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Daredevil joue sa grande partition | Seriefonia

Sensation de ce début d’année, Daredevil a marqué les esprits et les fans. On revient ce mois-ci sur ce personnage iconique.

Vivien : C’est quoi ce nom de Démon de Hell’s Kitchen, franchement ? Sans déconner…
Tristan : Je n’ai pas choisi ce nom.
Vivien : Excuse-moi, c’est pas un rôle qu’a l’air de te déplaire.
Tristan : Je ne l’ai pas endossé pour faire le mal.
Vivien : Ah bah c’est quoi ? Un boulot d’appoint ?
Tristan : Je ne tue jamais personne.
Vivien : Et c’est pour ça que tu te crois meilleur que moi ?
Tristan : Non.
Vivien : C’est pour ça que tu t’prends pour un héros ?
Trsitan : Ce que je pense n’a pas d’importance. Ce que je suis non plus. Personne ne doit mourir… Je n’ai pas le droit de vie ou de mort sur qui que ce soit et toi non plus.

[« EXTRAIT SONORE : TRISTAN imite Daredevil »]

[« SérieFonia : Season VII : Opening Credits » – Jerôme Marie]

[« Daredevil, Born Again – Main Theme » – The Newton Brothers]

Avant toute chose, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour le long délai qui sépare la précédente émission de celle-ci… Le fait est que j’ai eu des p’tits soucis de santé… Mais bon, ça y est, c’est terminé ! Alors… C’est la septième saison déjà… C’est toujours SérieFonia… Et il aura justement fallu sept ans pour que renaisse celui que l’on surnomme « L’Homme sans Peur ». Ce mois-ci nous allons célébrer le retour inespéré (à plus d’un titre) de MON héros Marvel préféré… J’ai nommé, le seul, l’unique, Matthew Murdock. Car plus encore que nombre de ses confrères super-héroïques, différencier l’homme du masque qu’il porte s’avère particulièrement épineux. Avocat le jour… Justicier la nuit… Le contraste est fort. Croire en la Justice… Ou la faire soi-même ? Telle est LA question. Et si, de plus, on se revendique comme catholique, alors là… Tout devient plus flou encore. Vous voyez ? L’émission est à peine commencée que l’on en est déjà à parler « sens moral » et « métaphysique »… C’est bien la preuve que Daredevil n’est pas un personnage comme les autres. Il y a d’ailleurs fort à parier que lorsque le scénariste Stan Lee et le dessinateur Bill Everett l’ont conçu en 1964, ils ne soupçonnaient certainement pas ni la longévité ni la profondeur en devenir de leur création…

[« EXTRAIT SONORE : DAREDEVIL – SAISON 2, EPISODE 3 »]

Si la Justice est aveugle, Matt Murdock le sera aussi. Telle est la première bonne idée de Stan Lee, alors déjà créateur de Spider-Man, des 4 Fantastiques, de Thor, Hulk, Iron Man et bien sûr des X-Men… Lui qui, depuis ses débuts chez Marvel en 1941 (c’était pour Captain America), a à cœur de proposer des histoires qui soient certes à la fois haletantes, divertissantes et hautes en couleurs… prend également toujours grand soin à privilégier l’aspect humain qui définit chacun de ses différents héros. Les problèmes d’ado de Peter Parker… Le tiraillement intérieur du Docteur Banner… La différence et les difficultés d’intégration des étudiants Mutants du Professeur Xavier… Autant de spécificités faisant de ces comics d’authentiques miroirs d’une jeunesse aux préoccupations en réalité beaucoup moins stupides qu’il n’y parait et, par conséquent, que les parents voulaient bien l’admettre.

[« Daredevil, Born Again – Suffering and Justice » – The Newton Brothers]

Alors, entendons-nous bien… Daredevil n’a pas immédiatement été le héros sombre et souvent violent tel que vu dans les trois saisons de la série Netflix entre 2015 et 2018… Loin s’en faut même. Durant toute la première période de son existence… qui s’étire grosso modo de son numéro 1 en avril 64 à la fin des années 70… il est même dans la directe mouvance de son pote Spider-Man… à multiplier les acrobaties pas toujours justifiées et à enchaîner les blagues et autres punch-lines imagées face à des ennemis le plus souvent aussi « excentriques » que l’homme aux échasses, l’homme grenouille ou, dans une moindre mesure, le Hibou… Les crossovers avec les autres titres des publications Marvel sont légion et la plupart des intrigues peuvent même paraître relativement interchangeables d’un héros à l’autre… Autre idée pas franchement finaude : pour protéger son identité secrète, Matt va jusqu’à s’inventer un frère jumeau… Mike… dont les « apparitions » frisent souvent le ridicule. Et le trio amoureux tissé entre lui, sa secrétaire Karen Page et son meilleur ami Foggy Nelson de se muer en quatuor… Bref… Se passionner pour DD dès ses débuts, ça peut sembler un peu laborieux quand même…  

[« Spider-Man and Friends – End Titles » – Johnny Douglas]

Alors là, je vous ai glissé un morceau de la série animée Spider-Man et ses amis exceptionnels… Oui, rien que le titre donne le ton. Ça date de 1981 et c’était mis en musique par Johnny Douglas ; à qui l’on doit également les partitions d’autres séries d’animation telles que Donjons & Dragons, Transformers et L’Incroyable Hulk. Durant la dernière saison, en 1983, Daredevil apparait pour la première fois sur un écran de télévision. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’en dehors d’un simple plan de flashback révélant brièvement son costume, c’est bel et bien Matt Murdock l’avocat qui se retrouve au cœur de l’intrigue… et non son alter égo masqué. Comme quoi, déjà à l’époque, le potentiel du personnage en tant qu’homme de loi suffisait à contenter les fans… Mais je me rends que je vais déjà un peu trop vite. Alors, avant de pousser plus loin l’exploration de ses différentes apparitions à l’écran, petit ou grand, j’en reviens succinctement aux comics… et à Stan Lee…

[« EXTRAIT SONORE : SPIDER-MAN, THE ANIMATED SERIES (1994) »]

Stan Lee scénarise les planches de Daredevil de 1964 à 1969. A l’origine des origines, il ne cache pas que sa motivation-première est – justement – de surfer autour d’un nouvel handicap. Car très tôt, il a eu la réputation de quelqu’un qui aimait écrire à propos des défauts de ses personnages. Chaque nouveau titre devait par conséquent surclasser le précédent dans cette quête effrénée à la différence… à une absence quelconque d’aptitude poussant à devenir un nouvel atout. Dans le cas de Daredevil, il pousse le curseur au maximum en s’inspirant du héros muet Bart Hill, créé en 1940 par Don Rico et Jack Binder, mais en prenant soin d’en faire un aveugle. Dans un premier temps, Lee a même très peur des réactions des associations de non-voyants… Mais, contre toute attente, c’est l’exact effet inverse qui se produit… Ces dernières manifestent leur engouement pour le personnage et leur reconnaissance envers le scénariste. Ne restait plus qu’à bâtir une origin-story autour des pouvoirs de l’Homme sans Peur…  

[« Daredevil, 2015 – The Murdocks » – John Paesano]

Dans le premier numéro d’avril 1964, tout est déjà là. On y apprend que Matt est devenu aveugle alors qu’il n’avait que 9 ans… Justement en voulant sauver un aveugle d’une mort certaine lors d’un accident. Courageusement, c’est lui qui se retrouve face à des produits chimiques lui explosant au visage… et qui lui prennent la vue. Dans le même temps, ses autres sens se voient décuplés… Et le champ des possibles de se redéfinir progressivement pour le jeune garçon qui vit seul avec son boxeur de père. Mais après avoir sciemment remporté un match qu’il était censé perdre, Jack Murdock se fait bassement exécuter par les hommes de mains du promoteur véreux contre lequel il s’est dressé. Terrassé face à pareille perte, le jeune Matt se jure de rendre la justice par tous les moyens… à commencer par les plus légaux. Il deviendra donc avocat. C’est ainsi que bien des années plus tard, il co-fonde le cabinet Nelson & Murdock, aux côtés de son meilleur ami et ancien camarade de classe Foggy Nelson et de leur secrétaire… Karen Page.  

[« Daredevil, 2015 – Nelson, Murdock & Page » – John Paesano]

Mais il arrive fréquemment que la cour de justice ne suffise pas à punir les criminels… Ainsi nait Daredevil… et son impressionnant costume… jaune et noir. Un choix contestable… et d’ailleurs contesté… Au point que Matt ne l’arborera qu’à peine six numéros. Jusqu’à son face à face avec Namor, le Prince des Mers en février 1965. En fait, il ne faut pas oublier que l’auteur et le dessinateur produisent des planches encrées en noir et blanc. Le travail des couleurs étant ensuite confié à une personne dédiée… Le ou la coloriste. Et Stan Lee était de ces hommes à laisser libre cours à ses collaborateurs. Aussi, si ce dernier avait décidé qu’il serait en jaune et noir, eh bien, il serait en jeune et noir. Néanmoins, le courrier des lecteurs témoigne d’un autre avis. Si bien qu’il est finalement demandé au nouveau dessinateur, Wally Wood, de modifier l’aspect de Daredevil. Tout d’abord, il dote le costume d’un double D et non plus d’un seul… et opte finalement pour le rouge… Et là… Bim ! Le design du personnage s’impose en nouvelle évidence. D’ailleurs, la quasi-totalité de ses apparitions dans les différentes séries animées Spider-Man, X-Men et autres le feront apparaitre ainsi. Côté « Live-Action » en revanche… C’est souvent le noir qui va s’imposer…   

[« Daredevil, 2015 – Main Theme » – John Paesano]

Bien sûr qu’on pense tout de suite à la série Netflix de 2015… Après tout, Matt y a tout de même passé presque deux saisons entières tout de noir vêtu… Mais non : bien avant Charlie Cox… Il y a eu… Rex Smith. C’était dans le téléfilm Le Procès de l’Incroyable Hulk, réalisé par Bill Bixby en personne… C’était pour NBC en mai 1989 et je vous en dis plus… juste après ça.

[« The Trial of the Incredible Hulk – Ending » – Lance Rubin and Joe Harnell]

La série télé à succès L’Incroyable Hulk, mettant donc en vedette Bill Bixby dans le rôle du Docteur Banner ET Lou Ferrigno dans celui de son alter-égo tout en muscles vert, a connu 5 saisons entre novembre 1977 et mai 1982. Après quoi, trois téléfilms sont venus conclure le show entre 88 et 90. Le Procès de L’incroyable Hulk étant l’épisode central. Et qui dit procès dit besoin d’un avocat. En voulant secourir une jeune femme, le gentil Docteur David Bruce Banner s’est transformé en Incroyable Hulk… Pas la peine d’épiloguer, vous connaissez le principe… Et s’est fort injustement retrouvé derrière les barreaux… Dans l’espoir de prouver son innocence avant que la créature en lui se mette à tout défoncer, Banner accepte l’aide d’un certain Matthew Murdock. Qui, bizarrement, n’est ni à New York, ni avec Foggy, ni avec Karen… Mais qui est bel et bien aveugle et justicier sur son temps libre. Et, franchement, pour une première incarnation officielle à l’écran… Rex Smith… ça le faisait carrément… 

[« EXTRAIT – The Trial of the Incredible Hulk »]

Le nom du comédien ne vous dit rien ?… Ok… Et si je vous aide un peu avec ça…

[« Street Hawk – Theme (Version #2) » – Tangerine Dream]

Street Hawk… Tonnerre Mécanique… La super moto qui faisait concurrence à K2000 en 1985… Et qui a même révélé George Clooney bien avant Urgences… Vous savez, la série tellement culte qu’elle n’a durée que… 13 petits épisodes. Encore une qui a cartonné chez nous alors qu’elle avait fait un bide chez elle… Moi, j’étais fan. Beaucoup plus que de K2000 d’ailleurs… Pas de bol, j’avais misé sur la mauvaise monture. Bref… Rex Smith, qui y incarnait le héros pilote Jessie Mach, était donc très convainquant et en Murdock et en Daredevil… D’autant qu’il se confrontait déjà au Caïd… Même si l’interprétation qu’en faisait John Rhys-Davies (Gimli dans Le Seigneur des Anneaux… Sallah dans les Indiana Jones… Sans oublier le Professeur Arturo dans la série Sliders) était… disons… Très loin d’égaler celle qu’en fera plus tard Vincent D’Onofrio sur Netflix puis Disney +.

[« Daredevil, 2015 – Wilson Fisk » – John Paesano]

A lire aussi : Que vaut le premier épisode de Daredevil : Born again (Disney+) ? | VL Média

Il est amusant de constater que, dans les premiers temps, Daredevil croise énormément les autres héros ou vilains Marvel au gré de ses publications… Il entretien même pendant un bon moment une liaison avec Black Widow… Puis, ça s’estompe. De même que le rythme de ses parutions. A partir de 1977, le succès n’est plus trop au rendez-vous… Les ventes baissent et les scénaristes se succèdent à tour de bras pour tenter de relever la barre. Ce n’est qu’avec l’arrivée de Jim Shooter, dans le numéro 146, que le personnage va commencer à devenir le vrai héros urbain tel qu’on le connait aujourd’hui… Il y est confronté à Bullseye et les enjeux et tensions s’y font soudain plus « adultes »… Enfin, toutes proportions gardées bien entendu. Gil Kane est au dessin et le style se veut ouvertement plus dynamique. Acéré même. Pourtant… Seulement douze numéros plus tard… Il est remplacé par un p’tit jeune dont personne ou presque n’a réellement entendu parler… Et qui est sur le point… Bah… de tout fracasser. 

[« Daredevil, 2003 – The Man Without Fear » – Drowning Pool & Rob Zombie]

Ouais, ça dépote ! Cette chanson est tirée de la bande originale du film de 2003 et est signée du groupe Drowning Pool ; avec en guest au chant nul autre que Rob Zombie. Oui, oui, le réalisateur… On y reviendra dans pas longtemps de juste après… Le dessinateur en question, donc, s’appelle Frank Miller. Bien sûr, il allait plus tard faire fureur avec The Dark Knight Returns, en 1986, où il réinventera un Batman vieillissant… Puis encore avec Sin City, œuvre Noir s’il en est, sorti en 93… Mais avant tout ça, il fait donc ses premières armes sur Daredevil au côté du scénariste Roger McKenzie qui, malgré quelques apports intéressants… notamment la création du journaliste Ben Urich… ne parvient pas non plus à magnifier le titre. Qu’à cela ne tienne : le dessinateur pense pouvoir inventer ses propres histoires et Jim Shooter, dorénavant rédacteur en chef chez Marvel, se dit : « pourquoi pas ?! ». Eh là… En janvier 1981… Boum… Plus rien ne sera jamais plus comme avant…

[« Daredevil, 2003 – Bring Me to Life » – Evanescence]

Sombre, pluvieux, violent… Aiguisant l’origin-story de Matt en revisitant ses années estudiantines… l’opus 168 de Daredevil (le premier à être entièrement dessiné et scénarisé par Miller) se paie également le luxe de présenter un tout nouveau personnage… Elektra. La femme Ninja tantôt ennemie tantôt maitresse qui, à elle seule, va redéfinir presque toute la psyché du héros aveugle. La qualité du titre est sans précédent… L’intrigue promet un développement sur le long terme absolument passionnant… Et l’ensemble de la nouvelle mythologie mise en place autour d’Elektra et des mystères qui l’entourent ne peuvent mener qu’au succès. Pour beaucoup, le cycle Frank Miller… qui s’étend du numéro 168 au 191… Sans oublier les arcs « Born Again », puis « Daredevil : The Man Without Fear » qu’il co-signe avec David Mazzucchelli en 1986 et John Romita Jr. en 1993… reste tout simplement le plus réussi. Le plus riche et le plus complet. Ce qui, de bien des façons, continue de se vérifier…  

[« Daredevil, 2015 – End Credits (Season 3) » – John Paesano]

Depuis le premier long-métrage de 2003, jusqu’au retour de la série sur Disney + cette année, toutes les adaptations ou représentations de Daredevil lorgnent farouchement sur l’impact et l’Aura de ces parutions des années 80 et 90… Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que cette vraie-fausse saison 4 s’intitule justement « Born Again »… Le traitement de Matt, mais aussi de Foggy et, dans une moindre mesure de Karen, tout autant que ceux de Wilson Fisk, Bullseye, Frank Castle… et naturellement Elektra… ne sauraient renier leurs influences-premières… Pourtant, selon moi, la meilleure période de toute l’Histoire de Daredevil restait encore à venir…

[« Daredevil, Born Again – Femoral Head Midnight » – The Newton Brothers]

Entre 2001 et 2006, Daredevil est confié au scénariste Brian M.Bendis et au dessinateur Alex Maleev… la maison d’édition est alors en pleine refonte depuis 1998, tandis que Joe Quesada est en charge de la nouvelle collection Marvel Knights qui a pour vocation de décrasser certains de ses titres phares mais non moins vieillissant tels que Captain America et Black Panther… Naturellement, après 380 numéros, Daredevil se retrouve dans la même charrue. La série entame alors ce qu’on appelle communément son Volume 2… et recommence ses publications par le Numéro 1. Mais attention ! Les histoires reprennent malgré tout là où on les avait laissées… Il ne s’agit en rien d’un reboot ou d’un remake complet. Toutefois, pour bien marquer le passage d’une ère à l’autre, l’un des personnages fondateurs doit mourir. Spolier Alert : ce sera Karen Page… froidement abattue par Bullseye. Ainsi Matt perd-t-il son premier amour… Du moins le premier qu’on lui connaissait lors de son arrivée dans les années 60. Eh oui, rien de telle qu’une bonne tragédie pour relancer l’intérêt de lecteurs qui étaient, il est vrai, un peu passé à autre chose.     

[« Daredevil, Born Again – Trying to Live » – The Newton Brothers]

C’est dans ce contexte de refonte et de quête désespérée d’un public plus adulte que Bendis et Maleev débarquent à Hell’s Kitchen… Et là mes amis… Mais alors là… Miller avait certes déjà mis la barre très haut… Mais ces deux-là vont, toujours selon moi entendons-nous bien, bien au-delà encore. Si vous voulez prouver à vos parents que lire des comics, c’est « vraiment pas que pour les enfants », donnez leur à lire les Daredevil, Volume 2, Numéros 26 à 81… Et s’ils résistent encore, c’est qu’on ne peut plus rien pour eux… Ultra sombre de bout en bout… Aussi bien en termes de scénarii que de colorimétrie… On s’y intéresse plus que jamais à l’homme sous le masque qu’au costume lui-même. Fisk est emprisonné, l’identité de Matt révélée au grand jour… La pègre implose et les rues de New York sont plus que jamais menacées… Au point que Matt lui-même décide de s’auto-proclamer « Nouveau Caïd » ! Affrontements, procès, profondes réflexions sur la notion-même de Justice… Tout est parfait. Même les apparitions de vieux vilains qui pourraient franchement paraître ridicules, comme le Hibou pour ne citer que lui, sont gérées de mains de maîtres… C’est bien simple… Ces numéros sont si bons qu’il ne leur manque… que de la musique.

[« Daredevil, 2003 – Theme » – Graeme Revell]

Heureusement, les adaptations ciné et télé sont aussi là pour ça ! A chaque sortie, une nouvelle bande originale peut venir enrichir vos lectures de comics ! Et si, jusque-là, DD n’a fait irruption que sur petit écran… l’année 2003 va venir changer tout ça. Lorsque le réalisateur (encore débutant) Mark Steven Johnson prend sur lui de réécrire et de filmer les origines du personnage comme on ne les avait encore jamais vues. Superman, Batman et Spider-Man ont ouvert la voie… Nous sommes encore loin du Marvel Cinematic Universe… Mais… Il est peut-être encore un peu trop tôt pour Daredevil. Sombre… Mais pas trop. Sérieux… Mais pas assez. Spectaculaire parfois… Grossier souvent. Respectueux… Puis caricatural. Exhaltant… Puis ridicule. C’est un peu tout ça, Daredevil 2003… Un ping-pong géant entre le plutôt réussi et le carrément médiocre. Du côté des plus : les flashbacks montrant le jeune Matt et son père… Jennifer Garner en Elektra… Une belle photo… Une ambiance gothique adaptée. Et, surtout, une musique du compositeur de The Crow, Graeme Revell, qu’il fait bon écouter et réécouter…

[« Daredevil, 2003 – The Necklace » – Graeme Revell]

Du côté des moins… Bah… Ben Affleck. Peut-être encore trop jeune. Pas assez crédible. Colin Farrell en Bullseye… Pour le coup très BD, mais pas assez ciné. Un scénario étriqué… Trop lisse et prévisible. Au final : une tentative pas si déméritante… mais tellement loin d’arriver à la cheville du matériau d’origine. D’autant que, rappelons-le, nous sommes alors en plein cœur du cycle Bendis-Maleev ! Néanmoins, le film aura eu son petit impact. Au point que le Matt Murdock des comics empruntera quelques temps le visage de Ben Affleck au sein de ses planches. Pas la meilleure idée du monde, d’ailleurs. Gageons que ça n’a pas duré… Et en parlant de marquer les esprits… Est-on certains que le groupe Evanescence aurait connu le même succès sans l’exploitation de deux de ses chansons particulièrement bien placées durant le film ?

[« Daredevil, 2003 – My Immortal » – Evanescence]

C’est vrai que c’est beau après tout… Et tant pis si un spin off aussi inutile que bien pourri n’a pas manqué de sortir seulement deux ans plus tard… faisant cette fois d’Elektra l’héroïne principale… Sur une musique de Christophe Beck… Oui, le compositeur de Buffy…

[« Elektra – Main Title » – Christophe Beck]

Passons… ça ne vaut vraiment pas la peine de s’attarder dessus. Mieux vaut plutôt faire un léger retour en arrière. Jusqu’en 1994 où dans un double épisode de la série animée Spider-Man, Matt Murdock venait prêter main forte au tisseur de toiles… au point d’avoir droit à son propre thème musical ! Que l’on doit à Udi Harpaz…

[« Spiderman, The Animated Series – Daredevil » – Udi Harpaz]

Avant ça, on l’avait déjà également croisé dans la série animée des 4 Fantastiques… Mais en dehors du téléfilm Hulk et du film de 2003, rien ne semblait réellement propice à un retour de Daredevil sur les écrans… Grands ou petits. D’ailleurs, même les comics, après les départs de Bendis et Maleev, patinent un peu… Ed Brubaker et Michael Lark continuent dans la même direction que leurs prédécesseurs durant quelques années mais, en 2011, Mark Waid inaugure le Volume 3 en revenant à un style plus « léger » et virevoltant… Grand bien lui fasse ; il remporte même quelques prix au passage. C’est alors que, tout à coup, sorti de nulle part… Une petite plateforme de streaming se met à avoir des idées de grandeur…  

[« Daredevil, 2015 – The Suit » – John Paesano]

En 2013, Netflix passe un deal avec Marvel et ABC… Ils veulent produire leurs propres séries de super-héros, mais qui n’en seraient… pas vraiment. Ils tiennent avant tout à rester dans la rue. Ici, pas de grandes invasions extra-terrestres… ni de créatures tout puissantes venues claquer des doigts pour éradiquer la moitié de la population… Non, le projet Defenders se veut le plus encré possible dans une certaine forme de « réalité ». Avec des héros proches des gens et, donc, de nous. 4 séries initiées dans le même temps produites à la chaîne… et devant mener à une cinquième, les réunissant tous. Mais avec des héros, voire des anti-héros, comme Jessica Jones, Luke Cage et Danny Rand… Il fallait tout de même un produit d’appel… Un nom se faisant suffisamment rare dans l’esprit des simples amateurs de comics tout en étant délibérément présent dans celui des fans… Un nom comme… Matt Murdock. 

[« Daredevil, 2015 – To Be a Hero » – John Paesano]

Je n’oublierai jamais la première photo de tournage qui a leaké… Charlie Cox, en costume d’avocat, sillonnant les rues de New York… je le connaissais pour son apparition remarquée dans Downton Abbey et, surtout, pour son rôle dans Stardust. C’est inexplicable mais, immédiatement, j’ai su qu’il allait être parfait. Et, bon sang, il l’a été. Et ce, dans les DEUX rôles ! Franchement, il est rare qu’on aime à ce point et le héros et son alter égo. Et que dire de son principal adversaire ?! Vincent D’Onofrio en Caïd… C’est juste démentiel. Créée par Drew Goddard et showrunnée par Steven S. DeKnight, la série Daredevil de Netflix a immédiatement bluffé le monde et imposé une nouvelle façon de considérer le genre-même des adaptations de comics… A dire vrai, il n’aura fallu que d’un plan… Un seul et inoubliable plan séquence… où l’homme sans peur, masqué de noir mais non costumé, allait sauver un enfant destiné aux affres du trafic sexuel… Difficile, après ça, de revenir aux vieilles acrobaties et aux bon mots habituels…

[« Daredevil, 2015 – Stairway to Hell » – John Paesano]

La saison 2 verra débarquer le Punisher, puis Elktra. La saison 3 sera une longue origin-story de Bullseye… Jessica Jones connaitra elle aussi 3 saisons. Luke Cage et Iron Fist, deux chacune… Plus tard, Le Punisher en comptera deux également. Sans oublier The Defenders… malheureusement ratée… Mais qui concrétisait néanmoins le projet dans sa globalité. Ce qui nous fait… 13 saisons ! 13 saisons en seulement quatre ans. Hallucinant. D’ailleurs, en 2018, je leur consacrais déjà un p’tit SérieFonia ! Que je vous rediffuserai à la fin de cette émission… Après tout, l’occasion fait le larron…  C’est pourquoi je ne vais pas enchainer ici les extraits musicaux liés à toutes ces séries… En revanche, le thème créé spécifiquement pour Daredevil par John Paesano vaut bien qu’on s’y attarde un peu. Car depuis la découverte du générique du tout premier épisode en avril 2015, cette signature d’apparence toute simple ne semble plus vouloir quitter le personnage (et son acteur par la même occasion)… un peu comme une seconde peau… Presque une extension de costume…

[« Your Friendly Neightborhood Spider-Man – The Devil’s Web » – Leo Birenberg & Zach Robinson]

Là, c’était pour un épisode de la toute nouvelle série animée Your Friendly Neightborhood Spider-Man, sortie sur Disney + en  janvier dernier, où la gentille araignée du quartier rencontre pour la première fois l’homme sans peur sur les toits de New York. Non seulement le thème musical de la série d’origine est bien là mais, de plus, Charlie Cox, prête sa voix à son homologue dessiné ! Une petite séquence jubilatoire à souhait… Qui fait d’autant plus plaisir que, lorsque les deux personnages se sont rapidement croisés dans le film Spider-Man : No Way Home, ils ne portaient pas leurs costumes… D’ailleurs, sur cette séquence en particulier, il n’y avait même pas de musique ! Quant au morceau que vous venez d’entendre, il a été composé par le tandem Leo Birenberg & Zach Robinson, que vous appréciez déjà très certainement pour une autre série à succès… Allez, allez… Bien sûr que si vous l’savez…  

[« Cobra Kai – Strike of the Cobra (Season 6) » – Leo Birenberg & Zach Robinson]

Quoi ?! Vous n’avez pas reconnu Cobra Kai ?! Honte à vous ! Ou pas… ça dépend si vous aimez ou pas. Perso, j’ai tout vu, tout goutu ! Plaisir coupable ou non, peu importe… Le tout c’est qu’on en prenne ! Pas comme en regardant… She-Hulk. Qui, sous couvert d’humour et de légèreté a osé reléguer notre cher DD au rang des héros tronqués. Et c’est peu de le dire… Dire qu’ils ont été jusqu’à lui faire faire la marche de la honte… La vache, je m’en suis jamais remis. C’était en 2022, forcément sur Disney +, et c’était la première fois qu’on revoyait Charlie Cox dans le costume (version jaunâtre toutefois) depuis son entrée officielle dans le MCU. Bon, OK, à l’époque, il était encore question que ce Daredevil ne soit pas LE Daredevil, mais le variant d’un univers parallèle. Alors, on va dire ça… et qu’il y reste ! Mais alors, si c’est le cas… Pourquoi la compositrice Amie Doherty reprenait elle aussi à sa façon le fameux thème de Paesano ?

[« She-Hulk – Ketchup & Mustard Color Scheme » – Amie Doherty]

Dans le même esprit, mais en plus sérieux, Charlie Cox a également affronté la protégée du Caïd, Echo, dans la mini-série dérivée du même nom… C’était en 2024, avec Alaqua Cox dans le rôle-titre… Eh non, aucun lien de parenté avec Charlie à déclarer… Bon là, c’est court mais beaucoup mieux. Il s’agit d’une séquence de combat. Assez énergique et plutôt bien chorégraphiée ; avec Daredevil dans son costume rouge-Netflix. C’est d’autant plus intéressant que, dans les comics, le personnage d’Echo apparait pour la première fois dans le Volume 2 de Daredevil. En 1999, sous la double plume de Joe Quesada et David W. Mack. A la musique, c’est Dave Porter, LE compositeur de Breaking Bad, qui officie. Et oui… Lui aussi s’amuse à injecter des bribes du thème de Paesano au sein de sa partition…  

[« Echo – Cage Fight » – Dave Porter]

Tout cela fait partie d’un plan concocté par Marvel/Disney visant à réintégrer Daredevil au sein de son Marvel Cinematic Universe officiel. Et pour ce faire, ils ratissent large ! La preuve, il a également un petit caméo dans le final de la saison 1 de la série animée X-Men’97… Et ça fait encore une fois bien plaisir…

[« X-Men’97 – Bad Odds » – The Newton Brothers]

… D’autant plus plaisir que la musique est confiée aux frères Newton… Que j’aime beaucoup. Là encore, je vous propose de rester jusqu’à la toute fin de cette émission pour découvrir ou redécouvrir le SérieFonia que je leur avais consacré en 2020… Un choix qui devient plus cohérent encore lorsque ces derniers sont également annoncés sur… Daredevil, Born Again ! LA série tant attendue… Qui se veut à la fois la quatrième saison de la version Netflix… Et la première d’un renouveau (presque) total…

[« Daredevil, Born Again – Faith x Fury, The Daredevil Suite » – The Newton Brothers]

Un renouveau qui a bien failli être un désastre. L’épisode de She-Hulk en étant la preuve. Car lorsque Disney annonce Born Again à l’édition 2022 du Comic Con de San Diego, il n’est nullement question d’offrir une suite à la série Netflix. Bien au contraire. Charlie Cox et Vincent D’Onofrio seront bien de retour dans leurs rôles respectifs… mais dans des variantes. Dans un autre univers. En vue de proposer quelque chose de beaucoup plus léger… voire d’édulcoré… Presque une série d’avocats. Un procédural de plus dans l’univers des séries télé… On n’avait vraiment ni besoin ni envie de ça… Surtout concernant Daredevil. Heureusement, on a eu de la chance ! La grève des scénaristes de 2023 a stoppé net le tournage de ces premiers épisodes dans leurs visions originelles. Cette pause forcée a permis à Charlie Cox d’exprimer ses doutes, pour ne pas dire ses regrets, vis-à-vis de ce qu’ils étaient en train de faire… de dénaturer. De plus, il était évident que les fans de la série de 2015 allaient grincer des dents…

[« Daredevil, Born Again – Pick Your Fight » – The Newton Brothers]

Après mures réflexions, les scénaristes Chris Ord et Matt Corman sont virés et, en octobre 2023, Dario Scardapane devient le nouveau showrunner de la série avec la ferme intention de rendre à Daredevil ce qui appartient à Daredevil. Ouf ! On l’a échappé belle… Finalement, Born Again sera bel et bien la suite des trois premières saisons Netflix. Du coup, on rappelle les autres comédiens… Jon Bernthal en Punisher, Wilson Bethel en Bullseye, Ayelet Zurer en Vanessa Fisk et, bien sûr, Elden Henson en Foggy et Deborah Ann Woll en Karen… Certains chorégraphes de combats sont également rappelés… Ne restait plus qu’à réécrire plus de la moitié de ce qui était déjà prévu… et à s’assurer d’y ajouter… une bonne part de violence graphique et psychologique…

[« Daredevil, Born Again – Fear No Evil » – The Newton Brothers]

Alors, au final, ça vaut quoi Daredevil, Born Again ?… Eh bien, toujours selon moi, c’est une réussite totale. Et ce, justement parce qu’elle ne cherche jamais à copier gratuitement la série Netflix. Les enjeux sont rapidement redéfinis… les nouveaux amis et ennemis également. Et la charte graphique n’a strictement plus rien à voir… Ce qui en a dérouté, voir déçu plus d’un… Or, c’est là que réside la principale force de la série : Born Again propose un nouvel arc, dans la continuité de l’ancien. On a changé de studio, de production et de créatifs… mais on raconte néanmoins la suite de l’histoire. Exactement comme si l’on passait d’un Volume à l’autre dans l’univers des comics ! Au fil des années, Daredevil… Mais comme son pote Spider-Man et beaucoup d’autres… a radicalement changé. Chaque scénariste, chaque dessinateur y a apposé sa marque… Y compris (et surtout) graphiquement. Plus intéressant encore : cette première (ou quatrième) saison va puiser dans les comics récents ! Muse, par exemple, a été inventé durant le Volume 5 des comics, lorsque le titres dépendait des talents du scénariste Charles Soule et du dessinateur Ron Garney… C’était en septembre 2016. Et force est de constater que sa représentation à l’écran et son interprétation par Hunter Doohan est aussi fidèle que flippante…

[« Daredevil, Born Again – Muse » – The Newton Brothers]

Les 9 épisodes de cette première saison sont parfaitement écrits, pensés, joués et exécutés. Et laissent présager du meilleur pour les 8 prochains… qui arriveront dès l’année prochaine. Sans oublier le téléfilm spécial The Punisher qui va venir s’intercaler entre les deux… Et ça… C’est vraiment cool, putain ! En bref… Charlie Cox en Daredevil, tout porte à croire que ce n’est pas près de s’arrêter… Sera-t-il dans les prochains films Avengers ? Ou, à défaut, dans le prochain Spider-Man ? Apparaitra-t-il dans d’autres séries dérivées encore ? Dorénavant, absolument tout est du registre du possible. Du côté des éditions françaises des comics chez Panini, Daredevil est entre les mains des écrits de Saladin Ahmed et des crayonnés de Aaron Kuder et Juann Cabal. Matt y a délaissé son rôle d’avocat au profit d’une carrière de prêtre au sein d’un foyer pour jeunes orphelins et/ou délinquants… Il partage son masque avec Elektra, que l’on surnomme à présent parfois The Woman Without Fear… et est contraint de se lancer dans des aventures ouvertement fantastico-ésotériques – voire carrément démoniaques – ne cessant de faire évoluer la saga vers de nouveaux terrains de jeux… Tout cela plus de 60 ans après sa création. Je vous quitte justement sur cette réflexion… qui se trouve également être le titre du dernier morceau que j’ai choisi de vous diffuser… C’est toujours pour Born Again… C’est toujours des frères Newton… Et c’est décidément excellent. Vivement… Vivement la saison 2… ou 5… C’est comme vous préférez…

[« Daredevil, Born Again – Reflection » – The Newton Brothers]

[SerieFonia 2018-2019 – Pastille 031 – Defenders… Désassemblement!]

[SérieFonia 2020-2021 – Pastille 004 – De Shining à Hill House]

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