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[Critique] Tsurune : Originalité et fraîcheur visuelle, un anime de sport atypique

Diffusée au cœur de l’hiver, Tsurune n’est pas un anime de sport comme il s’en fait tant. De par son positionnement feutré presque solennel et ses personnages attachants, il a étonné par son originalité et son côté novateur.

Fiche technique :

Titre original : ツルネ —風舞高校弓道部/ Tsurune – Kazemai Kôkô Kyûdô-bu
Genre : Sport – Slice of Life – Amitié
Période : Du 21 octobre 2018 au 20 janvier 2019
Plateforme : Crunchyroll
Nombre d’épisodes :  13
Studio : Kyoto Animation (Koe no Katachi, Saga sound, Euphonium)
Histoire originale : AYANO Kotoko
Scénario : YOKOTE Mishiko
Réalisation YAMAMURA Takuya
Character designer : KADOWAKI Miku
Compositeur : FUUKI Harumi

Synopsis :

Minato NARUMIYA, alors enfant, se prend de passion pour le Kyudo, tir à l’arc japonais. Fasciné par les mouvements des tireurs et le son de la flèche qui fuse, il acquiert rapidement un niveau lui permettant de participer à des compétitions au collège. Toutefois un incident le pousse à y renoncer et à arrêter définitivement la pratique de l’art martial. Désormais lycéen, Minato va faire de nouvelles rencontres qui vont progressivement raviver la flamme qui sommeillait en lui. Avec son nouveau club, il va tout faire pour parvenir à remporter le tournoi préfectoral.

Tsurune
@Tsurune : Kazemai Koukou Kyuudoubu

Banal anime de sport au moment de scruter le synopsis de l’anime, Tsurune se démarque pourtant assez nettement vis-à-vis des autres œuvres de son genre. Ce n’est pourtant pas le cadre dans lequel il se déroule qui fait la différence ; l’histoire prenant place dans un lycée japonais des plus classiques. C’est par le biais du club de Kyudo de ce dernier que le personnage principal Minato va renouer avec sa passion. Le Kyudo justement est de son côté l’une des grandes valeurs ajoutées de cet anime. Assez peu connu, il n’est ici pas question d’un sport au sens strict du terme. Il s’agit plutôt d’un art martial qui trouve ses racines dans les pratiques et l’art de tir à l’arc des Samouraï. Excrément codifié, il se caractérise par des gestes précis et riches de sens. Du salut au décochage de la flèche, les mouvements se succèdent dans un total respect de la tradition et de l’histoire. Le spectateur se sent privilégié d’être intronisé dans ce milieu et de pouvoir le découvrir. Le Kyudo diffuse une impression de sacré, de grâce révérencieuse, cérémoniale solennelle. Ce petit « quelque chose » donne une certaine hauteur à l’anime. Cette impression est renforcée par le fait que Tsurune ne cherche pas à être dans l’action et l’excitation sportive. Les scènes de tir sont posées et calmes, souvent brèves. L’œuvre préfère mettre l’accent sur l’essence même de l’art martial qui y est traité mais aussi et surtout sur les relations entre les divers personnages et la profondeur de chacun d’entre eux.

Un anime très visuel

D’autre part, Tsurune se caractérise par une animation irréprochable et un visuel très soigné et épuré. Kyoto Animation a fait les choses en grand avec des graphismes réellement au-dessus de la moyenne pour un anime de son genre. Très agréable à regarder, il offre de magnifiques plans de nature ou des différents dojos. Les scènes et plans sont bien travaillés et s’enchaînent à une vitesse relativement lente. En contrepartie, cela créé parfois une impression d’ennui. Pour ce qui est de la transcription visuelle du Kyodo, elle est, là encore, irréprochable et permet de découvrir progressivement cet art martial et ses subtilités et de profiter pleinement de chaque volée de flèches. Petit regret personnel toutefois, ces scènes sont généralement assez courtes et on a parfois envie d’en voir plus, de voir les confrontations un peu plus amplement. Cela s’explique par l’esprit général de l’œuvre qui privilégie le « slice of life » et les personnages mais cela n’en génère pas moins une petite frustration par moment. L’impression reste toutefois très bonne et l’animation dégage véritablement une certaine fraîcheur.

Auditivement parlant, l’anime à la hauteur, sans que cela relève de l’extraordinaire non plus. Les sons sont plutôt bien exploités et créent l’atmosphère souhaitée. Celui de la flèche décochée le « Tsurune » est particulièrement réussi et marquant. Du côté de l’OST, c’est agréable sans que cela reste particulièrement en mémoire. L’opening est par contre une belle réussite avec un ton joyeux et entraînant. Il fait un beau contraste avec l’ending qui s’inscrit dans un registre presque radicalement opposé, puisque relativement calme.

Des personnages étoffés et attachants

Tsurune ne brille pas par son scénario qui est globalement assez commun bien que la fin, chargée d’émotions se démarque. Il faut toutefois aborder l’une de ses grandes forces qui se situe dans le traitement et la construction des personnages. Les caradesign sont plutôt agréables. Au-delà, l’anime parvient créer des protagonistes aux caractères respectifs affirmés et dotés d’une personnalité qui leur est propre.

Minato NARUMIYA se révèle être quelqu’un d’assez timide et sensible. Il est surtout animé par une passion sincère et un immense attachement pour le Kyudo. Seiya TAKEHAYA qui est l’ami d’enfance de Minato va beaucoup évoluer durant l’anime, notamment dans son rapport au Kyudo. Il est toutefois attachant pour sa loyauté indéfectible envers Minato. C’est aussi la voix de la raison dans le groupe qu’il va constituer au sein du club du Lycée de Kazemai. Ryouhei YAMANOUCHI est certainement celui qui fédère le plus et va véritablement servir de ciment dans la construction du groupe et de l’esprit d’équipe du club. Lui aussi ami d’enfance de Minato, il brille par sa faculté à désamorcer les conflits.

Au contraire, Kaito ONOGI est l’impulsif du groupe. Facilement irritable, il va mettre beaucoup de temps à accepter Minato, à cause de son problème qu’il considère comme une faiblesse. Il est proche du dernier membre de l’équipe Nanao KISARAGI. D’un naturel badin et charmeur, il est celui qui raisonne Kaito. Il brille aussi par sa force tranquille lorsqu’il tire ; pas toujours précis, il dégage pourtant une sérénité qui fait un bien fou à ses équipiers. Ces cinq personnages constituent l’équipe masculine du club de Kyudo du Lycée Kazemai dont l’objectif est de remporter le tournoi préfectoral. Leur construction en tant que groupe soudé et leur apprentissage mutuel est une part non-négligeable de l’anime.

Tsurune
@Tsurune Kazemai Koukou Kyuudoubu

Chose rare pour un anime de ce genre, il y a une certaine place pour les filles puisque trois d’entre elles font partie du club. Elles ont toutefois un rôle relativement marginal mais le fait qu’il n’y ait aucun fan service à leur encontre est appréciable.

Le coach de cette équipe, Masaki TAKIGAWA, a également un rôle primordial tout au long de l’anime. Il va aussi évoluer personnellement et réussir à dompter certains démons de son passé.

Tsurune prend également soin de développer certains antagonistes. On pense notamment à l’équipe du lycée de Kirisaki. Shû FUJIWARA est particulièrement marquant et a une place importante dans l’intrigue mais aussi le passé de Minato. Particulièrement doué au Kyudo, il ne passe pas inaperçu avec ses yeux d’un violet profond et va se révéler être un adversaire redoutable. Les jumeaux apportent également une touche rafraichissante entre humour et spontanéité.

En mettant en avant le solennel du Kyudo, les personnages et les relations qu’ils entretiennent entre eux, Tsurune se transforme de facto en un anime de sport qui sort de l’ordinaire. C’est une prise de risque dans le sens où l’action et surtout le suspense inhérents au genre sont globalement peu sinon pas présents. Prise de risque qui est, selon moi, payante qui fait de Tsurune une belle surprise au cœur de l’hiver. 

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