« La culture du viol », est omniprésente dans notre société. Cette expression est un concept sociologique ancré dans le comportement de notre société qui englobe bon nombre de sujets. Elle revient au cœur de l’actualité avec une tribune publiée dans « Le Monde ».
Sur les réseaux sociaux ou à la télévision, vous avez sûrement déjà entendu parler de « la culture du viol ». Ce terme est aujourd’hui et depuis de nombreuses années au cœur du débat. Mercredi 27 décembre, une tribune publié dans « Le Monde« , sous la forme de lettre, écrite par des membres de MeTooMedia, est adressée au Président. Cette publication souligne la prise de parole du 20 décembre, d’Emmanuel Macron, sur le plateau de C à Vous, à propos de Gérard Depardieu. L’acteur est mis en examen pour viols, mais aussi accusé d’agression sexuelle par de nombreuses femmes.
Dénoncer « La culture du viol au plus haut sommet de l’Etat »
Dans cette lettre ouverte, les propos du président de la République sont largement critiqués. L’association MeeTooMedia souligne que ces paroles « témoignent de votre désintérêt [s’adressant au président] pour la cause et d’une totale ignorance du champ des violences sexistes et sexuelles. » Les interrogations émises par les auteurs portent sur les victimes, la justice, l’impartialité de la société ou encore la Légion d’honneur.
Les signataires regrettent qu’Emmanuel Macron « garant de l’indépendance » de la justice, s’immisce de cette façon dans l’affaire Depardieu. Par ces phrases, le texte dénonce et s’interroge sur l’influence de ses propos. « Mais comment les victimes de Depardieu peuvent-elles désormais réagir quand le président de la République, qui incarne l’autorité de l’Etat, nie leur parole, leur présomption d’innocence, leur souffrance ? Comment la grande chancellerie de la Légion d’honneur peut-elle réfléchir en toute impartialité à une procédure disciplinaire quand elle sait d’avance que le grand maître de l’ordre (que vous êtes) la refuse ? » Les auteurs ajoutent, « comment la justice peut-elle faire son travail dans l’affaire Depardieu quand le président, pourtant garant de son indépendance, interfère de la sorte ?«
Enfin, les auteurs concluent par ces mots accusateurs, « vous avez – par vos mots – validé la culture du viol au plus haut sommet de l’Etat.«
« La culture du viol » ancrée dans notre société
À l’origine, « la culture du viol », (« rape culture » en anglais) est apparue aux États-Unis dans les années 70. Elle provient des premiers mouvements féministes qui ont engagé la prise de conscience sur les crimes de viol, inceste ou violences conjugales. En France, il faudra attendre la fin des années 90 pour voir émerger cette expression. Mais elle ne se répandra pas avant les années 2010. Globalement, il désigne l’ensemble des causes d’injustices sexuelles.
Mais la définition de « la culture du viol » est complexe. En 2019, dans l’ouvrage Corps accord, l’adaptation de Our Bodies, Ourselves sur la santé des femmes, les féministes définissent l’expression. La culture du viol est l' »ensemble de comportements qui banalisent ou qui encouragent les agressions sexuelles : on rend la victime responsable de l’agression (tenue vestimentaire, consommation d’alcool), on met en doute sa parole, on encourage les jeunes garçons à insister pour avoir des relations sexuelles et on juge négativement les femmes qui en ont (slut-shaming)« .
L’instance des Nations unies, l’ONU Femmes, insiste sur le fait que la culture du viol est poussée par chacun des comportements de notre société, de la simple blague au silence en passant par la façon de penser. Elle indique que « même si personne ne conteste le fait que le viol soit un acte répréhensible, la violence sexuelle et le harcèlement sexuel sont des pratiques normalisées et banalisées par les mots, les actes et l’inaction, ce qui nous pousse sur la pente glissante de la culture du viol. »
Combattre la culture du viol
Dans un article, l’ONU Femmes expose « 16 façons de lutter contre la culture du viol« . Ces idées, impact des domaines différents, la justice, l’éducation, l’histoire ou encore l’accompagnement des femmes.
Parmi les problèmes au cœur de ce mal-être, les stéréotypes sont des éléments les plus importants. La remise en question et la déconstruction des stéréotypes de genre, qui alimentent la culture du viol, sont essentielles. Il faut encourager une vision égalitaire des genres et promouvoir la diversité des identités de genre.
Afin de surmonter ce défi, de nombreuses évolutions sont à mettre en œuvre. Premièrement, l’inégalité entre les sexes alimente cette « culture du viol ». Il faut promouvoir la liberté des femmes, et la notion de consentement dans l’éducation. « La sobriété, la manière de s’habiller et la sexualité de la victime n’ont pas leur place dans une discussion sur un cas de violence sexuelle« , souligne l’article.
En France, Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative porte très haut la lutte contre « la culture du viol ». En 2017, elle publiait un ouvrage intitulé Où sont les violeurs ? Essai sur la culture du viol. Enfin, en 2018, la loi « Schiappa » est promulguée. L’ex secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes insiste dans Le Point, « Nous voulons en finir avec la culture du viol« . Ce texte est essentiellement punitif, il renforce les condamnations de délinquants. Parmi ses nouveautés, cette loi a permis de créer « infraction d’outrage sexiste, pour réprimer le harcèlement dit de rue », incluant une amende pouvant aller jusqu’à 3 000 €. Mais il reste encore beaucoup à faire pour enrayer « la culture du viol ». Encore omniprésente et ancrée dans les mentalités, un travail de longue haleine est nécessaire, notamment sur l’éducation et le soutient aux victimes.