Attention, une oeuvre culte. Getter Robot est une saga pionnière, écrite par celui qu’on ne présente plus : Go Nagai. Un monument de la pop-culture nippone.
Les éditions Isan nous font le plaisir de sortir pour la première fois en France le classique de Go Nagai et Ken Ishikawa : Getter Robot.
Getter Robot est principalement connu via son adaptation animé constituée de nombreuses saisons réalisée sur 30 ans, mais ce qui va nous intéresser ici c’est bien le manga. En 1974, les séries d’animation sortent quasiment en même temps que le manga dont elles sont issues et Getter Robot ne fait pas exception. Son média mix est issu du prolifique studio de la Toei qui vient de décrocher la timbale avec Mazinger Z peu de temps avant avec exactement le même auteur.
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Autant dire que Go Nagai est en odeur de sainteté quand ils lui commandent une nouvelle série. Pour ce faire il décide cette fois de ne s’occuper que d’une partie du scénario et du concept principal, laissant le reste à son jeune protégé Ken Ishikawa. Une intrigue écrite à quatre mains avec au dessin un jeune talent de son équipe : Getter Robot est lancé.
On tient à rappeler avant toute chose que, si ici on parle de shonen, les standards de l’époque sont très différents. Contrairement à sa très sage version animée conçue pour les enfants, le manga de Getter Robot n’a pas du tout la même cible.
Harder Getter Faster Stronger
Le pitch de départ est toujours le même : Alors qu’une équipe de scientifiques tente de construire un robot pour l’exploration spatiale, ils se font soudainement attaquer par des créatures mi-lézard mi-machine. Un autre groupe, conscient du danger, cherche des pilotes capable de dompter ce robot géant d’un nouveau genre : le Getter Robot.
Le ton est bien plus cru et violent, jusqu’à rappeler Devilman du même auteur. Au risque de paraphraser Ségolène Royal : “coups, meurtres, têtes arrachées, corps électrocutés, masques répugnants, bêtes horribles, démons rugissants. La peur, la violence, le bruit.”. En substance, difficile d’imaginer meilleure définition pour Getter Robot.
Des morts et de la violence, il y en a par palettes. Nos trois héros ne sont pas des enfants de chœur : ce sont des brutes sauvages, choisis pour leurs aptitudes physiques exceptionnelles puis forcés à rentrer dans le rang par la force des événements. Immoraux, ils n’en restent pas moins attachants. Mais pourquoi un trio ? Par rapport aux autres titre du genre Super Robot, Getter Robot est le premier à proposer ce qui est devenu un archétype du genre mecha : le “gattai”, fusion de plusieurs machines pour n’en former qu’une plus puissante. Et en fonction de quelle machine prends la tête, Getter change de forme et d’aptitude. Rayon laser, hache de combat, perceuse, meilleure résistance ou vitesse afin de s’adapter à tout type de terrain et d’adversaire.
Le scénario de Getter Robot n’a finalement que peu de subtilité. Un robot, des monstres à dégommer et roulez jeunesse. La force du titre réside donc non pas dans son intrigue, bien que pleine de surprises et de rebondissements malgré sa simplicité, mais bien dans la dépiction des duels et stratégies mise en oeuvres pour vaincre l’empire des reptiliens. Les affrontements sont titanesques, épiques, et même si les sbires de Gore font clairement daté, on ne doute pas une seule seconde de leur dangerosité en voyant les massacres qu’ils perpétuent durant toute la série.
Adopte un mech’
Le dessin d’Ishikawa, épais et caricatural quand il s’agit des personnages aux designs résolument old-school, prend une toute autre dimension quand il s’agit de dessiner de la mécanique. Il se découvre une finesse rare qui donne lieu à des planches d’anthologie, bourrée de détails, simplement bluffante. C’est d’autant plus beau que souvent il s’agit de double-pages particulièrement travaillées et dynamiques mettant l’emphase sur des poses clés iconiques qui subliment l’action.
Un dessin superbe relevé par l’édition d’Isan qui propose les volumes dans un format A4 (encore très rare dans le manga en France !), qui permet d’apprécier pleinement les planches de l’artiste. D’ailleurs parlons en de cette édition. Isan n’a pas fait les choses à moitié, nous avons droit à une impression de qualité, très luxueuse, à la hauteur de son prix et surtout de sa rareté car cette série ne sera jamais réimprimée : 1000 exemplaires et pas un de plus ! Autant dire qu’ils deviendront sacrément collector d’ici quelques années.
En définitive Getter Robot est un titre rétro résolument novateur, à mettre en parallèle avec son époque. La violence y est décomplexée et au service d’une action jubilatoire et sans concession pour son lectorat. C’est un pilier du mecha qui n’a pas volé sa réputation et mérite clairement qu’on y jette un oeil. C’est un excellent divertissement qui ne fera pas beaucoup réfléchir mais apportera son lot d’émotions !
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