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C’était le 21 avril 1944… les femmes obtenaient le droit de vote

Il y a 78 ans, le général De Gaulle signait l’ordonnance élargissant le droit de vote aux femmes. Retour sur le premier combat du féminisme pour ce droit fondamental.

Alors que la France est le premier Etat à instaurer le suffrage universel masculin, c’est l’un des derniers pays d’Europe à le rendre universel. Il faut attendre 1944. Dans de nombreux pays le droit de vote des femmes était acquis depuis longtemps, comme en Nouvelle-Zélande, où les femmes peuvent voter depuis 1883.

Dans une France encore occupée, le général De Gaulle pense à l’avenir et souhaite marquer une rupture avec le Régime de Vichy. Le 21 avril 1944, il signe une ordonnance de 33 articles qui a pour objectif de construire les nouvelles bases constitutionnelles de la France d’après-guerre. L’article 7, défendu notamment par les Communistes, stipule que les femmes seront électrices et éligibles. Il est voté presque à l’unanimité par le Comité Français de Libération Nationale. Une reconnaissance, enfin, pour les femmes qui ont été nombreuses à s’engager dans la Résistance.

« Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions de l’homme. » 

Ordonnance du 21 avril 1944

Longue fut la lutte

Mais l’acquisition du droit de vote ne s’est pas faite en un clin d’œil pour les femmes. Le combat pour ce droit fut le premier grand mouvement du féminisme et il avait commencé plus d’un siècle auparavant, après la Révolution. Lorsque l’Assemblée Nationale écrit la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen en 1789 aucune mention n’est faite des femmes. Le droit de vote est attribué à tous, sauf aux femmes. Pourtant, elles aussi ont participé à la Révolution. Quelques voix s’élèvent. Notamment celle d’Olympe de Gouges qui écrit un an plus tard la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune. »

Olympe de Gouges

Au cours du XIXème siècle, les idées d’Olympe rassemblent de plus en plus de femmes, qui s’organisent, écrivent des journaux, militent. Parmi elles : Hubertine Auclert ou encore Louise Michel.

Première Guerre mondiale et velléités d’émancipation

Le débat prend de l’ampleur au début du XXème siècle. Les femmes commencent à faire entendre leurs voix, inspirées par les Suffragettes d’outre-Manche. Pendant la Grande Guerre, les femmes ont montré qu’elles pouvaient remplacer les hommes et faire fonctionner la société en autonomie. Elles prennent une part non négligeable dans l’effort de guerre : dans les usines, dans les fermes etc. A la fin de la guerre, les espoirs d’acquérir le droit de vote sont immenses. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne.. les femmes sont de plus en plus nombreuses à pouvoir voter. Mais pas en France. Le Sénat bloque à quatre reprises les projets de loi allant dans le sens de l’égalité. L’argument des sénateurs : la place des femme est à la maison, avec les enfants et elles seraient trop influençables par leurs maris ou bien par l’Eglise.

Les Françaises multiplient les actions pour accéder à la citoyenneté dans les années 1930. En 1934 par exemple, Louise Weiss fonde La femme Nouvelle, un parti de femmes qui se présente aux élections municipales de Montmartre, bien qu’inéligibles.

En 1936, trois femmes entrent au gouvernmenet de Léon Blum : Irène Joliot-Curie, Cécile Brunschvicg et Suzanne Lacore.

« C’était un paradoxe extraordinaire de penser qu’elles étaient bonnes pour faire des ministres, et pas pour être des citoyennes à part entière.« 

Yvonne Dornès

Le 21 avril 1944, les Françaises deviennent des citoyennes à part entière.

29 avril 1945 : les femmes votent pour la première fois

Les Françaises votent pour la première fois un an plus tard, le 29 avril 1945 pour les municipales. Et le 21 octobre 1945, 33 femmes sont élues à la première Assemblée constituante. En 1946, l’égalité entre les hommes et les femmes est inscrite dans la Constitution. 76 ans plus tard, il faut toujours travailler à ce qu’elle existe en pratique.

A lire aussi : Ecoféminisme : conjuguer les luttes pour conjuguer les forces ?

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