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Vu à la télé : Narcos – Saison 1 (Netflix)

Avant l’arrivée de la deuxième saison le 2 Septembre sur Netflix, nous revenons sur la saison 1 de Narcos. Il n’est pas trop tard pour une séance de rattrapage.

C’est quoi, Narcos ? A la fin des années 1970, le colombien Pablo Escobar (Wagner Moura), riche contrebandier, est approché par un trafiquant de drogue chilien qui compte sur ses réseaux pour écouler sa marchandise en Amérique du Sud. Mais Escobar voit plus grand, et ambitionne de prendre en charge le trafic de la production à la distribution et d’étendre le marché aux Etats-Unis. Le commerce s’avère vite lucratif, et les répercussions socio-économiques de l’afflux de cocaïne incitent les autorités américaines à réagir. L’agent de la DEA Steve Murphy (Boyd Holbrook), part alors en Colombie pour faire équipe avec un agent local, Javier Peña (Pedro Pascal) au sein d’une unité chargée d’endiguer le trafic et de neutraliser Escobar. [youtube id= »glPJZZXUGAM »]

Quand on veut évoquer Narcos, on parle souvent de LA série sur Pablo Escobar – ce qui ne lui rend pas justice, car elle va plus loin. Escobar est déjà apparu à plusieurs reprises sur le grand et le petit écran (notamment dans une télénovela, Le Patron du Mal), et un nouveau biopic n’était pas indispensable. Très intelligemment, Narcos ne se contente pas de broder autour du célèbre narcotrafiquant, et dresse un panorama plus général de la criminalité en Amérique du Sud dans les années 1980. Pablo Escobar régnant sans partage sur le trafic de drogue, il est logique qu’il soit au centre du récit, mais Narcos dépeint surtout la montée en puissance des cartels, leur action aux Etats-Unis, et les conséquences du phénomène au niveau local, national et international.

Pour ce faire, la série adopte alternativement trois points de vue distincts : un regard extérieur et neutre qui raconte les événements, le recours aux images d’archive pour illustrer les faits bruts, et la voix off de l’agent Murphy. Ce dernier procédé implique le spectateur, par exemple grâce à l’adresse directe et à la subjectivité des commentaires, personnels et volontiers ironiques. On pourrait craindre une impression d’artificialité ; tout au contraire, ce regard subjectif fonctionne remarquablement bien et sert d’ossature à un récit dont le personnage connaît déjà le dénouement.

Peña et Murphy, à la poursuite d’Escobar

Peña et Murphy, à la poursuite d’Escobar

Exempte de manichéisme, Narcos n’érige pas Escobar en figure du Mal absolu, pas plus qu’elle ne glorifie les Etats-Unis. Escobar y est à la fois le monstre qu’on imagine – ambitieux, impitoyable et sanguinaire – mais c’est aussi un père de famille affectueux et une personnalité éminemment respectée par la population locale pour ses actions en faveur des défavorisés. Les motivations et les menées des Américains sont largement critiquées (par exemple dans leur soutien au dictateur chilien Pinochet), et la série a l’immense vertu de rappeler que les policiers et politiciens Colombiens furent en première ligne dans la lutte contre Escobar.

Bien équilibrée, Narcos entremêle scènes d’action, séquences plus intimistes sur la vie privée de ses protagonistes et images d’archives, pour un résultat dynamique, prenant du début à la fin. Ou quasiment : le pilote, bien que passionnant, privilégie une mise en place qui se rapproche parfois du documentaire, mais la série entre ensuite dans le vif du sujet et trouve rapidement son rythme, trépident et sans temps mort.  Il faut dire qu’elle est servie par la réalisation, classique mais spectaculaire, de José Padilha. Avec des films comme Bus 174 ou les deux volets de Troupes d’Elite, le Brésilien a démontré qu’il maîtrisait parfaitement l’alternance entre action, psychologie des personnages et contexte social. La mise en image musclée et immersive (avec par exemple un fréquent recours au travelling avant), une photographie soignée jouant remarquablement sur les palettes de couleurs, la reconstitution de l’époque et le bilinguisme des dialogues (qui permet aussi à Netflix de viser le public hispanophone) parachèvent l’illusion pour donner à Narcos un réalisme saisissant. Et on peut dire que, vraiment, la réalité dépasse la fiction…

A noter : Murphy et Peña  sont de vrais agents de la DEA, que les acteurs ont rencontrés pour préparer leurs rôles. Boyd Holbrook et Pedro Pascal (Le Oberyn Martell de Game of Thrones) sont par conséquent très convaincants, et leur duo rappelle par moment celui formé par McConaughey et Harrelson dans la saison 1 de True Detective : Murphy est plus introverti et plus sombre que Peña,  grande gu.. rebelle pour qui la fin justifie les moyens, et qui n’hésite donc pas à contourner le règlement. Il se justifie ainsi, dans un des derniers épisodes, en expliquant : « Je n’ai qu’un seul objectif : capturer Escobar. »

Wagner Moura, excellent Pablo Escobar

Wagner Moura, excellent Pablo Escobar

Escobar, justement, est interprété par un Wagner Moura bluffant, qui incarne parfaitement un personnage  charismatique aux multiples facettes. Signalons toutefois que l’acteur brésilien a beaucoup été critiqué en Amérique du Sud… à cause de son accent ! Plus généralement, la série a suscité de nombreuses critiques de la part des Colombiens, lassés de voir leur pays associé à Escobar, et qui ont souvent jugé le récit caricatural. Narcos a pourtant rencontré un grand succès ailleurs : décidément, après le tollé soulevé en France par Marseille (et notamment, là encore, pour une histoire d’accent…), Netflix découvre à ses dépens la justesse de l’adage selon lequel nul n’est prophète en son pays.

En 10 épisodes, Narcos se révèle vite addictive, et on a envie d’enchaîner les épisodes, comme on regarderait un long film plutôt qu’une série. Si elle ne s’affranchit pas tout à fait de la figure d’Escobar, elle pose avec le personnage de Murphy un contrepoint crédible. Série passionnante et maîtrisée, aussi riche en scènes d’action que par le tableau qu’elle dresse du trafic de drogues, c’est en tous cas une vraie réussite, et on attend avec impatience une saison 2 sûrement tout aussi intéressante et agitée, étant donné le sort qu’a connu Escobar. Attention, vous êtes prévenus : on devient vite accro à Narcos… 

Narcos (Saison 1) : 10 épisodes de 55 minutes environ – disponible en DVD le 31 Août.

Saison 2 disponible sur Netflix à partir du 2 Septembre.

Crédit photos : Netflix

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