En 1991, l’ère Gorbatchev et de l’Union Soviétique s’essouffle. Au mois de juin, Boris Eltsine est élu président de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) au suffrage universel. Il sera un héros quelques semaines plus tard lors de la tentative de putsch manqué contre Mikhaïl Gorbatchev par des communistes conservateurs, putsch dont la finalité sera la suspension du Parti communiste. Finalement, le 25 décembre, Mikhaïl Gorbatchev annonce officiellement qu’il met fin à ses fonctions de président de l’URSS. Le lendemain, c’est la fin officielle de l’URSS et la RSFSR devient la Fédération de Russie, dirigée par Boris Eltsine. Une page qui se tourne pour la Russie.
Au final, il reste de Mikhail Gorbatchev un homme respecté en Occident mais profondément haï en Russie. S’il est considéré par certains comme celui qui a permis à la liberté d’expression d’émerger, il fut pour beaucoup d’autres le responsable de l’effondrement de la seconde superpuissance mondiale et du choc économique engendré par celui-ci.