Une action féministe a eu lieu ce mardi 7 juillet devant l’église de la Madeleine pour protester contre la nomination de Gérald Darmanin, visé par des accusations de viol, au ministère de l’intérieur
« Ministère du viol », « Culture du viol En Marche! », « Darmanin violeur, Etat complice », les pancartes et les slogans ne manquaient pas ce mardi après-midi devant l’église de la Madeleine, à quelques centaines de mètres de l’Elysée où se tenait le premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement. Plusieurs centaines de femmes se sont retrouvées pour protester contre la nomination de Gérald Darmanin au poste de Ministre de l’Intérieur, après avoir tenté de manifester ce mardi matin près de la Place Beauvau lors de la passation avec Christophe Castaner. Nombreuses sont les militantes féministes à se dire « écœurées » ou « choquées » du nouveau poste offert au maire de Tourcoing, malgré une enquête en cours qui le vise pour viol. Après un non-lieu prononcé en 2018, la cour d’appel de Paris a ordonné pas plus tard que le 11 juin dernier la reprise des investigations concernant une accusation de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance le visant. Les faits remonteraient à 2009.
L’enquête en cours, « pas un obstacle pour l’Elysée »
Lundi 6 juillet, juste après l’annonce du remaniement et de la promotion de Gérald Darmanin, l’Elysée avait fait savoir à l’AFP que cette enquête en cours “n’a pas fait obstacle” à la promotion de l’ex-ministre du Budget. Plus encore, l’entourage d’Emmanuel Macron aurait précisé qu’il « semble que les choses vont dans le bon sens« . Un phrase qui a une importance non négligeable, laissant entendre que l’Elysée aurait d’une manière ou d’une autre un œil sur l’évolution du dossier judiciaire du nouveau ministre de l’Intérieur. Une évolution de la situation qui inquiète forcément Élodie Taillon-Hibon, l’une des avocates de la plaignante, Sophie Patterson-Spatz : « Nous redoutons que les choses se compliquent maintenant que le mis en cause est devenu ministre de l’Intérieur. Un homme sur lequel la police va devoir enquêter, certes sous le contrôle d’un juge, est la tutelle des policiers chargés de l’enquête » a-t-elle déclaré au HuffPost, tout en assurant que la plainte n’a pas été retirée.
Eric Dupond-Moretti également très critiqué
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Gérald Darmanin n’était pas le seul à être dans le viseur des manifestatantes. Le nouveau garde des sceaux Eric Dupond-Moretti représente également pour bon nombre de militantes féministes le virage particulièrement dramatique pour la cause des femmes qui a été pris dans ce remaniement ministériel. L’ancien avocat pénaliste s’est en effet plusieurs fois fait remarquer pour ses positions défavorables aux mouvement de libération de parole des victimes de violences sexuelles, et bon nombre d’internautes n’ont pas manqué de le rappeler. Eric Dupond-Moretti affirmait par exemple en 2018 que « certaines femmes regrettent de ne plus être sifflées« . Après avoir obtenu l’acquittement de l’ex-secrétaire d’Etat Georges Tron pour des accusation d’agressions sexuelles de deux anciennes employées municipales, l’avocat s’était également prononcé en ces termes : « Coucher pour devenir une star ce n’est pas être violé, c’est une promotion canapé!« .
Une pétition demande la démission des deux ministres
Ne s’arrêtant pas à la simple manifestation pour demander la démission pure et simple des deux nouveaux nommés, une pétition a été lancée à l’attention d’Emmanuel Macron « Pour un gouvernement qui ne promeut ni racisme, ni culture du viol, ni LGBTQIA+phobies« . Sur Franceinfo ce matin, la sénatrice et ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol a estimé que les nominations de Gérald Darmanin et d’Eric Dupond-Moretti étaient « une grande claque lancée à toutes les femmes » : « Ce gouvernement est très inquiétant du point de vue de ce qui était supposé être la grande cause du quinquennat, la question des droits des femmes et de l’égalité« .