Le 16 février, la justice américaine a enjoint Apple de développer un logiciel permettant aux enquêteurs d’accéder aux données personnelles de Syed Farook, l’un des deux auteurs de l’attentat perpétré à San Bernardino en décembre dernier. Apple a refusé d’obtempérer, marquant par là une nouvelle étape dans l’éternel débat sur la protection des données personnelles.
La recherche d’un équilibre subtil entre les libertés publiques et la protection des populations par les autorités publiques : voilà la problématique qui sous-tend le combat juridique auquel se livrent depuis le 16 février le FBI et Tim Cook, le patron d’Apple.
Contourner le verrouillage des données
Les juges ont en effet ordonné au géant Apple, le 16 février, de coopérer dans le cadre de l’enquête sur les attentats meurtriers de San Berdinardo qui avait fait 14 morts et 21 blessés en décembre dernier dans un centre social. Apple devait développer un logiciel permettant aux enquêteurs d’accéder aux données verrouillées figurant dans le téléphone du terroriste.
Lettre ouverte
La décision a été contestée dès le lendemain par le patron d’Apple dans une lettre ouverte, qui exprime la crainte qu’une telle demande de la part des autorités « ne sape les libertés que le gouvernement est censé protéger« .
Ce qu’il est précisément demandé à la compagnie, c’est la fourniture d’un logiciel (qui ne servirait qu’à l’appareil du terroriste) afin de contourner l’effacement automatique des données.
Tim Cook fait ainsi valoir sa volonté de coopérer en fournissant aux autorités américaines des données dont Apple serait en possession. Mais ici « il s’agit de concevoir un moyen détourné d’accéder à des données« ,ce qui constitue selon lui une procédé bien trop attentatoire aux libertés publiques.
Ce conflit entre Apple et les autorités américaines dure depuis longtemps : la compagnie se voit régulièrement reprocher la mise en place de protections de données qui entraveraient le bon déroulé d’enquêtes criminelles. Pourtant, la Maison Blanche a récemment renoncé à une loi qui aurait obligé les entreprises à mettre au point des fonctionnalités permettant d’accéder aux données des utilisateurs : preuve que sur ce point, la Maison Blanche a conscience de l’importance de mettre des limites à ce genre de procédés.
Recherche de crédibilité
Surtout, Apple sait que sa crédibilité est en jeu. Dans un contexte de polémiques multiples quant à la protection des données privées des utilisateurs, il s’agit de rassurer ces derniers et de faire preuve de la plus grande transparence. Le patron d’Apple dit ainsi craindre que cette décision de justice, si elle se trouvait appliquée, ne crée un précédent susceptible d’être utilisé à de mauvaises fins.
Lire aussi : Erreur 53 : apple tue vos iphones si vous les faites reparer ailleurs
Echos
Chacun s’accorde à dire l’importance de prévenir toute immixtion abusive par le gouvernement dans les données privées. Mais, la question est complexe lorsqu’elle se confronte au danger terroriste : jusqu’à quel point supporte-t-on de déroger à des principes qui nous apparaissent comme fondamentaux ? La lutte contre le terrorisme justifie-t-elle ce genre d’entorse ? En clair, comment parvenir à concilier sécurité et libertés ? Autant de questions qui résonnent, d’une manière bien familière.