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Deter : balade bucolique sur le tournage de la fiction quotidienne de Slash

C’est jusqu’en novembre prochain que se tournent les 200 premiers épisodes de Deter, la première fiction quotidienne de Slash, diffusée sur France.TV dès le 3 octobre.

Pas loin de 25°C dehors et un sapin de Noël encore décoré à l’intérieur du foyer du lycée agricole Anjela Duval. Le tournage de la série Déter bat son plein depuis avril et les comédiens viennent de mettre en boîte les épisodes qui seront diffusés peu avant Noël. Avec cette nouvelle série en 200 épisodes de 7 minutes, le production va raconter le quotidien de jeunes qui ont fait le choix de rejoindre un lycée agricole non loin de Vitré en Bretagne. Un épisode par jour épousant le calendrier scolaire (remontés en épisode de 35 minutes le samedi) pour suivre le quotidien de Elsa, Lia, Medhi et tous les autres pensionnaires (ou non) de ce lieu unique.

Au jour de notre venue, ces comédiens (tous débutants) ont déjà mis en boîte quelques 50 épisodes et commencent à être rompus à l’exercice. Bien que nous comptions parmi les premiers journalistes à les découvrir, ils sont déjà très à l’aise en interview et font même preuve d’une incroyable maturité, eux qui ont tous entre 19 et 23 ans. Sans être une fiction documentaire sur le monde agricole, Déter a une vraie ambition de montrer un lieu qui nous concerne tous comme le rappelle Nicolas Capus (réalisateur qui va donner la couleur de la série) : « Nous qui venons de la ville, nous l’oublions mais ces agriculteurs qui travaillent durement toute l’année, sont celles et ceux qui nous nourrissent chaque jour. Ce que l’on mange, que l’on boit vient de là et c’est cette leçon que l’on retient en venant ici.« 

On le constate chaque jour, le monde agricole souffre d’un déficit de vocation. Face à la dureté du travail, ils sont peu nombreux celles et ceux qui veulent y travailler. D’ailleurs, le lieu principal du tournage qui sert de cadre au lycée Anjela Duval est un ancien lycée agricole délaissé faute d’élèves c’est dire ! Quand les équipes de production de la série ont trouvé le lieu, il a fallu le remettre en service pour qu’il soit fonctionnel comme nous le rappelle Jean-Christophe Rouot, directeur exécutif de la série : « Entre notre arrivée et le début du tournage, plus de 3 mois de travail ont été nécessaire », nous raconte-t-il. Créer les différents décors et leur donner le cachet nécessaire, cela prend du temps. Grâce à un grand tracker solaire, le site pourrait même devenir autonome en production d’énergie, un message fort envoyé.

Du côté des décors donc, comme nous l’explique le responsable de la déco, il a fallu donner une patine à chaque espace, jouant sur les contrastes de décoration : « Quand on va dans les chambres des élèves, on a cherché à caractériser immédiatement chaque dortoir, pour qu’il colle au plus près de celui ou celle qui l’occupe. La décoration y est très moderne. A l’inverse, dans le bureau du directeur Gauthier, on a presque l’impression qu’elle est restée dans son jus et qu’elle n’a pas bougé, soulignant, marquant même le poids de l’administration qui pèse sur ses épaules« . Intérieur comme extérieur, tout a été pensé pour donner de l’authenticité au lieu et y intégrer les dernières technologies en matière d’agriculture. « C’est même ce que vient chercher mon personnage ici« , comme nous le précise Yanis Khiar (Mehdi), le « geek » de la bande. On trouve même à l’extérieur une véritable serre pour la pratique de l’aquaponie créée pour les besoins de la série (une méthode de culture de poissons et de plantes dans le même système. Les déchets produits par les poissons sont utilisés comme source de nutriments par les plantes, ce qui maintient un environnement sain pour les poissons ndlr)…

A lire aussi : Un si grand soleil | Hubert Benhamdine : « Christophe va tenter de trouver la rédemption » | VL Média (vl-media.fr)

Et au fil des mois, le lycée prend vie, qu’ils s’agissent des salles de classe, de la cour, comme des bureaux de l’administration. Et comme tout lycée agricole, les élèves y apprennent à s’occuper des animaux comme des terres. Certains ont même eu la chance de s’essayer à la conduite du tracteur : « Pour certains, on a dû leur faire passer une formation pour les besoins de leur rôle« , nous précise Jean-Christophe Rouot … A l’image de Alix Dehais (Chloé) qui s’amuse beaucoup de cette case qu’elle peut cocher sur son CV : « J’ai surtout appris à parker le tracteur sans tuer personne« , plaisante-t-elle. « C’est quand même un comble, je n’ai même pas encore mon permis de conduire que je sais conduire un tracteur« . Tous les jeunes comédiens ont même été visités un vrai lycée agricole pour mieux saisir les bonnes attitudes et les bons comportements dans ces situations là.

Mais le plaisir de la narration n’a pas été oublié, il ne s’agit bien sur pas d’un documentaire mais bien d’une vraie série. Un soin tout particulier a été apporté tant dans le choix des comédiens bien sûr, mais aussi des profils des différents jeunes. On retrouve ainsi pelle mêle un jeune homme qui essaye de prendre des nouvelles d’un de ses amis disparus, une jeune femme transgenre en transition, ou une autre jeune femme qui cherche à trouver sa place dans un milieu que sa famille connaît bien. Les profils sont tous attachants et promettent des arches passionnantes car comme nous le rappelle Jean-Christophe Rouot, « ce lycée est l’arène dans laquelle évolue nos personnages mais nous n’avons pas oublié le plaisir de la fiction et chaque personnage aura une arche qui nous permettra d’en apprendre davantage sur lui ou sur elle. » Il faut dire que la narration quotidienne, l’équipe de Déter la connaît bien. Toma de Matteis, producteur historique de Un si grand soleil, est à la tête de cette nouvelle série (coproduite par Black Sheep Films), tout comme J.C Rouot qui y travaille depuis quelques années après être passé par Plus belle la vie. Ou Nicolas Capus qui a l’habitude de la réalisation sur de la fiction quotidienne. Comme d’autres séries avant, Déter constitue donc une véritable école pour tous. « Au départ la quantité de texte à apprendre pouvait nous faire peur« , raconte Romane Mondoulet (Elsa), « mais avec le temps, on s’y est fait« . Au passage, on ne peut qu’être bluffé par la très grande maturité de ces comédiennes et comédiens qui vont porter la série sur leurs jeunes épaules et qui parlent déjà de leur métier avec bien plus d’élan que certains acteurs plus « confirmés ».

Et puisqu’on parle du personnage d’Elsa, n’oublions pas le dernier lieu important de la série. En tant que fille d’agriculteur, Elsa se devait d’avoir un décor pour y retrouver sa famille. C’est non loin de là, dans un lieu-dit pas très loin de l’école que la production a trouvé la perle rare. « Nous savions qu’une production télé cherchait un décor pour un tournage et je pense qu’ils ont trouvé ce qu’il cherchait chez nous« , nous explique le propriétaire de la ferme choisie. « Notre domaine est à la fois moderne tout en ayant ce cachet nécessaire. On y trouve tout l’espace nécessaire et les infrastructures nécessaires. On a bien fait de ne pas retirer cette espace de traite des vaches, c’est tout ce dont ils avaient besoin« . Et il faut dire qu’en l’espèce, le lieu est privilégié et magnifique et correspond bien à l’agriculture moderne telle qu’on l’imagine aujourd’hui, une agriculture soucieuse de son environnement. « Nous cultivons même du blé que nous vendons à la coopérative pour en faire de l’orge qu’on récupère pour nourrir les bêtes« , nous explique la propriétaire qui a repris le domaine à ses parents. Nous sommes donc invités à faire le tour de l’exploitation, à la fois spacieuse, idéale pour garer les véhicules de production et en même temps avec le charme d’une exploitation à taille humaine, idéale pour être celle d’un personnage de série. Le chien de la famille se balade même dans tout le domaine, passant de l’enclos du cochon à la basse-cour. Il est lui totalement dans son élément !

La promesse de Deter semble donc totale et des plus intéressantes, reste à comprendre comment faire rentrer la narration d’une journée de cours et de vie des élèves dans un épisode de 7 minutes, ce qui à n’en pas douter constituera la plus grande difficulté de la série. Mais si la série y parvient, compte tenu des personnages qu’elle a réussi à créer et des acteurs qu’elle est parvenue à trouver, elle pourrait constituer une vraie alternative à d’autres feuilletons quotidiens. Rendez-vous à la rentrée donc !

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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