L’hypothèse du Grexit est définitivement fermée. Le remboursement de la dette du pays a débuté. Syriza n’est plus au pouvoir et c’est un nouveau gouvernement qui s’est installé en juillet 2019. En théorie, la page semble être tournée. Mais le peuple grec demeure en souffrance, subissant les dernières conséquences d’une crise économique importante et d’une politique d’austérité imposée par l’Union européenne. 11 ans après, le pays garde des séquelles.
Nouveau gouvernement, nouvelle histoire ?
Une victoire écrasante pour Nouvelle Démocratie qui marque la fin du règne Tsipras et son parti de gauche Syriza. 39,7% lors des élections législatives anticipées début juillet et le pays change de bord, oubliant celui qui a été élu pour une mission de survie : sauver le peuple grec de la tutelle écrasante européenne. Le pays a mis fin aux promesses et a jeté son dévolu sur Kyriakos Mitsotakis avec un programme ambitieux : entre baisse d’impôt et réformes favorables au marché pour attirer des investissements.
L’économie grecque semble avoir sorti la tête hors de l’eau : le marché du travail a repris en même temps que la consommation et les exportations. Le seuil des 2% de croissance devrait être atteint cette année. Un espoir qui réjouit davantage l’Union Européenne, qui n’a plus besoin d’imposer sa « troika » et sa politique économique écrasant toute la population grecque, que les grecs eux-mêmes.
Un peuple qui se relève doucement.
Le pays va mieux mais le chômage reste toujours considérable, atteignant 18%. De plus, même si ce score semble fermer toute possibilité d’un retour au taux spectaculaire de 23% en 2016, ce chiffre cache une précarité plus insidieuse. En effet, tous les nouveaux emplois créés sont essentiellement temporaires ou à temps partiel. Le peuple garde un genou à terre.
Aujourd’hui, un salarié grec sur trois travaille à temps partiel pour un salaire net de 317 euros, inférieur à l’allocation de chômage de 360 euros. Et la pauvreté reste la plus élevée de la zone euro […].
George Pagoulatos, professeur d’économie à l’université d’Athènes
Il ne reste qu’un salaire d’un travailleur à temps partiel sur trois est souvent très faible, parfois inférieur à l’allocation chômage du pays de 360 euros. Et 34,8% des Grecs restent exposés au risque de pauvreté et d’exclusion sociale. La moyenne de la retraite est encore minime. Une situation loin d’être rassurante un an après la sortie définitive du plan d’aide européen.
Mais les commerçants ouvrent de nouveaux et le tourisme national persiste (32 millions de visiteurs en 2018). Autant de voies possiblement exploitables pour assurer une véritable sortie de crise au point de vue européen, mais aussi sur le plan national.
Les relations avec l’Europe s’apaisent.
Malgré la gestion catastrophique de la dette grecque par les autorités européennes, la population reste paradoxalement europhile. En témoigne le taux de participation des grecs aux dernières élections européennes : un chiffre dans la moyenne haute des pays de l’Union avec 58,69%. Un résultat plus qu’anecdotique lorsque l’on sait que les partis europhobes du pays récoltent des scores très faibles.
Et les grecs ont envoyé en message fort dans les urnes : la volonté d’un retour à la normale autant qu’une punition pour Syriza (affaires successives, mauvaise gestion de l’incendie de l’été 2018 mais aussi l’accord de Prespa l’année dernière très impopulaire) et ses rêves abandonnés. Nouvelle Démocratie marque un espoir d’apaisement, incarnant une ligne moins conflictuelle avec l’Europe. Logique lorsque l’on voit que ce nouveau gouvernement s’aligne sur la tendance politique dominante des représentants des pays de l’UE (15 des 28 pays adoptent une tendance allant de centre-droit à droite radicale). Ce changement de politique a été motivé par une envie de normalisation des rapports en se concentrant sur les enjeux contemporains : les emplois et la sécurité des citoyens grecs.
Et le chantier a déjà commencé avec une réforme sur le durcissement du droit d’asile devant l’augmentation du nombre de migrants et un « grand projet de loi pour la croissance ». Un an après la fin du plan d’aide européen, la Grèce est sortie d’une crise encore difficile à évaluer. Mais la page n’est définitivement pas tournée, en témoigne la population qui en subit encore les conséquences. L’avenir nous dira si l’espoir placée dans ce nouveau gouvernement pourra rallumer les rêves de grecs abattus.