Dans cette deuxième partie d’interview, BGL nous parle un peu plus de son parcours et dévoile le deuxième clip de son EP, Veski.
T’en es venu comment au rap, et depuis combien de temps t’en fait ?
BGL : Ça fait trois ans, un truc comme ça. C’était un enchaînement d’événements qui m’a conduit au rap, j’ai eu besoin de faire quelque chose qui me plaisait. Mais contrairement à 90% des gens qui se sont mis à rapper, personne à l’époque dans mon entourage ne rappait. Il n’y avait pas de mouvement de groupe, c’était un exutoire pour moi.
Et t’écrivais déjà un peu avant ?
BGL : Je kiffais bien écrire à l’école. Quand j’étais plus petit je voulais être scénariste, j’ai toujours été intéressé par le rapport à l’écriture. Et j’étais à l’aise à l’oral donc c’est venu assez naturellement.
T’as commencé seul ?
BGL : Oui au début, puis je me suis mis à rapper avec un pote à moi (Keyzane) au bout de quelques mois. Plus tard, j’ai retrouvé un pote que je connaissais du collège, il avait un studio, à dix minutes de chez moi. On a enregistré et mixé tout l’EP là bas.
Et c’est lui qui fait tes prods ?
BGL :Depuis que j’ai signé chez Agora, je travaille avec quelques beatmakers, mais principalement avec ADVLT. Mais j’en prends toujours un peu sur internet.
Si il y a un deuxième EP, le but ce sera d’avoir que des faces A.
Tes premiers clips et freestyles, c’était essentiellement de la débrouille ?
BGL : Les freestyles c’était un pote qui me filmait avec mon appareil photo. Le premier clip c’était Exodus il y a deux ans. Je faisais le montage moi même. Mais bon quand t’évolue, c’est difficile de tout faire seul. J’ai quelques notions de montage. Ce qui me permet de faire les petits trailers ou des trucs comme ça de temps en temps.
Grand Crew c’est quoi ?
BGL :C’est mon collectif, ça fait deux ans qu’on s’est formé. En gros, avant les Rap Contenders, je faisais des battles, dans la ligue Punch Airline et j’y ai rencontré le KRJ Crew .. On a discuté, kické, puis à 5 on a fondé ce groupe. On est 9 officiellement, ce qui est beaucoup. Mais au sein même du collectif t’as deux crews : KRJ et WildDucks. Mais comme on est beaucoup, c’est galère de faire des sons tous ensemble. C’est surtout une bande de potes, on s’entraide. Avec Bab’s et SEV par exemple, on a récemment écrit le morceau Surhomme, premier single de l’EP.
Tu viens des Rap Contenders, pourquoi et comment t’y es arrivé ?
BGL : Donc j’ai commencé avec la ligue Punch Airline. Mon premier battle, j’ai fait de la merde, j’ai perdu. Ça m’a servi de leçon. De fil en aiguille, j’ai accédé aux RC espoirs, et de là, je suis arrivé aux RC. Mais j’ai eu de la chance car je suis monté archi vite. Un an après mon premier battle, je suis arrivé au RC.
Ça t’a apporté quoi les RC dans ton écriture ?
BGL : C’est un réel exercice car il faut faire simple, et efficace. Tu dois faire des rounds de 3 min max. J’essaye de préparer à l’avance ce sur quoi mon adversaire va m’attaquer. Par exemple Maras je savais qu’il allait m’attaquer sur « Simon BGL petit juif ». Donc en réponse j’ai parlé du nazisme. Quand il me dit « Fils d’Israel », je fais un salut nazi. Ça ruine son argumentaire. Le prochain est vers la rentrée 2018. J’écris plein d’idées qui me viennent. Mais j’écris surtout sous pression. Le dernier, j’ai fini d’écrire le matin même. Les RC ça m’apporte de la visibilité.
Donc t’en as encore un de prévu ?
BGL : Peut être bien.
Justement les battles c’est un moment où tu peux te confronter à la scène, et t’es déjà à l’aise, tu t’es préparé pour ça ?
BGL : Oui, il y a beaucoup de préparation en amont, il faut pas mal répêter pour être prêt le jour J. L’ambiance d’un battle c’est plus tendu, ça t’aide à prendre les concerts de façon plus décontractée .
Par exemple, tu vois le jour du RC espoir, je faisais un concert juste après, et ce qui est génial c’est qu’en concert t’es plus détendu qu’à un battle. Le public te « juge » moins. En battle tu peux pas te planter par contre. C’est ce qui est formateur.
Dernièrement t’as fait un feat avec 66gram et Seth Gueko, comment t’en as eu l’opportunité ?
BGL : En fait 66gram c’est un pote. On l’a enregistré chez lui il y a longtemps, et un an après il m’a dit qu’il avait ramené Seth Gueko dessus. C’est un remix d’un son qu’ils avaient fait que tous les deux. J’ai caché tout l’alphabet grec dans mes paroles, ça m’a pris beaucoup de temps.
Et puis c’est intéressant car Gueko c’est assez loin de ton style, au niveau du flow, comme des thèmes que tu abordes dans ton nouvel EP ?
BGL : Oui et non. C’est vrai que sur l’EP j’ai fais deux morceaux « engagés ». Sur l’Appel de l’Aube, je parle politique et la prod est celle d’ADVLT, mais à la base je l’avais gratté sur l’instru de The Message de NAS, et ça sonnait encore plus Médine. Même trop. Sur Guerre et Paix, un autre morceau, c’était un peu un défouloir où je lâchais tout. C’est le seul morceau que j’ai écrit avant de choisir une prod, en réfléchissant aux thèmes que je voulais aborder. De quoi je parlais avec mes potes régulièrement en soirée ? Des questionnements comme ça tu vois. Guerre et Paix, j’aurais pu le faire durer 15 minutes. Je me tâtais même à faire un morceau Guerre, et un morceau Paix. C’est vraiment sorti tout seul. J’avais une liste de mots, de thèmes à caler, environ 50 et j’en ai calé que 5 tu vois. Ça m’avait vraiment inspiré. Je suis content, j’ai bien réussi à retranscrire ce que je voulais. Je tire pas de conclusions.
Ça se retrouve dans pas mal de tes morceaux…
BGL : Ouais ce que j’aime c’est nuancer. Je laisse de l’interprétation. Si je tombe sur quelqu’un qui cherche pas vraiment à comprendre, en écoutant le morceau il peut se dire « ouais il déshonore mes croyances ». Mais pas du tout, je parle des dérives de la religion, de l’extrémisme religieux.
En effet, tu parles beaucoup de religion sur ce morceau, elle a quelle place pour toi ? T’es croyant ?
BGL : Nan, mais j’étais inspiré par ce thème, et techniquement, j’étais à l’aise, les phrases venaient toutes seules. Je me suis tellement entrainé avant, à faire des phrases basées plus sur la technique et la forme, que c’est beaucoup plus facile d’y mettre du fond.
Tes influences ?
BGL : J’aime beaucoup Lino, pour sa plume. Après comme je te l’ai dit, j’aime toujours nuancer : c’est pas le mec le plus polyvalent. J’aime différents rappeurs selon leurs critères : le flow, la voix, le style… J’essaie d’écouter vraiment de tout en ce moment. Avant je faisais trop le puriste. Je kickais pas sur de la trap, je faisais le mec oldschool. Maintenant je condamne pas les mecs qui font du commercial. Les gens assimilent trop morceaux commerciaux et morceaux de merde. Or c’est très très dur de faire simple. Par exemple le dernier de Gims « Tout donner », c’est très simple, mais c’est super bien. Et il chante, pour un rappeur c’est un avantage. J’aime faire les deux, des morceaux de puristes, et des morceaux plus simples. Je veux pouvoir faire des morceaux diversifiés.
C’est notamment pour ça que j’ai choisi d’appeler mon EP « Rapsodie ».
Et comment tu composes en général ?
BGL : D’abord je choisis une prod, et ensuite je fais à l’inspiration. Le thème peut dépendre de la prod. Mais j’ai toujours une idée du type de morceau que je veux faire. En ce moment je fais plutôt des trucs mélodieux. Contrairement à d’autres qui écrivent puis choisissent une prod, je fais plutôt l’inverse. Et j’aime bien peaufiner, je raye peu de phrases mais je mets du temps à les écrire. Je mets 4-5 heures à faire un son en général. Il faut savoir s’arrêter aussi pour t’aérer l’esprit. Les pauses rentrent dans le processus de création. J’ai souvent des périodes de quelques mois où j’écris pas. J’essaye d’écrire tout les jours quand même. Mais voilà j’ai des périodes où rien ne vient. Et au bout de ces périodes de vide, j’attaque une nouvelle phase, un nouveau style ou thème. Je note des petites phrases tout les jours sur mon tel, mais j’écris toujours mes morceaux sur papier, je trouve ça élémentaire. C’est écrire.