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Hitchcock, « Psychose » et un couteau à beurre

Adapté d’un essai de Stephen Rebello inédit en France, le biopic du maître du suspense parle de tout, sauf peut-être de Hitchcock lui-même.

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HitchcockÀ la manière d’un clown, Anthony Hopkins semble se délecter à singer la démarche et la corpulence d’Alfred Hitchcock, qu’il avait lui-même choisi d’utiliser comme marque de fabrique, intervenant en costume-cravate dans ses propres feuilletons télévisés. Fallait-il pour autant transformer cette biographie historique en comédie romantique bien molle ?

Le succès public et critique de La Mort aux Trousses (1959) a conforté Hitchcock dans sa capacité à séduire son audience. Cependant, à court d’idées excitantes, Hitch’ tente de se renouveler, d’innover, pas facile quand on a 60 ans, 44 films et une piscine à son actif. Entouré de sa femme Alma Deville (excellente Helen Mirren) et de son assistante Peggy Robertson (Toni Collette, toujours impeccable), il construit néanmoins un projet risqué à partir d’un fait divers mieux connu sous le nom du livre qui a choqué l’Amérique : Psychose.

Avant toute chose, si vous n’avez pas encore vu Psychose, des éléments dans cet article risqueraient de ruiner son intrigue, je vous invite à voir ce film avant d’aller plus loin dans ma lecture. La déception aurait pu être grande : au lieu de décortiquer le chef-d’oeuvre de Hitchcock et d’analyser le génie du réalisateur, nous avons droit à une crise de couple sur fond de tournage difficile. La fameuse scène de la douche n’est même pas sujette à des questions esthétiques : elle est utilisée pour exprimer la jalousie du pauvre petit Alfred. Anthony Hopkins s’amuse, Helen Mirren rayonne, Scarlett Johansson fait monter le taux de natalité, rien de nouveau sous le Soleil d’Hollywood. Sacha Gervasi a essayé sans grande conviction la carte du réalisateur névrosé : Hitchcock est hanté par le tueur à l’origine du fait divers. Cependant, comme la figure fantomatique qu’il incarne à l’écran, ce tueur ne fait que traverser son esprit sans effleurer un tant soit peu le scénario bien pauvre. Certes, l’intrigue fait une part belle à deux figures féminines qui ont travaillé sans relâche avec Hitchcock dans l’ombre, dont sa propre femme. Pourquoi, à ce moment-là, ne pas avoir appelé le film Alma ?

Scarlett Johansson, Anthony Hopkins et Helen Mirren dans "Hitchcock" de Sacha Gervasi

Malgré cette romance parfois poussive, d’où vient pourtant ce charme qui nous fait rester : des clins d’oeil de Jessica Biel ou de ce qu’appellerait Allociné des croustillants secrets de tournage ? Rien de très académique ou meta-cinématographique ressort de ce divertissement. L’histoire aurait très bien pu être appliquée à un autre réalisateur, sans provoquer peut-être le même engouement. Non, inexplicablement, un simple aperçu des coulisses de création sur une mélodie entraînante de Danny Elfman (compositeur attitré de Tim Burton et du générique de Desperate Housewives) aura suffi à faire illusion. Assez malicieusement, le génie de la suggestion dans Psychose est appliqué à sa version biopic. Plus qu’une histoire vraie avec des tripes, Hitchcock se la joue fine. Enfin, façon de parler. Au mieux, vous aurez envie de revoir l’original. Au pire, vous croirez que Scarlett Johansson y joue dedans.

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Crédit photos : Twentieth Century Fox

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