Paris, terre de promotion des pays du Golfe. Cet été, le Royaume du Bahreïn a décidé d’investir dans le 2ème club de foot parisien, au sein du locataire de Charlety : le Paris FC. Le fonds bahreïni a acheté 20% des parts du Paris FC mais surtout le prestige « Paris », reconnu dans le monde entier. Au même titre que son voisin ennemi, le Qatar, le ballon rond est vecteur d’influence et de communication pour le Bahreïn. L’occasion pour nous de se focaliser sur ce pays méconnu mais ambitieux par le biais du sport.
Petit territoire du Golfe
Situé à l’est de la péninsule arabique dans le Golfe Persique, le Bahreïn est une île plus précisément un archipel de 33 îles entre le Koweït et le Qatar.
Dans cette monarchie, le souverain, depuis 2002, est Hamed ben Issa Khalifa, roi sunnite menant d’une main de fer un peuple de confession chiite (65%). Sa population est de 1,5 million d’habitants en comptant une large majorité de travailleurs immigrés venant d’Inde et du Pakistan. Le pétrole et le gaz naturel sont les deux principales ressources du pays qui est moins riche que le grand frère Saoudien.
Le plus petit pays du Golfe est dépendant de l’Arabie Saoudite, au niveau politique il suit les décisions fortes. Illustration pendant l’embargo imposé au Qatar en 2017, le Bahreïn a coupé ses relations terrestres, maritime et aérienne avec Doha au même titre que l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte.
L’image d’un Royaume controversé
Autre que son récent accord historique de paix avec Israël, appuyé par les États-Unis et l’Arabie Saoudite, le Royaume traîne les échos d’un régime fermé et autoritaire, ne respectant pas les droits de l’Homme. Pendant le printemps Arabe en 2011, le pays a été secoué par des manifestations et révoltes, en faveur de la démocratie, soldé par une dure répression du pouvoir. De grands soupçons de tortures et d’emprisonnements des opposants politiques ont été dénoncés par Amnesty International.
Dans la famille royale, le Prince Nasser ben Hamed Al Khalifa est un sportif émérite à la réputation plus que sombre.
Accusé à son tour d’actes de torture sur l’opposition politique, il est même interdit de territoire sur le sol Britannique. Nasser ben Hamed occupe malgré tout une place importante au sein de la gouvernance du Bahrein. A 33 ans, il commande la garde royale et incarne le Monsieur « jeunesse et sport » du Royaume.
Le sport est d’ailleurs son cheval de bataille. il est le principal instigateur de l’implication du Bahreïn dans le monde du sport ces dernières années.
Jouer à l’international
Depuis 2004, la capitale Manama accueille chaque année le Grand Prix de F1 du Bahreïn. Fierté nationale, le circuit international de Sakhir a été construit à temps pour cette exposition annuelle du pays à travers le globe.
De l’automobile au vélo, il n’y a qu’un pas pour le Prince Nasser qui crée une équipe de cyclisme World Tour en 2016. Au nom du Royaume, l’équipe Bahrein-Mérida change de sponsor fin 2019 en s’associant à la prestigieuse marque automobile Mclaren, détenu aussi en majorité par un fonds souverain bahreini.
Toujours sous l’impulsion de « Nasser », le pays possède une équipe de triathlon, sport où la « Team Bahreïn Endurance 13 » accueille les meilleurs triathletes et brille sur les terrains de la natation, du vélo et de la course à pied.
Pratique très courante chez les puissances du Golfe, le Royaume n’hésite pas à naturaliser des sportifs pour ses propres équipes nationales. La naturalisation consiste à donner la nationalité à un individu dans notre cas, dans un but sportif. La première et seule médaille olympique du Bahreïn vient d’une naturalisé d’origine Éthiopienne. Maryam Jamal a remporté le 1500 mètres au JO de 2012 en portant les couleurs du Bahreïn.
Exister sur la scène mondiale
Cette politique de rayonnement international par le sport résulte d’un « soft power » (influencer par la culture, par un mode de vie). Le Bahreïn se donne les moyens d’afficher la photo d’un pays sain faisant la promotion du sport, moderne et glorieux par la réussite de ses investissements. L’aspect sportif n’est qu’une voie pour toucher une audience mondiale plus grande.
Caché par les autres grands pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats arabes unis), cet ancien protectorat Britannique se cherche une visibilité dans le paysage de la Région, pour des objectifs économiques, l’aspect du Tourisme en autre. Centre financier en devenir, le pays veut se vendre, s’ouvrir au monde par le libéralisme économique. La capitale Manama se place comme une alternative touristique à Dubaï. Les boîtes de nuit, l’alcool et la prostitution sont autorisés, où nombre de Saoudiens traverse le pont Fadh surnommé « Johnny Walker » (célèbre marque de Whisky), pour s’adonner à ces plaisirs.
Toutes ces expositions sportives et investissements soulignent donc bien une politique précise du Bahreïn, celle de rayonner au delà de ses petites frontières.