Le Corbusier symbolise à lui seul l’avènement de l’architecture moderne, en France, en Europe et à l’international. Retour sur le talent d’un génie qui a laissé son empreinte dans les concepts urbanistes contemporains.
LA MAISON COMME OBSESSION
C’est en prenant conscience de la richesse de l’architecture française que Charles-Édouard Jeanneret-Gris, qui optera pour le pseudonyme Le Corbusier en 1920, a forgé son intérêt pour l’urbanisme. Ses rencontres avec Garnier, Perret, Behrens ou encore Mies Van der Rohe au début du vingtième siècle vont l’inciter à développer un style qui fondera les bases de l’architecture moderne.
Vidéo ► Le Corbusier expose son plan d’urbanisme pour Paris (© INA)
La maison est son obsession, dans la période de l’entre-deux-guerres. Pour Le Corbusier, elle représente le temple de la famille, une sorte de foyer animé par la vie humaine en permanence. Convaincu que son architecture doit répondre aux besoins de ses occupants, il va développer le système « domino », contraction de « domus » (en latin « maison »), et d’« innovation ». En s’inspirant des théories machinistes, il puise son inspiration dans l’ingénierie et les inventions récentes de l’époque. L’assemblage d’une ossature reposant sur des plots et élaborée à partir d’éléments préfabriqués en usine, lui font imaginer un module de base pour l’habitation individuelle, qui pourrait être une solution à la reconstruction des départements dévastés de la Première Guerre Mondiale.
Malgré de nombreux projets qui peuvent s’apparenter à une sorte d’urbanisme utopique par sa volonté d’offrir un logement de qualité au plus grand nombre, Le Corbusier va rapidement se faire connaître pour ses commandes de villas particulières. Une période puriste, dite « des villas blanches », se forge dans les travaux de l’architecte. La Villa Savoye, située à Poissy (78) incarne l’apogée des principes de Le Corbusier ; ses cinq points de l’architecture moderne – énoncés dans l’ouvrage éponyme – façonnent l’habitation.
La Villa Savoye illustre les 5 principes de Le Corbusier. © DR
Un toit-terrasse, des fenêtres-bandeaux, des pilotis, des plans et des façades libres font de la villa un véritable temple de la famille, qui flotte tantôt dans le paysage, tantôt dans les airs. Son allure géométrique met en valeur la régularité des formes et des matériaux de construction, et rappelle la vision qu’avait Le Corbusier de l’architecture.
Nos yeux sont faits pour voir les formes sous la lumière ; les ombres et les clairs révèlent les formes ; les cubes, les cônes, les sphères, les cylindres ou les pyramides sont les grandes formes primaires que la lumière révèle bien ; l’image nous en est nette et tangible, sans ambiguïté. C’est pour cela que ce sont de belles formes, les plus belles formes. Tout le monde est d’accord en cela, l’enfant, le sauvage et le métaphysicien. Vers une architecture (1924)
Si Le Corbusier a révolutionné l’architecture en intégrant des matériaux industriels et de nouvelles formes d’habitation, son talent influence encore aujourd’hui.
L’INFLUENCE POSTHUME
Décédé en 1965, Le Corbusier a fait des émules. Celui qui élaborait des maisons fonctionnelles en développant le concept « domino » trouve écho dans des champs d’application contemporains.
La domotique en est l’illustration la plus flagrante ; son développement dans les domaines du confort, des loisirs ou de la sécurité au sein d’une vie de famille est directement puisé dans l’univers de Le Corbusier, lui qui percevait ses maisons comme des « machines à habiter ». Autre influence, la maison en kit, qui permet de construire son habitat à partir de modules préfabriqués, et qui s’assimile également à la vision avant-gardiste de l’architecte suisse.
Quant aux fameux principes de l’architecture moderne énumérés par Le Corbusier, ils vont être repris dans de nombreuses constructions au design puriste. La Villa Extramuros, réalisée par l’agence Vora Arquitectura, réemploie notamment le style corbusianiste au Portugal.
La Villa Extramuros reprend l’idée du toit-terrasse, de la fenêtre-bandeau et de la façade blanche extérieure.
© Adrià Goula / RBA Images