Alexey Navalny, opposant à Vladimir Poutine aurait soutiré des aveux et des informations à un agent du FSB impliqué dans son empoisonnement
L’histoire digne du Bureau des Légendes continue. L’ennemi juré de Vladimir Poutine et du Kremlin, Alexey Navalny a annoncé avoir piégé un agent des services de sécurité russes (FSB) qui aurait participé à son empoisonnement. Il a publié sur son blog personnel une vidéo contenant l’enregistrement de la conversation avec un dénommé Konstantin Koudriavtsev, présenté comme un expert des armes chimiques du FSB. L’opposant se serait fait passer pour un assistant du Secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev. Il explique avoir utilisé un artifice permettant de falsifier son numéro de téléphone.
Konstantin Koudriavtsev révèle alors que le poison ayant visé Alexey Navalny avait été déposé à l’intérieur de ses sous-vêtements. Alexey Navalny s’était senti mal lors d’un vol le ramenant de Tomsk, en Sibérie, à Moscou. Le commandant de bord avait alors décidé d’atterrir à Omsk pour permettre sa prise en charge. « S’il avait volé un peu plus longtemps (…) peut-être que tout se serait déroulé autrement » affirme le prétendu agent du FSB sur la vidéo.
« Toute expertise vocale démontrera qu’il s’agit bien » de Konstantin Koudriavtsev au téléphone affirme Alexey Navalny sans apporter néanmoins de preuve de l’identité de son interlocuteur. Celui-ci affirme avoir uniquement détruit les preuves après l’empoisonnement.
Le FSB et le Kremlin ripostent
Un communiqué du FSB, cité par les agences de presse russes, dénonce « une falsification » en ajoutant que la « prétendue ‘enquête' » de A. Navalny constituait « une provocation planifiée ». Pour les services de sécurité, cette opération nécessitait le « soutien technique et organisationnel de services spéciaux étrangers ».
Le gouvernement russe — qui dément depuis le début que l’opposant ait été empoisonné le 20 août dernier à Tomsk — affirme qu’aucune substance neurotoxique ne s’est trouvée dans son organisme. Des laboratoires occidentaux, au contraire, ont confirmé la présence de Novitchok lors de son hospitalisation en Allemagne.
Lioubov Sobol, une proche de l’opposant, a été arrêtée devant l’immeuble du présumé agent du FSB. Elle avait diffusé sa propre interpellation sur son compte Twitter, celui-ci avait servi à la publication de l’adresse de Konstantin Koudriavtsev.
L’opposant dit avoir obtenu le numéro de téléphone de l’agent via le site d’investigation anglais Bellingcat, qui a publié le 14 décembre, avec plusieurs médias, une enquête disant identifier huit agents du FSB, dont Konstantin Koudriavtsev, impliqués dans une filature de l’opposant depuis des années. Alexey Navalny indique qu’il a appelé les huit agents, sans succès, avant de réussir à avoir une conversation avec Konstantin Koudriavtsev.
Vladimir Poutine avait laissé entendre le 17 décembre qu’Alexey Navalny était surveillé, mais avait démenti tout empoisonnement, estimant qu’il serait mort si des agents avaient voulu le tuer.