Les français ont voté ce dimanche 7 juillet pour élire les nouveaux députés de l’Assemblée nationale. Cependant aucun parti n’a atteint la majorité absolue pour ces législatives. La France est à présent divisée en trois blocs, et attend le nouveau nom de son Premier ministre.
Les résultats du deuxième tour des législatives sont tombés dimanche à 20 heures. La gauche a crée la surprise en s’imposant en tête en étant suivie par l’alliance Ensemble et en troisième position du RN. Une situation inédite car aucun parti n’a de majorité absolue. C’est une première dans la Ve République où trois blocs vont alors se partager le pouvoir. Retour sur ce qu’il faut comprendre et retenir de ce second tour.
Trois blocs pour diriger
Le Rassemblement national est loin de la majorité absolue (143 sièges), le Nouveau Front populaire aussi (182 sièges), comme le camp présidentiel (163 sièges).
Cette situation va donner lieu à de grandes discussions et négociations entre les partis. Trois grandes questions se posent alors : quelle majorité va gouverner ? Avec quel programme ? Et quel Premier ministre ? Plusieurs combinaisons sont possibles et les partis devront revenir sur certaines déclarations tenues lors des campagnes pour créer une cohésion stable au sein de l’Assemblée nationale.
Pas de majorité absolue pour ces législatives
Si le Nouveau Front Populaire savoure sa victoire, tout n’est pas vraiment gagné. En effet, aucun parti n’a obtenu la majorité absolue. Que se passe-t-il dans ce cas ?
Emmanuel Macron avait dissous l’Assemblée nationale car il ne disposait pas de majorité absolue. Après ce nouveau scrutin, il se retrouve face à un hémicycle encore plus divisé. C’est une situation inédite. C’est seulement la troisième fois sous la Ve République, qu’aucune coalition ne rafle la majorité absolue. En 1988, il manquait 13 sièges aux socialistes. Un écart qui est monté à 39 en 2022 pour le camp d’Emmanuel Macron.
Aujourd’hui, au regard des résultats de ce second tour, il est compliqué de savoir quelle majorité se dégagera pour former un nouveau gouvernement. Si celui-ci est traditionnellement issu de la coalition en tête, il sera sous la menace constante d’une motion de censure de la part des autres groupes de l’Assemblée. « Le président a le pouvoir, a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner », a déclaré Jean-Luc Mélenchon.
Un accord plus large qui irait de la gauche aux macronistes est-il envisageable ? Pendant la campagne, cette hypothèse avait été rejetée par les cadres de La France insoumise. Une position réaffirmée par Jean-Luc Mélenchon. De son côté, Olivier Faure s’est dit opposé à « une coalition des contraires ». Raphaël Glucksmann a lui tenu un discours légèrement différent. « Il va falloir se comporter en adulte, parler, discuter, dialoguer », a-t-il déclaré. Ces derniers jours, Emmanuel Macron avait, lui, assuré que le camp présidentiel ne gouvernerait pas avec LFI.
Du côté des Républicains, la position adoptée par les députés (entre 63 et 68 sièges) sera aussi très regardée. Ils pourraient peser dans la constitution d’une future majorité dans le cas où la gauche n’arrivait pas à gouverner.
Le chef de l’État attendra la « structuration » de la nouvelle Assemblée pour « prendre les décisions nécessaires », a précisé l’Elysée.
La gauche en tête des législatives
C’est un revirement auquel le RN ne s’était pas préparé. La gauche du Nouveau Front populaire arrive en tête à l’issue des législatives avec 181 sièges, loin toutefois de la majorité absolue de 289 sièges. Dans le détail, selon des résultats quasi-définitifs, La France insoumise a obtenu 75 sièges (stable par rapport à 2022), le PS 65 sièges (+34 sièges), les écologistes 33 sièges (+ 10 sièges) et le Parti communiste 9 sièges (- 13 sièges).
Quelques minutes après l’annonce des premiers résultats à 20 heures, Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour indiquer que « le Nouveau Front populaire est prêt à gouverner. Aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable ».
La question du Premier ministre n’est également pas tranchée à gauche. La députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a appelé les députés du Nouveau Front populaire à se réunir dès lundi « en assemblée plénière » pour proposer, à l’issue d’un vote, à Emmanuel Macron un Premier ministre qui ne sera « ni François Hollande, ni Jean-Luc Mélenchon ».
Durant la campagne, ce dernier avait insisté pour que ce soit le parti arrivé en tête au NFP qui propose le nom du Premier ministre. Selon cette formule, ce serait donc à LFI de suggérer ce nom à Emmanuel Macron. Olivier Faure s’y était opposé en appelant à un vote au sein de l’ensemble du NFP.
Une petite victoire pour le RN
Déçus, les électeurs du RN voient la victoire s’éloigner et Bardella les portes de Matignon se refermer. Cependant, le RN n’a pas tout perdu. Alors qu’il avait obtenu 89 sièges en 2022, le Rassemblement national gagne du terrain à l’Assemblée nationale et remporterait entre 134 et 152 sièges. Le score est historique pour la formation de Marine Le Pen. « Le Rassemblement national réalise aujourd’hui la percée la plus importante de toute son histoire », a noté Jordan Bardella.
En tête du premier tour (33,15 %), le parti présidé par Jordan Bardella espérait remporter la majorité absolue. Le président du RN avait d’ailleurs annoncé qu’il n’accepterait d’entrer à Matignon qu’avec une majorité absolue. Il en est finalement très loin puisque le RN auquel il faut ajouter les candidats issus de l’alliance avec Éric Ciotti n’arriverait qu’en troisième position.
Un résultat qui serait dû aux effets du front républicain et au nombreux désistement de candidats NFP et d’Ensemble pour faire barrage à l’extrême droite. En même temps, les propos tenu et actions par certains candidats RN ont refait surface, créant de multiples polémiques.
L’alliance Ensemble a su garder le cap
Après l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin dernier, la place de beaucoup de députés de la majorité était menacée. Finalement, Ensemble, l’alliance du centre (Renaissance, Modem, Horizons) a limité les dégâts et devance même le Rassemblement national, avec 163 députés, contre 250 dans l’Assemblée sortante, et 350 lors de l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017.
Le soulagement s’est fait ressentir au sein de l’alliance. « Le bloc central est bien vivant », soulignait ainsi dimanche soir un proche d’Emmanuel Macron, précisant que ce dernier souhaite prendre le temps d’éplucher les résultats avant de définir la stratégie à suivre. Les partis d’Emmanuel Macron, François Bayrou et Edouard Philippe conservent leurs groupes à l’Assemblée, profitant à plein du front républicain instauré pour contrer le RN. Mais quoi qu’il décide, l’alliance centriste devra composer avec d’autres forces politiques, dont certaines sont loin de ses bases idéologiques.