CinémaLa Loi des Séries 📺

Les Goonies prennent d’assaut Sériefonia

Alors que l’on apprend que le film Les Goonies va connaître une suite, la bande de héros en quête de Willy Le Borgne arrive dans Sériefonia.

[« EXTRAIT SONORE : TRISTAN fait le Bouffi-Bouffon »]

[« SérieFonia : Season VII : Opening Credits » – Jerôme Marie]

[« The Goonies – It All Starts Here » – Dave Grusin]

C’est la septième saison déjà… C’est toujours SérieFonia… Et oui, je sais, c’est honteux… Qu’un enfant de cinq ans et demi… Même pas rémunéré… Soit exploité ainsi… Et absolument sans vergogne ! Non, franchement, je vous jure : je regrette… Profondément même. Enfin… Je regrette de ne pas y avoir pensé plus tôt ! Surtout pour lui faire dire des gros mots au micro ! D’autant que, pour le coup, dans la VO… Bah… Il n’y en a même pas… des gros mots.

[« EXTRAIT SONORE : THE GOONIES (VO) »]

Eh ouais, Ces dialogues imagés sont en réalité 100% français ! Ce qui fait gagner la scène autant en humour qu’en authenticité… Alors rien que pour le plaisir, avant de rentrer dans le vif du sujet… On se la refait !

[« EXTRAIT SONORE : THE GOONIES (VF) »]

Les Goonies ! De Richard Donner et débarqué sur les écrans américains en juin 1985. Je vous l’avoue bien volontiers, celui-là, on en parle depuis le début de cette nouvelle formule avec l’ami Alexandre Letren… Car quand on parle de films cultes des années 80, celui-là se pose là et bien là ! Mais bon… Comme Superman avait un peu fait l’actu en début de saison, j’ai préféré espacer un peu les deux films réalisés par Donner… Histoire de faire semblant de m’intéresser un peu à autre chose. Et puis, soudain, comme par magie, l’actu m’a de nouveau rattrapé… Après tant d’années, la mise en chantier d’un Goonies 2 vient d’être officiellement annoncée. Bon… De là à dire que c’est une bonne idée, c’est un peu prématuré mais, au moins, on ne pourra pas me reprocher d’être passé à côté…

[« The Goonies – Fratelli Chase » – Dave Grusin]

Les années 80 ont marqué un gigantesque bouleversement au cœur de l’industrie cinématographique hollywoodienne… Ou américaine tout court. Petit à petit, le réalisme et le pessimisme des anti-héros ayant dominé la fin des sixties et le quasi ensemble des seventies… Du Parrain à Scarface, en passant Taxi Driver ou même Orange Mécanique… pour ne citer que les plus évidents d’entre eux… vont (provisoirement) laisser la place à une sensationnelle vague de fun et de créativité aux intentions premières beaucoup plus lumineuses ; majoritairement portée par les Spielberg, Lucas, Zemeckis, et/ou autres Joe Dante… et ouvertement destinée à public délibérément plus jeune et, depuis Star Wars, collectionneur de figurines !

[PUB JOUETS STAR WARS]

Ça, c’était le spot publicitaire des jouets Kenner en 1977, avec nul autre que Anthony Daniels dans son rôle de C3PO rien que pour l’occasion ! Je le rappelle souvent ici, le cinéma reste une industrie… Un art, certes, mais qui doit néanmoins rentrer dans ses frais… Voire, si possible, amplement les dépasser. En cela, la perspective de vendre tout un tas de produits dérivés ne peut que motiver les troupes ! Et ce n’est pas George Lucas qui dura le contraire… Bref… Tout ça pour dire que la cible directe et préférée des producteurs et distributeurs de ces années 80 sont les « teens », les jeunes, les ados… qui rêvent tous de vivre des aventures exceptionnelles avec leurs copains… ailleurs que dans leurs sous-sols, devant un plateau de jeu Donjons & Dragons…

[« Stranger Things – Teens » – Kyle Dixon & Michael Stein]

Eh oui, si une série comme Stranger Things peut triompher sur Netflix depuis juillet 2016, c’est bien parce qu’elle a su reprendre les codes de ce qui faisait, en partie en tout cas, la magie de ces années cinéma-là… Et que Les Goonies continuent de représenter presque à eux seuls dans l’inconscient collectif comme le plus parfait des étendards de cette époque… C’est vrai, quoi. Avouez que dès qu’on vous dit : enfants, banlieue, aventure et magie, vous pensez immédiatement à ça…

[« E.T. The Extra-Terrestrial – The Magic of Halloween » – John Williams]

Ah oui… Bon… C’est sûr… Y a E.T. d’abord… C’est pas faux. Voyons voir… Y a la banlieue, les vélos, de la magie, du mystère… Mais le film reste avant tout la rencontre entre deux êtres que tout oppose. Et qui vont apprendre à s’aimer en dépit des différences. La notion d’aventure en elle-même n’intervient, en réalité, qu’en fin de dernier tiers du film. Non, moi, je vous parle d’un long-métrage qui serait presque exclusivement dédié aux seules péripéties d’un groupe d’ados… Qui partirait à la recherche d’un trésor perdu… Des enfants qui suivraient la trace de redoutables pirates, tout en s’échinant à déjouer les nombreux pièges tendus par ces derniers… et en étant poursuivis par des bandits prêts à toutes les bassesses pour les en empêcher. Un film qui parviendrait à obtenir le fragile mais juste équilibre entre humour potache, scènes d’actions spectaculaires et variées, dangers, rivalités, amour naissant, rêves éveillés et mystères des temps passés…   

[« The Goonies – Map & Willie » – Dave Grusin]

Au moment où Les Goonies commencent à trotter dans la tête de Steven Spielberg… Bah oui, encore lui… Qu’est-ce que vous voulez ? C’est pas moi qui écrit l’Histoire, hein… Le réalisateur sort justement de son E.T. (en 1982) et vient d’achever le tournage d’Indiana Jones et le Temple Maudit ; dans lequel lui et George Lucas avaient justement introduit un enfant parmi les personnages principaux… Demi-Lune interprété par Ke Huy Quan. Celui-là même qui deviendra justement Data dans Les Goonies… Toutefois, ce projet, pourtant bien à lui, il ne se voit pas le réaliser lui-même. Il faut dire qu’à ce moment précis, Spielberg s’est mis en tête de se « racheter » une certaine forme de respectabilité auprès de ses pairs et préfère enchaîner La couleur pourpre…   

[« The Color Purple – Reunion/Finale » – Quincy Jones]

… Et L’Empire du Soleil, dès 1987…

[« Empire of the Sun – The Plane » – John Williams]

A écouter aussi : Gladiator I et II : « Ceux qui vont mourir te saluent » | Seriefonia | VL Média

Mais qu’à cela ne tienne… C’est précisément pour cela qu’il a fondé sa propre compagnie, Amblin productions en 1980. Et qui deviendra Amblin Entertainment un tout p’tit peu plus tard… Grâce à elle, il peut faire à près tout ce qu’il veut. De la comédie de mœurs, avec Continental Divide de Michael Apted en 1981. De l’horreur, avec Poltergeist de Tobe Hooper en 82. Voire compiler les deux… Humour et horreur… dans Gremlins, de Joe Dante en 1984…

[« Gremlins – Too Many Gremlins » – Jerry Goldsmith]

C’est justement en produisant Gremlins qu’il trouve l’homme qui lui faut pour Les Goonies… pas Joe Dante, non… Mais plutôt son scénariste. Un certain… Chris Columbus. Ce dernier n’est alors « que » scénariste, mais ne tardera pas à arborer lui-même la casquette de réalisateur à compter de l’année 1987, grâce au culte, bien que vraiment pas terrible, Adventures in babysitting… Qui avait malgré tout le double avantage de voir Elisabeth Shue dans le rôle principal… et de disposer d’une partition signée de Michael Kamen pour bande originale…  

[« Adventures in Babysitting – Rescue Sara » – Michael Kamen]

Non, si l’on connait et adore Chris Columbus depuis… C’est avant tout grâce à ça…

[« Home Alone – Main Theme » – John Williams]

Maman, j’ai raté l’avion en 1990, sur une des plus formidables et intemporelles compositions de John Williams… Après la suite, en 1992… Ils se retrouveront sur Stepmom en 98… Puis en 2001 et 2002 pour… le lancement d’une petite saga qui n’a pas trop mal marchée ; aussi bien au cinéma qu’en librairies d’ailleurs…

[« Harry Potter and the Sorcerer’s Stone – Trailer » – John Williams]

Eh oui, les deux premiers opus d’Harry Potter, c’est lui ! Et puis, je m’en voudrais de ne pas citer également son génial Mrs Doubtfire, datant de 1993, avec Robin Williams irremplaçable dans le rôle-titre et nul autre qu’Howard Shore à la musique…

[« Mrs Doubtfire – The Show’s Over » – Howard Shore]

Gageons que Chris Columbus et les enfants en général, ça match donc somme toute plutôt bien ! Mais côté production, et bien que Spielberg ait beaucoup aimé son premier court-métrage en tant que réalisateur, I Think I’m Gonna Like It Here, datant de 1980, il préfère confier la mise en scène de ses Goonies à quelqu’un de plus… chevronné. Et qui de mieux, dès lors, que celui qui a réussi à faire croire au monde entier qu’un homme pouvait voler ? Qui de mieux que celui qui, 2 ans plus tôt, a réussi à faire prendre à un jeune comédien d’à peine 6 ans, en l’occurrence Harvey Spencer Stephens, le regard le plus glaçant que le grand écran n’ait jamais connu ? Ah non, je n’exagère pas… je sais pas vous, mais moi, ce regard-là, je m’en suis juste jamais remis…   

[« The Omen – The Altar » – Jerry Goldsmith]

Damien… dans La Malédiction. En 1976. Brrrr… Rien que d’y repenser, j’en ai froid dans le dos. Après Superman I (et II aussi d’ailleurs… Du moins en partie), Richard Donner – puisque vous avez forcément compris que c’est à ce moment-là qu’il fait son entrée dans le déroulé de notre histoire – enchaîne étonnamment avec deux… voire trois flops… bien que, perso, concernant le troisième, je ne sois pas du tout d’accord… Le premier est un drama, Inside Moves, qui ne remporte qu’un peu plus d’in million de dollars et dont plus personne ou presque ne parle encore aujourd’hui. Le second est le remake du film de Francis Veber, Le Jouet, avec Pierre Richard. Une fois passé à la moulinette ricaine, ça devient The Toy, avec Richard Pryor, et ça a beau ne pas être bon, le film reste rentable. C’est alors qu’en avril 1985, entre en scène le fantastique… Ladyhawke.   

[« Ladyhawke – ‘She Was Sad at First’ » – Andrew Powell]

Michelle Pfeiffer en faucon le jour. Rutger Hauer en loup la nuit. Une grande romance romance, de la bravoure, de la magie, de la poésie… Des images sublimes… Une musique… Certes controversée mais non moins marquante… mais… mais… mais… Avec seulement 18 millions de recettes. Pour un budget… de 20. Ladyhawke est une douche froide… et connait un désintérêt non mérité qui aurait presque pu couter sa carrière à Donner si Steven Spielberg n’était pas venu le chercher. En un sens, le trésor des Goonies n’allait pas sauver que la maison de Brand et Mikey, mais bel et bien le destin du réalisateur qui nous régalerait ensuite de ses indémodables Armes Fatales… 

[« Lethal Weapon 2 – Stilt House Fight » – Michael Kamen]

Pourtant, tous les pointeurs semblaient s’orienter vers Joe Dante… Avec lui, Spielberg a déjà produit Gremlins, donc. Mais aussi le troisième segment de la version ciné de La Quatrième Dimension en 1983. Sans oublier ses deux épisodes de la série Histoires Fantastiques en 85 et 86… Le truc, c’est que un : Joe Dante a tout de même déjà développé un univers à tendance plutôt sombre, bien que succulemment décalé… et que deux : lui aussi est alors en plein développement de son propre film avec de jeunes héros en têtes d’affiche… Explorers. Il s’agit d’un projet qu’il a récupéré de Wolfgang Petersen… Oui, le réalisateur de L’Histoire sans Fin… Comme quoi, toutes nos émissions sont liées cette saison… Mais comme il tenait à filmer en Allemagne, Paramount a préféré changer son fusil d’épaule. Ce qui n’est pas nécessairement plus mal… Car le film de Dante est extrêmement cool et que, de fait, la musique est encore une fois de Jerry Goldmsith… 

[« Explorers – Free Ride » – Jerry Goldsmith]

Explorers, c’est l’aventure fantastique (et fantasque) de trois ados passionnés de science-fiction incarnés par les encore jeunes Ethan Hawke, Jason Presson et River Phoenix… Dans ses rêves, Ben comprend comment utiliser le circuit électrique qu’il aperçoit et à le transformer, une fois réveillé, en un champ de force capable de déplacer un vaisseau spatial tout ce qu’il y a de plus artisanal… A bord de leur Thunder Road, les voilà donc parti vers l’espace où ils vont rencontrer les extra-terrestres parmi les plus délirants du grand écran… Et si je vous raconte tout ça, c’est non seulement parce que c’est dans la directe continuité du genre même de teen-movies que représente Les Goonies, mais aussi parce que ce synopsis me rappelle étrangement celui d’un film d’animation dont j’avais justement également très envie de vous parler…

[« Byeolnara Samchongsa – Générique » – Ki-Duk Kim]

Alors, ça vous parle ou pas ? Ça date de 1979… et il me semble que ce n’est jamais passé à la télévision française. Ce film coréen n’était alors disponible qu’en location en cassette VHS… D’où la chance d’avoir un papa propriétaire de vidéoclub ! Parce qu’une fois découvert, je peux vous dire que je l’ai regardé un bon paquet de fois ! En France, ils avaient appelé ça Les Trois Mousquetaires de l’Espace… mais en VO, c’était Byeolnara Samchongsa… encore titré The Starland Trio dans le monde anglophone.  Là encore, trois ados terriens vont se retrouver propulsé dans l’espace (vers le royaume des enfants, un peu façon Peter Pan) dans l’espoir de sauver la jolie petite princesse Lulu, poursuivie par de redoutables extra-terrestres ressemblant à des chauves-souris géantes… Le film empruntait alors sans vergogne (et sans autorisation !) à tout ce qui fonctionnait alors… Aussi le vaisseau spatial ressemble-t-il plus qu’étrangement au Space Battleship Yamato de Leiji Matsumoto (le papa d’Albator)… De même, un train intergalactique y parcourt l’univers façon Galaxy Express 999… Ou encore, qu’au milieu de tout (et à plusieurs reprises), on peut entendre ça…     

[« Byeolnara Samchongsa – (Enfin… Superman) » – Ki-Duk Kim (Enfin… John Williams)]

Ouais… Le Superman de JohnWilliams… même pas rejoué ou réorchestré… non, juste l’original qui se balade comme ça dans l’espace apparemment… gageons qu’il n’a très certainement jamais touché ses droits d’auteur ! N’empêche, quand on est gamin, on s’en fout. Et on se laisse prendre par ce pillage en règle réalisé par Jeong-Guy Lim et mis en musique (enfin, le reste du temps) par Ki-Duk Kim…   

[« Byeolnara Samchongsa – Theme » – Ki-Duk Kim]

Bon allez, trêve de digressions ! En même temps, il n’y a finalement pas grand-chose à raconter sur la genèse des Goonies… Spielberg a l’idée du film et les moyens financiers de le réaliser… il s’entoure d’une équipe de premiers choix et assume lui-même les postes de producteur exécutif et de réalisateur de seconde équipe…  Chris Columbus écrit son scénario en suivant les directives de Spielberg, tout en tâchant néanmoins d’y incorporer un peu de son histoire personnelle ; quelques souvenirs de quand il n’était lui-même qu’un jeune garçon de l’Ohio… Après un voyage de repérages qui, lui aussi, se déroule merveilleusement bien, l’équipe rejointe par Richard Donner jette son dévolu sur la petite ville d’Astoria, dans l’Oregon… Dont ils découvrent les rues et les environs comme une évidence. Parallèlement, le casting se met gentiment en place tout en promettant d’être parfaitement réussi… Le modèle-type de la pré-production sans accrocs…

[« The Goonies – The Goondocks (Goonies Theme) » – Dave Grusin]

Non, la seule véritable épreuve pour Richard Donner va être d’avoir à gérer un ensemble de sept jeunes comédiens ! Citons-les rapidement… Sean Astin, qui deviendra plus tard Sam dans Le Seigneur des Anneaux… Josh Brolin.. Qui incarnera Thanos face aux Avengers… Corey Feldman, qui traquera les vampires de le Génération Perdue de Joel Schumacher… Ke Huy Quan, qui remprtera l’Oscar pour Everything Everywhere All At Once… Martha Plimpton, qui tournera ensuite avec Harrison Ford et Peter Weir dans Mosquito Coast… Jeff Cohen, par la suite devenu avocat… Et enfin Kerri Green qui est celle dont la carrière a le moins décollée… A en croire Richard Donner, individuellement, tous étaient adorables… Et professionnels. Mais en groupe… ça devenait presque systématiquement la débandade… Rien de bien surprenant me direz-vous… Mais là, apparemment, ça allait au-delà de l’entendement !

[« The Goonies – Triple Stone and a Ball » – Dave Grusin]

Au point qu’une fois le tournage achevé, Donner n’a plus qu’une idée en tête : prendre des vacances dans sa villa, au calme et surtout le plus loin possible de toute cette effervescence perpétuelle… ce qui était sans compter sur le trublion Spielberg. Ainsi, quand le jour tant espéré arrive enfin… Richard Donner remonte son allée… ouvre sa porte… marche jusque dans son salon… Et là… Surprise : Steven Spielberg et les Goonies sont là ! Au grand complet ! Une farce, certes, mais bien sympathique… Et qui témoigne avant tout d’une camaraderie bien engagée. Mais au fait, ça raconte quoi exactement, Les Goonies ?   

[« The Goonies – Doubloon » – Dave Grusin]

En ce milieu automnal des années 80, à Astoria, un promoteur immobilier menace de raser le quartier résidentiel où vivent Mikey et Brand Walsh en vue de le transformer en terrain de golf… Mais le hasard faisant souvent bien les choses… Du moins, dans les films imaginés par Steven Spielberg… Les deux frères et leur bande d’amis, surnommés les Goonies, tombent sur une carte menant possiblement au trésor du légendaire pirate Willy le Borgne. Et, coup de bol, il serait carrément dans les environs ! S’ils mettent la main de dessus, ils pourront offrir à leurs parents l’argent nécessaire à payer les agents du promoteur et, ainsi, gentiment lui dire d’aller se faire foutre ! le hic, c’est que l’entrée des tunnel secrets est située sous un restaurant isolé en front de mer, dans lequel sont réfugiés les membres d’une famille de voleurs et assassins : les Fratelli, dont l’un des deux frères viennent de s’évader de prison… Les enfants se lancent à la poursuite du trésor… les Fratelli à la poursuite des enfants… Et une aventure hors du commun, portée sous le signe de la plus belle des amitiés, peut dès lors commencer. Ne manque plus qu’une bonne musique de John Williams ou de Jerry Goldmsith pour accompagner tout ça… et on est bien… 

[« The Goonies – Oath and Bobby Traps » – Dave Grusin]

Ah bah non, dis-donc… C’est ni l’un ni l’autre… Williams vient de finir Indiana Jones et le Temple Maudit et bosse activement sur la Rivière, avec Mel Gibson. Quant à Goldsmith, fidèle à Joe Dante, il est l’œuvre sur Explorers… Spielberg se tourne alors vers quelqu’un de finalement assez peu (voir pas) connu du grand public mais qui, pourtant, a déjà une sacrée belle carrière derrière lui : Dave Grusin. Jazzman et pianiste avant tout, il est né en juin 1934 dans le Colorado et a commencé à travailler pour le cinéma vers le milieu des années 60. Très vite, il rencontre Mike Nichols, avec qui il collabore sur Le Lauréat, en complément de la signature emblématique de Simon & Garfunkel…  Parmi ses partitions les plus connues, citons… Les trois jours du condor, pour Sydney Pollack en 1975…

[« 3 Days of the Condor – Suite » – Dave Grusin]

Le ciel peut attendre, en 1978… de et avec Warren Beatty. Sans oublier Buck Henry…

[« Heaven Can Wait – End Theme (Alternate) » – Dave Grusin]

Directement suivi du Champion, avec Faye Dunaway et Rick Schroder devant la caméra de Franco Zeffirelli…

[« The Champ – Theme » – Dave Grusin]

La maison du lac, avec Henry et Jane Fonda en 1981… Ou encore l’inoubliable Tootsie, encore pour Sydney Pollack en 82…

[« Tootsie – An Actor’s Life » – Dave Grusin]

Après Les Goonies, il remportera l’Oscar de la meilleure musique originale pour Milagro, de Robert Redford, en 1988…

[« Milagro – From the album Migration » – Dave Grusin]

Et puis… y en a plein d’autres, mais je vous glisse deux, trois p’tits coups de cœur perso… et c’est marrant, ils ont Michelle Pfeiffer en commun… Manquerais-je donc d’objectivité ? Je pense notamment à Susie et les Baker Boys, d’abord. C’était en 1989…

[« The Fabulous Baker’s Boys – Main Theme » – Dave Grusin]

Et bien sûr à Tequila Sunrise, avec aussi Mel Gibson et Kurt Russell, réalisé un an plus tôt par Robert Towne. C’était suave… C’était moite… Et c’était… ça…

[« Tequila Sunrise – Jo Ann’s Song » – Dave Grusin]

Et puis tiens, un p’tit dernier même s’il n’y a pas Michelle Pfeiffer dedans… En revanche, y a Tom Cruise… Et au top de sa forme en plus… C’était pour La Firme, encore et toujours de Sydney Pollack, en 1993…

[« The Firm – Main Title » – Dave Grusin]

Comme je vous le disais, le tournage des Goonies se passe presque sans encombre, en dehors de quelques effets spéciaux si peu concluants qu’ils ont fini par être écarté du métrage… C’est notamment le cas d’une scène impliquant un poulpe géant ! D’ailleurs, on peut dire qu’elle devenue culte malgré son absence… non seulement parce qu’elle figure dans les bonus des éditions DVD et Blurays et, qu’effectivement, elle était beaucoup plus risible qu’autre chose… Mais aussi parce que le morceau « Octopus » figure bel et bien dans l’album de la bande originale ! En un sens, c’est presque la moins coupée de toutes les scènes coupées de l’Histoire des scènes coupées…

[« The Goonies – Octopus » – Dave Grusin]

Avec son budget d’un peu moins de 20 millions de dollars de l’époque, dont 6 rien que pour la construction à l’échelle du galion de Willy le Borgne, Les Goonies a su résister à l’épreuve du temps. De bien des façons, son Aura a même progressé décennies après décennies pour atteindre, progressivement mais surement, son statut d’œuvre culte… Alors, est-ce pour son humour franc et décomplexé ? La séquence où Bagou fait semblant (et très vulgairement) de traduire en espagnol tout ce que la mère de Mikey veut en réalité dire à Rosalita reste un must absolu du genre. Rien de tel que de mettre de telles atrocités dans la bouche d’un enfant ! Succès garanti ! Ça marche à tous les coups… La preuve, je l’ai moi-même fait en ouverture de cette émission ! D’ailleurs, tiens, en parlant du Bouffi-Bouffon… Saviez-vous que Jeff Cohen (qui incarne Choco) avait demandé de pouvoir tourner la scène en équipe réduite ? Et, pas seulement par complexe de son embonpoint… En réalité, le petit cachotier qui devait donc soulever son t-shirt et exposé son ventre pour les besoins de la scène, avait pris grand soin de cacher à ses camarades comédiens et à l’équipe technique (par peur d’être renvoyé) qu’il avait en fait contracté la varicelle ! Ce qui, quand on ne tourne qu’avec des jeunes, aurait pu très vite mal tourner ! Heureusement, personne d’autre ne l’a attrapée…

[« The Goonies – Lighthouse » – Dave Grusin]

Quand on parle de Choco… Impossible de ne pas instantanément penser à… Sinok, le frère caché et difforme de la famille Fratelli. Au départ perçu comme un monstre enchaîné… Il devient vite l’ami et fidèle allié de Choco ; près à prendre la défense des Goonies contre sa propre famille selon les valeureux codes de la piraterie façon Errol Flynn ! Pour le coup, ce n’est pas pour rien que quand on entend ça au beau milieu du morceau « Sloth & Chunk » (des noms originaux de Sinok et Choco)… On n’est pas totalement surpris…

[« The Goonies – Sloth & Chunk » – Dave Grusin]

Bah ouais… C’est ni plus ni moins que le thème principal des Aventures de Don Juan, composé en 1948 par Max Steiner pour Vincent Sherman, avec Errol Flynn dans le rôle-titre justement. La preuve ? C’est simple… Elle est là…

[« The Adventures of Don Juan – End Title » – Max Steiner]

C’est ce qu’on appelle une citation. Un hommage. Et un beau. Ce qui, venant de l’écurie Spielberg, n’a strictement rien d’étonnant. Mais revenons-en aux raisons du succès… Humour… Check. Action ? Bah oui, naturellement… Entre la poursuite en voiture durant le générique d’ouverture, les nombreux pièges dressés dans les tunnels, et la superbe apparition finale du Galion sur la plage de Cannon Beach, on est full…

[« The Goonies – The Fighting Fratellis » – Dave Grusin]

Action… Check. Il y a aussi le second degré. Omniprésent et souvent proche du pastiche et de la caricature… le plus souvent au détriment (ou à la gloire, c’est selon) des frères Fratelli… Mais, avant tout, il y a le vrai… Le sérieux, malgré tout, de la situation. Richard Donner tient à ce que chacun des enfants puisse paraître crédible en dépit de la démesure des évènements. Selon lui, le film parle moins d’une aventure hors du commun que de la réalité d’une bande de gosses cloisonnés dans une ville pluvieuse de l’Oregon… une vision que Spielberg partage autant qu’il applique… car rappelons que ce dernier est également réalisateur occasionnel de seconde équipe. Et qu’il sait pertinemment comment obtenir le meilleur de ses jeunes acteurs. Par exemple, afin que Corey Feldman paraisse à la fois surpris et effrayé durant l’une de ses scènes… En l’occurrence, celle impliquant la plomberie des tuyaux d’eau sous le puit aux souhaits… Juste après le « action ! », il lui a dit : « au fait Corey, Michael Jackson arrive… Je te le présente juste après » ! La réaction du visage de Corey Feldman ne saurait être plus spontanée ! Une prise aura suffi ! Mais comme Steven Spielberg ne fait jamais les choses à moitié… Il a bel et bien invité le Roi de la Pop à venir sur le tournage quelques semaines plus tard… Et tout le monde a pu le rencontrer. Eh oui, c’était ça aussi le tournage des Goonies…

[« The Goonies – Mikey’s Vision » – Dave Grusin]

Autre technique de direction d’acteur, toujours en quête de plus de spontanéité, celle de Richard Donner à présent… Initialement, la légende de Willy le Borgne devait être racontée aux spectateurs par l’un des frères Fratelli, interprétés par Robert Davi et Joe Pantoliano… qui, dans les premiers temps, se sont d’ailleurs cordialement détestés !… Mais finalement, et c’est tant mieux, il est décidé que ladite légende sera narré par Mikey, lors de la découverte de la carte au trésor dans le grenier… Afin de capter l’authenticité qu’il recherche, Donner ne donne aucune ligne de dialogue à Sean Astin… Mais lui dit : « je vais te raconter l’histoire une fois en entier et tu la raconteras immédiatement après à ta façon ; juste de mémoire ». C’est ainsi que l’on obtient la justesse des hésitations, des bafouillements et/ou bégaiements… Tout fonctionne à la perfection… Authenticité. Check.

[« The Goonies – No Firme and Pirate Ship » – Dave Grusin]

Au final, ce qui fonctionne dans Les Goonies, c’est l’alchimie. La vraie magie du bon moment où l’ensemble des planètes s’alignent. La plupart des autres grands films cultes de cette époques se sont construit dans l’adversité… et au long cours… tels Retour vers le Futur ou Ghostbusters… Mais pas Les Goonies. Spielberg l’a imaginé et lui et ses camarades l’ont tourné. Point. C’est aussi simple et bête que ça. Tout le monde était en place et le public l’a bien ressenti. Filmé d’octobre 1984 à mars 1985, avec son budget de 19 millions, Les Goonies en récoltent plus de 125… et continue, depuis, de connaitre un succès non démenti… Au point de continuer à faire des p’tits. Dans la mouvance, il y a eu par exemple, The Monster Squad, de Fred Dicker en 1987… où, cette fois, un groupe de gamins se frottait à Dracula sur des musiques de Bruce Broughton…

[« The Monster Squad – End Credits » – Bruce Broughton]

Et, dans une certaine mesure… Bien que sur un mode beaucoup plus dramatique… Le Stand by Me de Rob Reiner, d’après une nouvelle de Stephen King, sur une partition de Jack Nitzsche…

[« Stand by Me – Suite » – Jack Nitzsche & Ben E. King]

Sans oublier Stranger Things et, même avant ça, le Super 8 de J.J. Abrams. C’était en 2011 et composé par Michael Giacchino…

[« Super 8 – Aftermath Class » – Michael Giacchino]

Mais c’est sur la dernière vraie-fausse inspiration en date que je vais vous quitter. Puisque telle est la fière, évidente et revendiquée accroche publicitaire de la dernière série Star Wars en date : Skeleton Crew… Dans laquelle des gamins d’un banlieue intergalactique cachée se retrouvent propulsés à l’autre bout de l’univers en compagnie d’un pirate de l’espace… Génial Jude Law… Leur seul espoir de rentrer à la maison : des indices laissés par une carte mystérieuse dont l’origine a été effacée… C’est fun, c’est frais… Et ça touche parfaitement la cible visée. Impossible de ne pas penser aux Goonies… De plus, la musique de Mick Giacchino est là pour nous le rappeler. Vous allez voir… Sans être un copier-coller, l’orchestration rend un hommage appuyé au travail de Dave Grusin. Je vous quitte là-dessus… A très vite… Et d’ici là, n’oubliez pas… Faites le Bouffi-Bouffon ! 

[« Star Wars, Skeleton Crew – Suite » – Mick Giacchino]

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Journaliste spécialiste des musiques de films et de séries sur VL
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