Adopté cette semaine par l’Assemblée nationale, le « congé de naissance » s’ajoute aux congés déjà existants. Qui pourra en bénéficier ? Comment sera-t-il financé ? Et surtout, qu’est-ce que cela change vraiment pour les parents ? On vous décrypte cette nouvelle mesure.
L’Assemblée nationale a voté la création d’un nouveau dispositif : le « congé naissance ». Cette mesure qui devrait entrer en vigueur en janvier prochain. Elle vise à compléter les congés déjà existants pour les parents avec une indemnisation avantageuse. On vous explique
Concrètement, comment va-t-il fonctionner ?
Grâce à ce nouveau congé, tel qu’il a été voté, les parents pourraient passer jusqu’à quatre mois auprès de leur nouveau-né. En effet, le congé naissance correspond à un ou deux mois au choix. Les deux mois peuvent aussi être fractionnés en deux fois un mois. Les deux parents peuvent y prétendre, soit ensemble, soit en alternance. En résumé, si les deux parents utilisent ce congé, chacun deux mois et séparément, alors ils obtiendront à eux deux… quatre mois de congé. Une bonne nouvelle pour tous les jeunes parents, dans un avenir proche.
La date d’entrée en vigueur de ce congé naissance a suscité un vrai débat. Si le texte initial prévoyait une application pour les enfants nés ou adoptés à partir de juillet 2027, un amendement porté par Sarah Legrain (LFI) a finalement avancé cette échéance au 1ᵉʳ janvier 2026.
Le montant des indemnités pour ce congé doit encore être confirmé. Mais le gouvernement promet une rémunération à hauteur de 70% du salaire pour le premier mois et 60% du salaire net pour le second. Pour Jean-Philippe Vallat de l’Union nationale des associations familiales (UNAF) : « Ce sont des conditions d’indemnisation qui sont assez favorables. Cela peut séduire et donner envie à pas mal de parents de rester deux mois chacun avec leur bébé »« .
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Est-ce que ça change les congés parentaux habituels ?
Ce nouveau congé naissance n’affecte en rien les congés parentaux que l’on a connus jusqu’ici. Le congé parental peut toujours être pris jusqu’à trois ans. Il permet de rester auprès de son enfant avant son entrée à l’école, en touchant une indemnité de 400 euros par mois. Cependant, il n’est pas impossible que celui-ci subissent des « travaux de réforme » prochainement. Les congés maternité et paternité ne sont pas impactés avec cette nouvelle mesure. Ils sont toujours applicables à la naissance de l’enfant.
Pour rappel, le congé maternité est de 16 semaines (6 avant et 10 après l’accouchement) pour un premier ou deuxième enfant, et jusqu’à 26 semaines s’il s’agit d’un troisième enfant ou plus. Le congé paternité et d’accueil de l’enfant dure 28 jours dont 7 obligatoires. Les 25 jours restants sont indemnisés par la Sécurité sociale.
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Le financement de ce congé naissance
Reste la grande question : qui va payer ce nouveau congé de naissance ? Pour le financer, le gouvernement évoque une redistribution de certaines allocations familiales. Par exemple, il est envisagé de décaler de 14 à 18 ans l’âge auquel les parents touchent aujourd’hui une majoration des allocations. Concrètement, les familles avec ados de 14 ans, recevraient leur aide plus tard, ce qui permettrait d’économiser environ 200 millions d’euros. Problème : le congé coûterait plutôt 300 millions dès la première année, d’après la ministre Aurore Bergé, en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Et cette solution ne passe pas pour tout le monde. La députée écologiste Marie-Charlotte Garin a confié à l’AFP : « J’ai un vrai problème avec le fait qu’on prenne de l’argent aux parents d’enfants grands pour financer un droit pour des parents d’enfants petits ». Un financement encore flou pour le moment, et qui arrive en plus en plein débat sur le budget 2026.
Congé supplémentaire de naissance : Les députés adoptent des amendements de @DelphLingemann et @S_Legrain visant à permettre le fractionnement du congé en deux périodes d'un mois. L'un des deux mois ne pourra pas être pris en même temps par les deux parents.#PLFSS2026 #DirectAN pic.twitter.com/1UEeT2Idk7
— LCP (@LCP) November 12, 2025
Emmanuel Macron évoque un « réarmement démographique » qui explique la mise en place de ce congé naissance. En effet, le taux de natalité ne cesse de diminuer d’année en année en France. L’idée est donc d’inciter les couples à devenir parent, en leur accordant de meilleurs droits. Mais ce n’est pas la seule volonté du gouvernement derrière cette mesure. En effet, il s’agit aussi de rééquilibrer les tâches parentales et soulager le rôle de la mère après l’accouchement. Pour répondre à cet objectif, un amendement prévoit « qu’au moins un mois du congé » sur les deux autorisés soit pris séparément de l’autre parent.