Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a accusé Karim Benzema d’être « en lien notoire avec les Frères musulmans ». Mais quelle est cette organisation islamiste ?
A l’origine, les Frères musulmans sont une organisation islamiste née en Egypte en 1928. Cette organisation panislamique est considérée comme terroriste par plusieurs pays (dont l’Egypte, la Russie, la Syrie,…). L’objectif était à l’époque de libérer le pays, colonie britannique, et de prendre le pouvoir en mettant en avant les valeurs de l’Islam avec la renaissance islamique et la lutte non violente contre « l’empire laïque occidentale » et « l’imitation aveugle du modèle européen » en terre d’Islam. Une organisation qui inquiète le pouvoir qui la juge violente. En 1948, les Frères musulmans vont créer une branche armée pour le mouvement de la Palestine et s’immiscent dans le conflit israélo-palestinien. Par la suite, les Frères musulmans sont interdits en Egypte et dissous, tout en gardant l’ambition d’accéder au pouvoir. Le principal objectif des Frères musulmans étant d’instaurer des républiques islamiques à la place des régimes présents dans les pays à majorité musulmane comme l’Egypte, la Lybie, la Syrie, ou encore la Tunisie. Les Frères musulmans s’opposent ainsi au courant laïque et préconisent un retour aux préceptes du Coran, impliquant un rejet des influences occidentales.
Pour le géopolitique Fréderic Encel, « les wahabites considèrent les Frères musulmans comme des concurrents théologiques redoutables. Sur le fond, ils sont proches, favorables à l’application stricte de la charia, à l’exclusion des femmes, hostiles aux Juifs et à l’Occident. »
En 1984, les Frères musulmans sont reconnus comme une organisation religieuse. Ceci leur permet d’être candidat à la présidentielle. En 2012, c’est la consécration pour l’organisation avec la victoire de Mohamed Morsi. Une vague de manifestations et de contestations sévit dans le pays. Un an plus tard, Mohamed Morsi est renversé par le militaire Abdel Fattah al-Sissi qui prend sa succession.
Les 10 et 12 décembre prochain, l’Egypte doit élire son nouveau président. De son côté, l’opposition islamiste (principalement les Frères musulmans) est interdite, ses partisans tués, emprisonnés ou exilés sont aussi interdits de débat public.
Darmanin accuse Benzema d’être « en lien notoire avec les Frères musulmans »
Dans ses propos, Darmanin accuse notamment le fait que le joueur refuse de chanter la Marseillaise lors de ses sélections en équipe de France ou encore son « prosélytisme sur les réseaux sociaux autour du culte musulman, comme le jeûne, la prière, le pèlerinage à la Mecque » et son « soutien à la publication du combattant Russe de MMA Khabib Nurmagomedov, véritable appel à la haine à la suite de publication de caricatures du prophète Mahomet dans la presse française ». Il a de plus constaté le silence du joueur sur la mort du professeur d’Arras. Des accusations démenties par l’avocat de Karim Benzema, « Ceci est faux ! Karim Benzema n’a jamais eu la moindre relation avec cette organisation« , a réagi Maître Hugues Vigier. « Il a d’ailleurs choisi de vivre en Arabie, qui a décrété ladite organisation, terroriste, ce qui n’a jamais été fait en France ». Selon lui, « nous assistons une fois de plus à une instrumentalisation intolérable de Karim Benzema et de la ‘figure symbolique’ qu’on se plaît à lui attribuer« .
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Jean-Luc Mélenchon a lui décidé de soutenir le joueur d’Al-Ittihad dans un tweet. « Je ne vous connais pas et je ne sais rien du foot. Mais le gouvernement et ses amis ont choisi de vous diaboliser. Ils vous traitent de ‘français de papier’. Avec de tels ennemis qui parlent avec de tels mots vous devez être une personne remarquable, sans haine ethnique ou religieuse. Je sais que la France appartient à tout ceux qui la choisissent. Ceux qui nous insultent ne la méritent pas », a-t-il déclaré.