Lors d’un crime, la mort de la victime est souvent au centre des questions. Parfois, la mort est mise en scène. Pour déterminer la mort et retrouver le meurtrier l’autopsie est nécessaire.
Que serait une enquête judiciaire pour une scène de crime sans la médecine ? Pas grand chose quand on sait que le corps des morts révèle souvent plus que les mots. Pour déterminer la cause d’une mort lors d’un crime, il faut obligatoirement passer par l’autopsie. Cependant, pratiquer une autopsie sur un défunt requiert plusieurs autorisations et il n’est pas toujours évident de déterminer la cause d’un décès…
Quand l’autopsie est-elle obligatoire ?
Le crime peut se dissimuler sous les masques les plus divers : une mort naturelle, un accident, un suicide. Le doute doit habiter le médecin légiste, mais aussi le magistrat et enfin le policier. Trois types de décès concernent l’obligation d’une autopsie médico-légale :
–La mort violente, causée par un accident, un crime ou encore un suicide.
–Une mort suspecte : la découverte d’un corps dans des conditions particulières (ex : décès d’une jeune femme dans une traboule, sujet désocialisé retrouvé dans un squat,…) déclenche la mise en route de la procédure pénale.
–La mort subite : on entend par mort subite tout décès qui survient de manière inattendue contre toute attente dans un délai inférieur à 24 heures classiquement, entre la date d’apparition des premiers symptômes et le décès en lui-même.
Comment éclaircir les zones d’ombres lors d’un décès ?
Un simple décès peut se révéler être une scène de crime. Pour cela, seul le corps peut le révéler. Les enquêteurs font alors appel à des médecins légistes qui vont pratiquer une autopsie du corps.
L’autopsie médico-légale est principalement réglementée par le Code de procédure pénale et le Code civil. Elle a pour objectif de déterminer la cause du décès, de rechercher l’implication d’un tiers dans sa survenue et parfois d’identifier la victime. Pour éclaircir une potentielle scène de crime, il est essentiel pour les médecins légistes de déterminer le moment du décès (l’heure, le jour) car cet élément peut être crucial pour faire avancer l’enquête. Un autre éléments essentiel pour déterminer le décès, c’est l’identité du défunt. Cela permet aux enquêteurs de retrouver les personnes qui auraient vu la victime dans les dernières heures suivant sa mort.
C’est un point déterminant pour remonter jusqu’à l’assassin. Enfin, au cours de l’enquête, des suppositions sont émises sur les causes de la mort. Par exemple, lors d’une noyade, on passe par toutes sortes d’hypothèses : est-ce-que la victime s’est véritablement noyée ? Est-ce qu’elle a été maintenue par force sous l’eau ? A t’elle été tuée avant d’être jetée à l’eau ?
Comment se déroule une autopsie médico-légale ?
Lors d’une affaire sur un crime, le médecin légiste en charge de l’autopsie et l’enquêteur chargé de l’affaire ou bien le Procureur de la République travaillent en étroite collaboration. Le but pour le médecin légiste va être de recueillir un maximum d’informations concernant l’affaire (date et heure de découverte, circonstances, environnement, informations de police technique et scientifique, antécédents médicaux et cliniques etc.). Ces éléments sont essentiels pour réaliser une autopsie efficace.
L’autopsie d’un cadavre est très réglementée. Elle doit se faire le plus rapidement possible après la constatation de la mort pour éviter les phénomènes d’altération des tissus. Elle doit toujours être complète et systématique pour ne manquer aucun élément déterminant. Chaque organe est analysé dans son environnement puis séparément quelle que soit la cause de la mort.
L’autopsie comprend deux étapes : l’examen externe et l’examen interne.
L’examen externe
Le médecin légiste va effectuer la première partie de l’autopsie lors de la découverte du corps sur les lieux du crime.
Le médecin peut demander à réaliser une radiographie s’il le juge nécessaire. Grâce à cela, le médecin va pouvoir identifier et localiser des fractures, une réformation de l’os après une fracture ou des liaisons osseuses spécifiques. On se penche sur ces éléments dans les cas de violences et de maltraitances. La radio va servir aussi à rechercher ou localiser un projectile balistiques pour connaître sa trajectoire dans le corps et s’il s’est fragmenté. Enfin, cela va également permettre au médecin légiste d’identifier une personne si celle-ci porte des appareils spécifiques comme une prothèse, un pacemaker etc. La radio va également permettre de déterminer l’âge de la victime grâce à ses os.
Des analyses toxicologiques peuvent aussi être réalisées si l’on suspecte une mort par empoisonnement par exemple. Pour cela, le médecin légiste demande une analyse des cheveux de la victime. En effet, notre masse capillaire cache bien des secrets sur notre historique toxicologique. Les cheveux se conservent très bien. Il est même possible de réaliser des examens toxicologiques sur des cheveux de cadavre datant de plusieurs années.
L’examen interne
Il peut arriver que l’examen externe ne révèle pas tout. Le corps peut ne pas avoir de traces apparentes. Pour percer les secrets du défunt, le médecin légiste va procéder à des incisions profondes à l’aide d’un scalpel, qu’on appelle aussi des « crevées ». Cet acte médico-légal s’exerce au niveau des masses musculaires, c’est-à-dire le dos, les bras, les cuises, les mollets et les fesses. En faisant cela, les zones ecchymotiques sous-cutanées et/ou intramusculaires vont être mises en évidences. Le médecin pourra alors voir s’il y a eu des empoignements, des strangulations, des coups, de la lutte ou autre.
Le médecin se penche ensuite sur les organes, puis sur les voies aériennes et la boîte crânienne.
Le rapport d’autopsie
Une fois l’autopsie terminée, le médecin légiste transmet son rapport au magistrat chargé de l’enquête. Les proches du défunt peuvent solliciter l’accès à ce rapport auprès du juge. En application des articles 11 et 166 du Code de procédure pénale, les médecins légistes ne peuvent pas communiquer à des tiers les conclusions de leur rapport. Les rapports d’autopsies médico-légale menées conditionnent la réussite de nombreux procès.
Bruno Frémont, un médecin légiste connu pour être le légiste des poilus admet : «Accidents de la route, pendaisons… Il faut être un peu dingo pour aimer ça.». Des « dingos » qui sont essentiels pour apporter aux familles des réponses.