La tension monte d’un cran en Espagne : le président du gouvernement régional catalan, Carles Puigdemont, vient d’annoncer la date du référendum d’autodétermination unilatéral, prévu pour dimanche 1er octobre 2017.
Les Catalans devront répondre à une question très précise concernant le destin de leur région : « voulez-vous que la Catalogne soit un État indépendant sous la forme d’une république ? ».
Le projet de consultation référendaire, dont la date a été déterminée à l’issue d’une réunion exceptionnelle des ministres catalans, a déjà été rejeté par le gouvernement de Madrid, qui a toujours été fermement opposé à l’indépendance de la Catalogne.
Des indépendantistes déterminés
Suite à l’annonce de Puigdemont, le parlement catalan doit approuver une réforme qui lui permettra d’approuver l’éventuelle transition juridique. Bien que les mouvements indépendantistes représentent une véritable force en Espagne, le référendum d’indépendance reste interdit par le système juridique du pays.
Le président du gouvernement régional se montre cependant très déterminé dans ses déclarations : « il y aura un référendum, et ensuite nous ferons une autre offre à l’État », a-t-il affirmé. Puigdemont semble considérer qu’une négociation avec la capitale porterait uniquement sur les conditions de l’indépendance catalane et sur les rapports entre Barcelone et Madrid, mais pas sur la possibilité de l’indépendance en tant que telle.
Les autorités indépendantistes catalanes semblent prêtes, dans l’éventualité d’un échec de la procédure référendaire, à une déclaration unilatérale d’indépendance. Une action « révolutionnaire » de ce type pourrait produire un véritable bouleversement géopolitique en Europe, où d’autres mouvements indépendantistes luttent depuis des décennies pour leur indépendance.
Une réaction dure de Madrid
L’annonce du référendum n’a suscité qu’une vague inquiétude dans la capitale. Les déclarations catalanes sont majoritairement perçues comme des menaces et des démonstrations de force par les autorités de l’État central, habituées depuis des années à modérer les velléités indépendantistes de la région du nord-est. La menace d’une consultation extraordinaire qui a déjà été programmée et retardée plusieurs fois ne semble plus alarmer Madrid. La vice-présidente Soraya Sáenz de Santamaría a en effet réagi à l’annonce de Puigdemont avec un simple « ce référendum n’aura pas lieu ». De plus, le gouvernement de la capitale n’envisage aucune mesure concrète contre le référendum tant qu’il ne sera pas formellement organisé.
Cependant, Madrid ne peut sous-estimer le défi que les indépendantistes ont lancé à l’État central. Si en 2014 le gouvernement avait quasiment ignoré le référendum qui avait été organisé en Catalogne, il souhaite cette fois intervenir en amont, afin d’empêcher le déroulement d’une telle consultation. Pour ce faire, le président du gouvernement Mariano Rajoy dispose d’un instrument constitutionnel très puissant. En effet, l’article 155 de la Constitution espagnole prévoit que « si une des communautés autonomes ne respecte pas les obligations que la Constitution ou les autres lois lui imposent, (…) le gouvernement pourra adopter les mesures nécessaires pour l’obliger au respect forcé de telles obligations » et autorise donc l’utilisation de forces policières pour assurer l’unité du territoire.
Un mouvement essoufflé
Les indépendantistes doivent, de plus, faire face à une perte de consensus manifeste parmi les électeurs. En effet, les derniers sondages montrent que 46,8% des Catalans se prononcent contre l’indépendance. Le mouvement indépendantiste perd en force auprès des électeurs, qui semblent être plus concernés par l’impasse politique dans laquelle se trouve l’Espagne que par l’indépendance de leur région.
Les trois partis majoritaires au niveau national (la droite du PP, la gauche du PSOE, le centre de Ciudadanos) sont, eux aussi, radicalement opposés au projet de référendum unilatéral puisque, comme le changement envisagé concernerait l’entièreté du territoire, tous les citoyens espagnols devraient être appelés aux urnes. Le parti d’opposition Podemos (gauche radicale), quant à lui, se dit favorable à un référendum bilatéral, qui pourrait garantir une indépendance négociée avec l’État central.