Frigide Barjot, désormais Virginie Tellenne à la tête de « L’Avenir pour Tous », sort du silence. Elle répond à Marlène Schiappa et l’accuse « d’amalgames pour attiser volontairement la violence avant la loi de PMA anonyme pour tous ».
« Ce sont des propos scandaleux ! ». Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, est furieuse. L’interview de Marlène Schiappa dans Valeurs Actuelles fait polémique et pour cause. La secrétaire d’Etat à l’égalité Femme-Homme estime que les « militants de la manif pour tous » et les « terroristes islamistes » partagent des « convergences idéologiques », notamment « la même homophobie ».
[Interview] Marlène Schiappa sur l’homophobie : “Je ne mets pas sur le même plan la Manif pour tous et les terroristes islamistes, mais je souligne l’existence d’une convergence idéologique” >> https://t.co/9NFrH1bTdX pic.twitter.com/cbRG2oSWH3
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) 20 février 2019
Pour l’ancienne porte-parole de la « Manif pour Tous » version 2012-2013 – qu’elle décrit comme « un grand mouvement pluriel de défense de la filiation biologique, plus réductible à la « Manif pour Tous » actuelle » – les paroles de Marlène Schiappa sont « incompréhensibles ». « Comment une ministre peut-elle comparer des gens qui tuent des centaines de personnes avec des militants pacifiques, que Schiappa accuse sciemment de refuser leurs familles aux homosexuels ? » s’exclame Virginie Tellenne, déléguée générale de « L’avenir pour tous ».
« Le mouvement immense de 2012-2013 ne pouvait pas être homophobe »
Pour elle, les propos « délirants » de Marlène Schiappa relèvent d’une stratégie gouvernementale « de conflictualisation pour faire monter la colère » avant l’arrivée de la loi bioéthique devant le Parlement. « Elle est communique pour attiser la violence entre les communautés, comme entre les homos et les cathos en 2013, mais avec de la cathophobie et de l’antisémitisme en plus : au lendemain de la grande marche républicaine contre l’antisémitisme et alors que l’on profane deux églises par jour, c’est inadmissible ! » s’insurge l’ex-opposante n°1 à la Loi Taubira qui explique que l’amalgame entre « islamisme et catholicisme s’ajoute à celui entre homophobie et antisémitisme, déjà pratiqué en 2013 par Pierre Bergé, notamment ».
« Je ne suis pas une anti-« mariage gay » mais une pro-« union civile co-parentale »
Aujourd’hui, comme hier, Frigide Barjot refuse d’être « considérée comme une anti-mariage gay ». Selon elle, dans les manifestations de 2013, elle proposait « une forme de « mariage gay » » par une « union civile sans changement de filiation ». « Le mouvement ne pouvait pas être homophobe ! Je défendais pour les couples homosexuels une union civile, cadre d’une famille incluant père et mère géniteurs des enfants; le combat était sur la filiation biologique en perspective de l’arrivée de la PMA sans père ni mère géniteurs » rappelle celle qui était alors adulée par des foules bleu et rose. Une idée brutalement abandonnée par la direction de La Manif pour Tous au vote de la loi Taubira, et qui provoqua le départ en fanfare de son égérie, à Lyon en mai 2013.
« Je ne veux pas être amalgamée à la « Manif pour Tous » actuelle, résiduelle et violente »
Désormais à la tête de « L’Avenir pour Tous », Virginie Tellenne continue le combat sur la filiation et la procréation sexuées pour tous. « Nous défendons toujours le principe d’une union civile égale en droits d’union et d’éducation qui ne remette pas en cause la filiation et la procréation biologiques des enfants » explique-t-elle. Opposée à la PMA et la GPA de semences anonymes et de ventres loués, elle refuse l’anonymat des géniteurs à la fécondation et propose donc la reconnaissance de la « filiation biologique » par le système de la « co-parentalité » pour les familles homo et monoparentales. « Un enfant aura soit 2 co-parents, donc un père pour les enfants des femmes célibataires ou inversement, soit 3 ou 4 co-parents pour les familles homoparentales : 2 géniteurs et 1 ou 2 éducateurs ou inversement. Les enfants sont conçus soit par insémination naturelle, soit par insémination artificielle, voire par FIV en cas de stérilité des deux géniteurs participant au projet co-parental. Cela se pratique déjà depuis fort longtemps dans la communauté gay et lesbienne. Il faut désormais un statut juridique des co-parents géniteurs inscrits dans l’acte de naissance » précise-t-elle.
Avec « la coparentalité », Virginie Tellenne dit proposer ni plus ni moins que « le modèle de la crèche ». Et d’illustrer : « Jésus a deux parents géniteurs : Dieu et la Vierge Marie et un parent éducateur : Joseph ».
Un modèle qui permet déjà aux homosexuels « de s’unir avec les mêmes droits que dans le mariage sexué » et « d’élever leurs enfants sans servir de caution à l’ouverture d’un marché de semences et d’embryons numérisés dans le big data des données génétiques. A L’Avenir pour Tous, nous faisons réellement barrage à la post-humanité ».