Le président américain s’est levé tôt jeudi pour répondre aux questions de la journaliste Maria Bartiromo sur la Fox Business Network. Un journaliste de CNN est revenu sur l’intégralité de cette interview, durant laquelle il aurait prononcé pas moins de 42 phrases choc, comportant des approximations ou des fake news…Petite sélection.
Donald Trump et les phrases choc ou mensongères c’est une très longue histoire. Mais alors qu’on pensait à peu près avoir tout vu de la part du 45e président des Etat-Unis, un journaliste de CNN s’est penché sur l’une de ses interviews accordées à la FOX Business Network pour nous surprendre. Prononcer 42 phrases choquantes, douteuses, voire tout simplement fausses, en l’espace d’un seul entretien ? Défi relevé par Donald Trump, et on en a traduit les meilleures pour vous :
« La pandémie va s’en aller, comme je le dis, elle va s’en aller. Lorsqu’ils crient « comment vous pouvez dire ça ? » je réponds simplement : « parcequ’elle va s’en aller«
A l’heure actuelle, si Donald Trump fait preuve d’un optimisme sans faille, la pandémie aux Etats-Unis s’élève à 5 176.018 cas. Le nombre de décès lors des dernières 24 heures est de 1.497 morts, pour un total de 165.148 décès depuis le début de l’épidémie, selon le CDC. Et à en croire les principales instances médicales internationales, il n’y a absolument aucune preuve que le virus « disparaisse » ou « s’en aille » un jour véritablement. Si jamais c’était le cas, on en est encore loin…
« Il faut reconstruire les villes parce que trop de lumière passe par les fenêtres, alors faisons en sorte que les fenêtres soient belles et petites. Détruisons l’Empire State Building et remplaçons-le par un bâtiment sans fenêtres ! . »
Par cette phrase, Donald Trump fait directement référence à l’une des propositions du Green New Deal proposé par les démocrates, Alexandria Ocasio-Cortez en tête. En réalité, la proposition en question vise à installer davantage de fenêtres plus efficaces sur le plan énergétique dans les grands immeubles de bureaux ou les maisons. L’idée serait d’accompagner les propriétaires à remplacer leurs fenêtres, ce qui pourrait bien réduire leurs factures d’électricité et éviterait le gaspillage d’énergie. Vous l’aurez compris, il n’est pas vraiment question de détruire l’Empire State Building.
Les démocrates « se disent particulièrement touchés par les groupes de défense des animaux mais ils ne veulent plus de vaches, ils ne veulent pas avoir d’animaux sous quelque forme que ce soit« .
Là encore, c’est une allusion au Green New Deal, qui met en lumière le problème de l’élevage bovin intensif, et la question du méthane rejeté par les vaches, qui a un réel impact environnemental. Pas sûr que les démocrates veuillent éradiquer les vaches des pâturages américains pour autant.
Joe Biden et Kamala Harris « sont des gens gravement malades. »
A l’heure actuelle, on ne sait toujours pas de quelle mystérieuse pathologie seraient touchés le candidat à la présidentielle américaine et sa colistière.
« Ecoutez, nous avons été touchés par la peste chinoise et nous ne l’oublierons pas. »
Si la pandémie de coronavirus trouve bel et bien son origine dans la province du Hubei, en Chine, on ne peut pas parler pas de « peste chinoise ». D’abord, la peste est une maladie comportant des caractéristiques communes avec le coronavirus, mais est bel et bien différente. De plus, le qualificatif même de « virus chinois« comme Donald Trump aime à le qualifier, n’est pas exact, perçue par la communauté chinoise comme une véritable insulte.
Sur les élections de novembre : « Nous nous en sortons très bien dans les sondages«
En réalité, il n’y a pas de sondages où Trump se débrouille « très bien » comme il l’affirme. Tous ceux qui ont été publiés jusqu’à maintenant mettent même le président sortant derrière Joe Biden, à chaque fois. Même ceux de son média favori Fox News crédite Joe Biden de 49% des voix, contre 42% pour Trump, c’est dire…
« J’ai construit la plus grande économie de l’histoire, le plus grand nombre d’emplois, les plus gros chiffres à la bourse, les plus gros chiffres économiques .«
Ce n’est pas exact non plus. Donald Trump aime exagérer les chiffres qui glorifient son mandat, et annoncer des records qui n’en sont pas vraiment. C’est tellement régulier que la rubrique de fact-checking de CNN a fini par publier un article qui revient point par point sur les exagérations à répétition du président, lors d’un discours du mois de juillet. Si bien souvent les chiffres économiques pourraient en eux-mêmes servir Donald Trump, crier au « record » à tout-va discrédite clairement son propos, car c’est faux la plupart du temps.
Alexandria Ocasio-Cortez était « une élève pauvre – je ne dirai pas où elle est allée à l’école, ça n’a pas d’importance – ce n’est même pas une personne intelligente, elle a juste a une bonne ligne de conduite. »
C’est d’abord faux, puisque Alexandria Ocasio-Cortez est allée dans la prestigieuse université de Boston, mais c’est surtout diffamatoire. Le lien qui est fait entre la prétendue pauvreté d’AOC et son niveau d’intelligence est déjà douteux. Mais dire clairement qu’elle n’est « même pas une personne intelligente » est tout simplement calomnieux, et n’apporte pas grand chose au débat.
A propos du vote par correspondance proposé pour les élections américaines en raison de la pandémie que Donald Trump refuse catégoriquement : « Vous savez, il n’y a rien de mal à sortir et à voter, vous sortez et vous votez. Ils ont voté pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale«
Une comparaison assez incompréhensible. Si ce n’est pas le premier chef d’Etat qui compare la crise sanitaire à une période de guerre, force est de constater que le comparaison ne s’applique pas vraiment dans ce cas de figure. Aller voter en période de pandémie, c’est dangereux en raison de la contagiosité du virus. Et jusqu’à preuve du contraire, les périodes de guerre dramatiques qui sont évoquées, ne possédaient pas cette caractéristique-là.
Toujours concernant le vote par correspondance : « Ce sera la plus grande fraude de l’histoire. Ce sera la plus grande fraude. Ce sera presque aussi frauduleux qu’Obama espionnant ma campagne«
Comme le démontre le Washington Post dans l’un de ses articles, il n’a absolument jamais été prouvé que l’ancien président des Etats-Unis Barack Obama a espionné la campagne de Donald Trump. Et comme l’a très bien fait remarquer CNN, en s’opposant aussi fermement à ce type de scrutin, le 45e président des Etats-Unis pourrait bien être en train de préparer le terrain pour contester l’élection en cas de défaite.
Ce ne sont que quelques extraits du florilège d’insultes, de fake news et de phrases choc dont le président américain s’est fait l’auteur lors de cette interview. Donald Trump a encore prouvé que lorsqu’on pensait avoir touché le fond, on pouvait encore creuser…