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5 éléments pour comprendre … l’affaire Simone Weber

Surnommée « la diabolique de Nancy », Simone Weber a été condamnée en 1991 à 20 ans de prison pour avoir découpé en morceaux son amant. Libérée en 1999, elle a toujours nié. Mais qui était-elle ? Quels sont les faits de cette affaire ?

Simone Weber a défrayé la chronique judiciaire dans les années 80-90. Accusée du meurtre de son compagnon Bernard Hettier, elle a toujours nié sa culpabilité. Condamnée à 20 ans de prison pour ce meurtre, elle avait en revanche été acquittée de celui de son deuxième époux, Marcel Fixard. Celle que l’on surnommé « la diabolique de Nancy » est morte le 11 avril 2024 à l’âge de 93 ans, à Cannes dans les Alpes-Maritimes.

Paranoïa et mythomanie

Simone Weber, originaire de la Meuse est sans diplômes. Cette mère de cinq enfants se sépare de son mari alcoolique et enchaîne les petits boulots pour subvenir à leur besoins. Deux de ses enfants meurent assez jeunes, ce qui la fait sombrer dans la mythomane et la paranoïa.

En 1977, elle rencontre Marcel Fixard, qui l’engage comme dame de compagnie, à la suite d’une petite annonce parue dans la presse. Simone Weber coule sous les dettes et répond à l’annonce alors qu’elle ne correspond pas au profil recherché (elle se fait passer pour une divorcée sans enfant, professeur de philosophie à la retraite), et obtient le poste. Elle « épouse » Marcel Fixard en organisant un faux mariage. Pour se faire, elle demande à un figurant de se faire passer pour lui et l’a épousé dans la plus stricte intimité à la mairie de Strasbourg le 22 avril 1980.

Simone Weber ou « La bonne dame de Nancy »

Quelque chose cloche. Marcel Fixard meurt brusquement trois semaines après ce faux mariage. L’enquête prouve qu’il n’est pas l’homme qui s’est présenté le jour du mariage, et qu’il ignorait donc qu’il était marié. Simone Weber est à présent veuve de Marcel Fixard. Ce militaire à la retraite est veuf et sans enfant, une aubaine donc pour toutes questions d’héritage.

Marcel Fixard, la supposée première victime de Simone Weber.

À l’ouverture du testament, Weber apprend qu’elle n’est pas l’héritière. Elle fabrique donc un faux testament, postérieur, qu’elle présente au notaire, pouvant ainsi bénéficier de l’héritage. Elle s’installe dans sa maison de Rosières-aux-Salines, situé à quinze kilomètres de Nancy.

Le juge d’instruction, Gilbert Thiel reste persuadé, sans le prouver, que Simone Weber a empoisonné Marcel Fixard, pour récupérer son héritage. L’arme du crime serait selon lui de la digitaline qu’elle s’est procurée au moyen d’une fausse ordonnance. De là, le doute s’installe sur ce mystérieux personnage. Celle que l’on appelle « la bonne dame de Nancy » deviendra « la diabolique de Nancy ».

Simone Weber, une femme aux deux visages

Apparence soignée, regard perçant et manteau en fourrure, elle a tout d’une bourgeoise de province. À première vue, ce n’est pas celle que l’on accuserait de meurtre. Pourtant, Simone Weber se serait retrouvée prise au piège d’une folie amoureuse.

Une femme, calme, de coeur et respectable, c’est ainsi qu’elle se présente. Pourtant, elle a écrit des lettres incendiaires et menaçantes à Bernard Hettier, un ouvrier de l’industrie chimique. L’amour qu’elle lui portait semblait petit à petit dévoiler la face cachée de Simone, une femme en proie à la passion. La jalousie aurait donc pris le dessus, poussant Simone à commettre l’irréparable.

Le cas Bernard Hettier

L’histoire entre Simone et Bertrand s’apparente à un mauvais film romantique. Bernard était un ouvrier résidant à Maxéville, à côté de Nancy, dans l’Est de la France. Simone semblait avoir développé une obsession pour cet homme. Si elle « n’a jamais été sa maîtresse, ils n’ont jamais été un couple, ils n’ont jamais vécu ensemble non plus » selon Patricia Hattier, la fille de Bertrand Hattier, les deux quinquagénaires se fréquentaient.

Bernard Hattier, l’ex-amant de Simone Weber.

Le 15 septembre 1985, à près de 350 kilomètres de Maxéville, un pêcheur retrouve un tronc humain à hauteur de Poincy (Seine-et-Marne) dans un bras mort de la rivière. Enveloppé dans du plastique, il se trouve dans une valise lestée d’un parpaing. Rien ne permet d’identifier formellement Bernard Hettier, mais l’âge du corps et le groupe sanguin pourraient correspondre au quinquagénaire. Surtout, Patricia reconnaît la valise dans laquelle se trouve le tronc, car c’est celle de son père. Le parpaing qui lestait la valise « correspondait à la peinture de la maison de Rosières-aux-Salines », qui appartenait à Simone Weber.

S’il y a peu d’indices dans cette affaire, ils convergent tous vers Simone Weber. La voiture de Bernard Hettier, introuvable depuis sa disparition, est découverte à Cannes dans un garage loué par Madeleine, la soeur de Simone Weber. Le faux certificat médical envoyé à l’employeur de la victime a été écrit en réalité au gendre de Simone Weber par un vrai médecin. La veille de la disparition de Bernard Hettier, Simone Weber a loué une meuleuse à béton, qu’elle n’a jamais rendue. L’outil est finalement retrouvé dans le coffre de sa voiture et présente des traces de sang, avec un morceau de chair sur un des disques. Tout semble conduire les enquêteurs à Simone Weber. Elle sera arrêté avec sa soeur le 8 novembre 1985, sur décision du juge Thiel. Le procès débute en 1991.

La reine de la défense

L’affaire Simone Weber a notamment pris un gros tournant médiatique à cause de la personnalité virulente de l’accusée. Madame Weber était en effet la reine de la défense, notamment face au juge d’instruction, Gilbert Thiel.

Le juge Gilbert Thiel (à droite) lors des fouilles d’un ossuaires pour retrouver les ossements de Marcel Fixart.

En tout, elle aura eu 25 avocats successifs. Elle n’a cessé de clamer son innocence. Le conseil nancéien se souvient d’une « cliente particulièrement attachante, qui ne manquait pas de verve pour exprimer une défense ardente et infatigable« .

Pour l’accusation, Simone Weber avait coupé la tête et les membres de la victime avec une meuleuse à béton, immédiatement après l’avoir tué dans son appartement de Nancy. Les jurés n’avaient pas retenu la préméditation pour le meurtre de Bernard Hettier. Ils l’avaient en revanche acquittée de l’empoisonnement de son deuxième époux, Marcel Fixard.

Cependant, Madame Weber n’a jamais avoué être l’autrice de ce crime. Elle « niait l’évidence », avec elle, « blanc, c’était noir », soupire Me Welzer, qui se souvient du « culot extraordinaire » mais aussi de la « présence » de Simone Weber dans le box : « on n’aurait pas cru qu’elle était accusée ».

En 2016, Simone Weber a réagit à la diffusion d’un téléfilm consacré à son affaire. «Une ignominie impensable», a-t-elle évoqué. «Je suis le contraire de cette femme aux manières ordurières que l’on voit à l’écran», avait-elle protesté.

La justice l’a finalement condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre et le démembrement, avec une meuleuse à béton, de son ancien amant. Libérée en 1999, elle est ensuite partie vivre à Cannes auprès de sa soeur avant d’intégrer une maison de retraite.

Aujourd’hui encore, le mystère autour de ce meurtre plane toujours. Simone Weber n’a jamais avoué et a jonglé avec la vérité jusqu’à sa mort.

À lire aussi : 5 éléments pour comprendre… l’affaire Jacques Rançon

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