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Brexit means Brexit (2/8) Le dilemme nord-irlandais

VL vous propose une nouvelle série jusqu’au 29 mars, date de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne: « Brexit means Brexit ». Un article toutes les deux semaines pour comprendre le Brexit, ceux qui le décident et ceux qui le vivent.

Le 10 décembre, Theresa May annonce le report du vote de l’accord sur le Brexit. Une des raisons de cette décision: les inquiétudes des parlementaires quant au futur de l’île d’Irlande.

L’impossible retour d’une frontière

Européens comme Britanniques veulent à tout prix éviter le retour d’une frontière sur l’île d’Irlande, coupée en deux depuis 1921 : Au Sud, la République d’Irlande est indépendante et membre de l’UE et l’Irlande du Nord fait partie du Royaume Uni. Karin Fischer professeure des universités en études irlandaises et britanniques explique qu’au Nord, « il y a toujours une partie de la population qu’on appelle nationaliste qui souhaite une unification avec la République d’Irlande contre la partie unioniste qui souhaite rester avec le Royaume Uni.»

Les deux camps se sont affrontés entre la fin des années 1960 et 1998, date de signature des Accords du Vendredi Saint. Pour Karin Fischer, « L’appartenance à l’Union Européenne a facilité une forme de résolution (du conflit) car elle permet l’absence de frontière physique entre le Nord et le Sud ».

Alors que 56% des Nord-Irlandais ont voté pour rester dans l’Union européenne, le retour d’une frontière sur l’île risque de raviver les tensions. Car pour Christophe Gillissen, professeur d’études irlandaises à l’Université de Caen Normandie : « si demain une frontière est rétablie, les nationalistes pourraient estimer […] que l’accord de paix n’est plus respecté

Des difficultés économiques

Les problèmes en cas de retour d’une frontière sont aussi économiques : Christophe Gillissen insiste : « Beaucoup de commerces ou d’entreprises sont proches de la frontière, ont des clients ou des fournisseurs de l’autre côté. Si tout cela doit être contrôlé, […] ça va créer des difficultés considérables ».

Le filet de sécurité irlandais

Pour faire face à ces risques, l’accord conclu entre Theresa May et Bruxelles prévoit la mise en place d’un « filet de sécurité » (backstop en anglais) autour de l’Irlande du Nord. Entre la date du Brexit le 29 mars 2019 et la fin de la période de transition le 31 mars 2020, le Royaume-Uni et l’UE doivent négocier leurs relations futures. Si à la fin de cette période, aucun accord n’est trouvé, alors le filet de sécurité sera mis en place et ne pourra être désactivé que par l’Union Européenne après conclusion d’un accord.

Theresa May, Jean-Claude Juncker et Michel Barnier à Bruxelles © Union Européenne , 2018 / Photo: Etienne Ansotte

Vincent Couronne, enseignant à l’IEP de Saint Germain et directeur des Surligneurs explique : « le filet de sécurité fait en sorte que […] l’Irlande du Nord continue à respecter la plupart des règles du marché intérieur de l’Union européenne et reste dans l’Union douanière. Il permet qu’il n’y ait pas de frontière physique entre les deux parties de l’île ». Concrètement, le Royaume-Uni ne pourrait plus maîtriser la politique commerciale de l’Irlande du Nord.

Pour certains Britanniques, cette situation n’est pas acceptable. Mais côté européen, on martèle que le backstop est indispensable à la paix sur l’île d’Irlande et au contrôle des marchandises qui entrent dans l’UE.

Après un aller-retour à Bruxelles il y a deux semaines, Theresa May n’a pas pu obtenir une renégociation du backstop. L’accord qui sera présenté au Parlement en janvier est donc le même que celui qui a été repoussé en décembre.

À lire aussi : Brexit means Brexit (1/8): Retour sur une tragédie en 5 actes

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