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Blancanieves : Une Blanche-Neige torero

Lauréat de 4 Gaudis (Césars catalans) hier soir dont celui du meilleur film en langue catalane, favori des prochain Goyas (Césars espagnols), le dernier film de Pablo Berger interroge autant qu’il séduit. Qu’a-t-elle donc en plus, cette relecture hispanisante en noir et blanc et muette d’un conte maintes fois adapté?

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Là-bas, dans le noir, un orchestre se prépare à jouer un nouvel opéra. Un immense rideau rouge, seul élément coloré du film s’ouvre lentement sur le conte de Berger, qui reprend méthodiquement les codes du film muet des années 1920.

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À Séville, un toréador célèbre perd l’usage de ses membres lors d’une corrida. Sa femme Carmen donne naissance à leur fille le jour même, avant de mourir en couches. Élevée par sa grand-mère jusqu’à sa mort, la petite Carmen, recueillie puis exploitée par sa marâtre Encarna, se retrouve sans mémoire dans une troupe ambulante de nains toréadors alors qu’on tentait de l’assassiner. Devant sa beauté, les nains décident de la nommer Blancanieves.

Est-il besoin de rappeler la trame originale ? Bien que Disney l’ait quelques peu édulcorée (la Reine demande au chasseur le foie et les poumons de Blanche-Neige, pas son cœur), elle reste fidèle. Le grand écart de départ semblait pourtant osé : transposer un conte allemand sur la beauté d’une jeune femme dans le monde espagnol de la tauromachie. Étrangement, le mélange fait merveille. En effet, dans la culture espagnole, le rapport à la mort est très différent du nôtre. Non sans vouloir faire de généralités, en Espagne, un mort peut être considéré comme l’égal d’un être vivant. C’est donc avec logique que les rythmes du flamenco font aussi bien danser Blanche-Neige chez elle que face à un taureau.

Loin du HD 3D grand-angle, le noir et blanc en 4/3 de Berger est très léché, les contrastes et grains de peau sont d’une beauté envoûtante. Après The Artist, on pencherait à penser que c’est un effet de mode. On peut effectivement travailler une belle image en couleurs. Cependant, si l’on s’attarde sur les premières lignes de la version des frères Grimm, n’oublions pas que Blanche-Neige a été nommée ainsi car elle était «aussi blanche que la neige, avec des joues rouges comme du sang et des cheveux noirs comme l’ébène». Berger reste donc dans son thème.

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Mieux que les nains-toreros ou le personnage vénéneux de la belle-mère, Berger a trouvé son originalité dans sa surconsommation de contes. Blancanieves subit bien d’autres sorts que la Blanche-Neige de Disney, comme une petite Cendrillon elle est réduite à l’état de servante dans la maison de son propre père. Le dénouement de ce film, sorte de Belle aux bois dormant chez les Freaks, lui permet de transformer son exercice de style en contre-conte, bien devant les adaptations hollywoodiennes de 2012. S’il faut attendre assez longtemps pour découvrir un changement dans la trame, le charme visuel opère dès les premières secondes, comme un mouvement gracieux de muleta. Olé !

Blancanieves FA from REZO on Vimeo.

Crédits photos : Rezo Films / Arcadia Motion Pictures

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