Alors que le roi Charles III accueille le président français Emmanuel Macron au château de Windsor pour une visite d’État du 8 au 10 juillet. Une question revient… Quelle est la véritable place de la famille royale dans la diplomatie du Royaume-Uni ?
Une Monarchie qui règne sans gouverner
La monarchie britannique n’a pas de pouvoir exécutif réel depuis des décennies. Ce glissement du pouvoir monarchique vers une démocratie parlementaire a commencé au XVIIe siècle avec la Glorieuse Révolution, qui a vu l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. Depuis, le roi ou la reine ne fait qu’exercer un rôle symbolique, « au nom du peuple« , mais sans autorité politique directe.
Constitutionnellement, le monarque « conseille, avertit et encourage« . Cela signifie qu’il ou elle peut donner un avis lors des audiences privées avec le Premier ministre, mais cet avis n’a aucun caractère contraignant. Toutes les décisions relèvent du gouvernement élu.
Même les discours publics, comme les « toasts » lors des dîners d’État ou les prises de parole lors des événements internationaux, sont encadrés et souvent co-écrits avec le ministère des Affaires étrangères. Le roi signe les lois, mais uniquement parce que le Parlement les a votées.
Charles III, un diplomate sans pouvoir
Charles III, comme ses prédécesseurs avant lui, joue un rôle dans la diplomatie dite du soft power. Lors des visites d’État, comme celle d’Emmanuel Macron en ce mois de juillet, il sert de figure d’unité, de représentation, de tradition. Son rôle est de « mettre de l’huile dans les rouages de la diplomatie britannique« , selon l’historien Ed Owens. Il accueille, dîne, salue et incarne une forme de symbole britannique. Toutefois, il ne décide rien.
L’ exemple même de cette visite montre les limites de son influence. C’est le gouvernement britannique qui décide quels chefs d’État inviter, et à quel moment. Le roi se contente de signer les invitations et d’accueillir les hôtes. Il ne participe ni aux négociations politiques, ni aux décisions stratégiques sur la défense, l’immigration ou le nucléaire. Ces sujets seront traités, lors du sommet entre gouvernements, loin des fastes de Windsor et du roi.
Une institution de plus en plus questionnée
Si Charles III parle couramment français, ce qui lui donne un avantage dans ses échanges avec Emmanuel Macron, il doit néanmoins veiller à rester neutre. Depuis son accession au trône, il s’efforce de garder une posture plus mesurée, conscient des limites de son rôle.

Pour autant, le soutien à la monarchie s’effrite, surtout chez les jeunes. Aujourd’hui, 30% des Britanniques se disent favorables à son abolition, contre 20% il y a dix ans. La jeunesse, confrontée à une crise économique et sociale, perçoit la monarchie comme un vestige coûteux d’un autre temps. Si le roi veut préserver l’institution, il doit convaincre de sa modernité, tout en se contentant d’un rôle décoratif.