Sifflements dans le métro, remarques grossières, commentaires sexistes intempestifs, attouchements : le constat sur le quotidien des jeunes femmes dans les transports en commun est effroyable selon les résultats édifiants d’une étude publiée jeudi par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), qui prône la lutte contre toutes ces violences sexuelles.
100 % des femmes qui utilisent les transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie des agressions sexuelles ou du harcèlement sexiste. C’est en tout cas ce que révèle un rapport remis ce jeudi matin par la présidente du HCEfh, Danielle Bousquet, à la secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes Pascale Boistard.
Plus frappant encore, ce rapport mené en mars auprès de 600 femmes de Seine-Saint-Denis et d’Essonne nous apprend surtout que la majorité des femmes victimes de ce type de violences est mineure lorsqu’elles sont pour la première fois victimes de ce genre de comportements. Deux-tiers des usagers des transports publics sont des voyageuses et deux-tiers des victimes d’injures et insultes sont des femmes, tout comme l’écrasante majorité des victimes de violences sexuelles. Ces violences sexistes et sexuelles ont lieu principalement dans les bus et les bus scolaires tandis que les violences à l’encontre des hommes ont plutôt lieu dans les trains.
Un rapport unanimement salué
La ministre de la Santé Marisol Touraine a qualifié ce rapport de « grande qualité » ce matin sur iTélé, ajoutant que « le gouvernement prendra des mesures fortes d’ici quelques semaines parce qu’il n’est pas tolérable de ne pas pouvoir prendre un transport en commun sans être importunée ». Sa collègue chargée du droit des femmes a elle aussi jugé « très bon le rapport du HCEfh qui apporte des réponses concrètes et prend en compte toutes les entités qui gèrent l’espace public ».
Après la prise de conscience, l’action !
Malgré un premier pas vers la reconnaissance de ce fléau, comment faire pour le combattre de manière efficace ? Pour répondre à cette question, le HCEfh propose un grand plan national d’action nommé « Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne ». Celui-ci repose sur trois orientations et quinze recommandations en direction des pouvoirs publics, conseils généraux et communes, des opérateurs de transports, mais aussi du grand public: femmes victimes de harcèlement, témoins et… agresseurs.
De manière concrète, le Haut Conseil préconise la généralisation de numéros d’alerte tels que celui de la SNCF, le 3117, ou encore les bornes d’arrêt d’urgence sur les quais. Le « 3117 » pourrait être généralisé à l’ensemble des réseaux de transports, avec la possibilité d’envoyer des sms ou de télécharger des applications, alors qu’il n’est actuellement utilisable que dans les réseaux transiliens. Ce numéro pourrait également être inscrit sur tous les titres de transport.
Le rapport conseille par ailleurs la formation les professionnels du transport afin d’apprendre à gérer ce type de situation. Les bus pourraient en outre bénéficier d’arrêt « à la demande », comme c’est déjà le cas au Canada par exemple, pour assurer la sécurité des personnes lors de sorties nocturnes.
Harcèlement ou flatterie ?
Certains semblent toutefois avoir à redire de cette étude. C’est notamment le cas de Sophie de Menthon, présidente de sociétés et membre du Conseil économique, social et environnemental, qui a publié il y a quelques heures un tweet qui créé la polémique sur les réseaux sociaux:
100% des femmes seraient « harcelées » quotidiennement . Ne pas tout confondre: être sifflée dans la rue est plutôt sympa !
— Sophie de Menthon (@SdeMenthon) 16 Avril 2015
De quoi se mettre à dos une grande partie des voyageuses françaises.