Jeudi 23 août, Trappes devient le coeur d’une nouvelle attaque revendiquée par l’Etat islamique. La police privilégie la piste du différend familial et évoque les problèmes psychiatriques de l’assaillant.
Le lendemain de la diffusion du message du chef de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi, qui encourageait la poursuites du djihad, Trappes devient le lieu d’une nouvelle attaque revendiquée par l’Etat islamique. Jeudi 23 août, un homme armé d’un « grand couteau« , selon Le Figaro, laisse un bilan mortel derrière lui et un homme grièvement blessé. Actuellement pris en charge à l’hôpital Georges Pompidou dans le 15ème arrondissement, la victime est entre la vie et la mort.
À 9h30, la rue Camille-Claudel devient le lieu d’un drame
Kamel S., un individu de 36 ans, né dans la ville de Trappes, devient l’auteur d’un drame qui anime sa ville natale. Selon les faits établis par Le Figaro, l’homme muni d’une arme blanche poignarde deux individus sur la voie publique avant de se retirer dans un pavillon. Parmi les personnes touchées, la soeur de Kamel décède sous les coups de couteau et un homme, ne faisant pas partie de l’entourage de l’assaillant, demeure grièvement blessé. Les autorités arrivent rapidement sur place et prennent pour cible l’habitation où Kamel s’est réfugié. À l’intérieur, il vient d’assassiner sa mère. De son abri, il hurle aux forces de l’ordre présentes sur place : « Allahou akbar, si vous rentrez je vous fume » rapporte BFMTV.
À 10h12, il se rend à l’extérieur et se dirige directement vers les policiers de la sûreté urbaine. Après avoir tenté de neutraliser l’homme armé à coups de taser, ils abattent l’assaillant. Quelques minutes plus tard, le préfet des Yvelines confirme le décès.
Le jour même de l’attaque, le parquet de Versailles ouvre une enquête pour tentative d’assassinat, assassinats et menaces de mort sur des personnes dépositaires de l’autorité publique. La Direction Régionale de la Police Judiciaire de Versailles a, quant à elle, été saisie, selon un communiqué diffusé jeudi soir : « Une enquête de flagrance des chefs d’assassinat, tentative d’assassinat et menaces de mort sur personnes dépositaires de l’autorité publique, confiée à la Direction régionale de la police judiciaire de Versailles, a été ouverte par le parquet de Versailles, en l’état toujours saisi de l’affaire ».
Fiché S et connu des services de police
Enregistré depuis le 15 juillet 2017 dans le TAJ (traitement des antécédents judiciaires), Kamel S. était déjà connu des services de police. Ancien chauffeur de bus, il avait dû céder son poste après son licenciement pour apologie directe du terrorisme. Néanmoins, à côté de ce portrait connu des autorités antiterroristes, Kamel S. était victime de « problèmes psychiatriques importants » révèle le Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Le représentant de l’Etat salue également « la réactivité et la mobilisation exemplaire de nos forces de l’ordre » sur Twitter. La section antiterroriste du parquet n’a cependant pas été saisie. Déprimé et alcoolique, déclare BFMTV, l’assaillant souffrait de multiples addictions.
En 2016, une poursuite judiciaire pour apologie du terrorisme est finalement classée sans suite car l’infraction est « insuffisamment caractérisée« . Un an plus tard, Kamel S. dépose plainte suite à des problèmes d’héritage. La demande jugée « fantaisiste » par la Justice, ne donnera pas suite. Dans ce contexte de conflit familial, les autorités privilégient la piste du différend au sein de sa famille comme moteur de ses actes. Cependant, il est nécessaire de garder une certaine discrétion dans le traitement de ces affaires.
Alors que la France dénombre trop de fichés S, il s’avère techniquement impossible de mener une surveillance complète de tous ces individus. Pour les autorités, toutes ces informations recueillies devraient être davantage traitées par la Justice pour être utilisées à bon escient et impulser un réel changement.
L’opposition se saisit de l’affaire Trappes
C’est une nouvelle occasion pour l’opposition de s’exprimer sur le traitement des fichés S en France. Sur Twitter, Laurent Wauquiez déclare « insupportable » la libre-circulation de personnes fichées pour radicalisation. Nicolas Dupont-Aignan fustige également la politique d’Emmanuel Macron et demande au chef de l’Etat d’agir enfin !