Sur TikTok, une nouvelle tendance séduit des milliers d’utilisateurs : le « princess treatment », ou l’art de traiter sa partenaire comme une reine. Entre romantisme assumé et stéréotypes genrés, ce phénomène fait débat.
La femme comme princesse
Sur TikTok, le phénomène du princess treatment se traduit par des mises en scène où l’homme prend en charge tous les aspects du quotidien, élevant ainsi sa compagne au rang de princesse. Plutôt que de simplement lui ouvrir une porte ou lui offrir un bouquet de fleurs, ces vidéos mettent en scène des situations bien plus démonstratives : l’homme gare la voiture juste devant l’entrée du supermarché lorsqu’il pleut, commande tous les plats au restaurant pendant que sa partenaire reste silencieuse, ou répond avec empressement au moindre de ses désirs.
L’expression est volontairement théâtrale : elle oppose ce que certains appellent le « bare minimum » (respect, attention, communication de base) à un univers quasi féérique où chaque geste devient une preuve spectaculaire d’amour et de dévotion. Certains utilisateurs de TikTok en font même un jeu ou une mise à l’épreuve, testant leur partenaire sur sa capacité à distinguer les gestes de base de ceux relevant du véritable « traitement de princesse ».
Des influenceuses populaires ont largement contribué à populariser cette tendance, en montrant des exemples quotidiens de leur vie de « princesse moderne ». L’une d’elles, par exemple, recommande de ne pas parler au personnel dans les restaurants, de ne jamais ouvrir la porte soi-même, et de laisser son compagnon tout faire — au nom d’une certaine vision de la féminité, douce, passive et admirée.
Une tendance aux conséquences dangereuses
Ce modèle suscite évidemment des réactions contrastées. Pour certains, il s’agit d’un fantasme romantique, une forme de jeu de rôle où l’homme exprime son amour par des attentions constantes, tandis que la femme accepte avec grâce ce dévouement. Dans cette optique, le princess treatment est vu comme une manière ludique de renforcer l’intimité dans le couple, une dynamique qui, bien que codifiée, peut convenir à certains dès lors qu’elle est choisie librement et vécue avec plaisir.
Mais pour d’autres, cette tendance est plus problématique. Elle ravive des stéréotypes genrés qui semblaient dépassés : l’homme actif, responsable de tout, et la femme douce, silencieuse, dépendante. En mettant en scène des femmes qui ne prennent aucune initiative, qui ne parlent pas au serveur, qui ne se lèvent pas pour ouvrir une porte, qui ne font aucun choix, on valorise une passivité féminine associée à un idéal patriarcal d’obéissance et de fragilité. Cette dynamique peut aussi générer une pression sur les hommes, sommés d’en faire toujours plus pour prouver leur amour, dans une logique quasi marchande où la valeur d’une relation se mesure à la générosité matérielle. Derrière le vernis glamour, le princess treatment soulève ainsi de vraies questions sur l’équilibre des rôles au sein du couple.