Ce manifeste hédoniste qu’est la puissance d’exister de Michel Onfray, représente une synthèse de ses différents travaux antérieurs. Le philosophe libertaire nous met principalement en garde contre toute forme de pensée dominante, qu’il définit essentiellement dans son ouvrage comme étant caractérisé par la religion et la philosophie platonicienne.
Introduction magistrale dans cet ouvrage, Michel Onfray commence les cinquante premières pages de son livre par un récit autobiographique de son enfance, expliquant les raisons l’ayant poussé à philosopher, et à penser outre la doctrine dominante. Le philosophe y fustige tous les autres penseurs ne laissant aucune place au « moi » étant selon lui l’un des piliers de la philosophie, du moins matérialiste. La construction de sa métaphysique hédoniste se bâtit en commençant par l’adolescence. Un jeune que tout amène à sombrer dans le désespoir, trouve contre toute attente, la puissance d’exister. Il y évoque ses quatre terribles années d’orphelinat, le fait que sa mère ne le supportait pas, l’ayant par conséquent abandonné, et humilié à de nombreuses reprises.
Ce livre est sans doute idéal pour comprendre le cheminement de la pensée de ce philosophe se réclamant d’un hédonisme nietzschéen. Il y propose une contre histoire de la philosophie, marquée selon lui par 2000 années de vision chrétienne. A travers tout le récit, avec un style clair et concis, le philosophe développe sa pensée dont les bases de son architecture sont nettement guidées par une colère, mais une colère sans aucune haine ni rancune. C’est tout simplement grâce à ça qu’il découvre une puissance d’exister. Ce désir de vivre est tel, qu’il peut à mon sens, être parfaitement illustré par la citation « Vivre de telle sorte qu’il te faille désirer revivre, c’est là ton devoir. » de Nietzsche. Tout au long du livre, un fil directeur entraine la découverte de cet ultime désir, c’est la conquête du « je », tellement mis de côté par cette philosophie que Michel Onfray dénonce.
Inévitablement, l’éthique, l’érotique, l’esthétique et la politique sont rassemblées dans ce même ouvrage. Toutes ces thématiques aident au non renoncement du savoir, étant lui même un des nerfs de l’existence, permettant alors une réelle libération.
Globalement, cet ouvrage est un résumé de la pensée du philosophe, en apportant bien plus d’importance au vécu, que dans ses autres bouquins. Car ne l’oublions pas, le penseur est inéluctablement influencé par son existence, chair même de sa puissance.
Charles des Portes