Le texte de loi adopté en décembre 2015 incitant à lutter contre la maigreur excessive des mannequins n’a toujours pas été mis en place en France.
La bonne conscience des députés français
Dans un monde où il est devenu normal qu’une femme d’1m80 pèse 55kg, quelques députés avaient osé s’insurger. Le 17 décembre 2015, les députés français adoptent un texte de loi qui dispose que l’activité de mannequin serait désormais conditionnée à la délivrance d’un certificat médical. Un certificat médical qui devra attester que « l’état de santé du mannequin, évalué notamment au regard de son indice de masse corporelle, est compatible avec l’exercice de son métier ». Dans ce texte de loi, un autre article a également été validé et il concerne les photographies de mannequins retouchées. Si une photo a été modifiée « afin d’affiner ou d’épaissir la silhouette », elle doit être accompagnée de la mention « Photographie retouchée ». Le non-respect de ces articles de loi devait être passibles de, respectivement, six mois d’emprisonnement et 75 000€ d’amende et un an d’emprisonnement et 10 000€ d’amende. Ainsi naquit la « loi mannequin », une belle utopie partie d’une bonne intention.
Une loi contre les diktats de la société
En France, entre 30 000 et 40 000 personnes souffrent d’anorexie mentale. Dans 90% des cas, il s’agit d’adolescentes. Des chiffres inquiétants qui font de l’anorexie mentale une des pathologies psychiatriques présentant le taux de mortalité le plus élevé. Le monde de la mode est une industrie qui est détentrice d’un pouvoir hors norme sur les foules.
En effet, c’est cette industrie qui dicte aux hommes et femmes les coupes de cheveux à la mode, les vêtements dernier cri mais aussi, surtout, le poids idéal à avoir. Pour être belle, il faut être mince selon l’un des milieux les plus prisés du monde. Le diktat d’un milieu qui est devenu sociétal. L’industrie de la mode se veut féministe mais au contraire, est responsable d’un malaise physique qui touche de plus en plus de femmes.
Entre stress et hyper-sexualisation de jeunes adolescentes, le milieu du mannequinat semble cacher un milieu plus que vicieux pour les femmes. En aout 2015, c’était l’ancienne-top Cara Delevingne qui dénonçait un milieu « horrible et dégoûtant ». Ces textes de loi étaient donc accueillis les bras ouverts pour lutter contre les diktats d’une société superficielle. Mais…
Des mesures non-appliquées
« Il faut du temps pour voter une loi et il faut encore plus de temps pour l’appliquer« , selon Olivier Veran, médecin et rapporteur de la « loi mannequin », invité d’Europe 1 ce lundi. Les deux articles de la loi Santé devaient entrer en vigueur au plus tard le 1er janvier 2017. Un des articles est actuellement entre les mains de la Comission européenne et doit encore passer devant le conseil d’État. Un projet qui traine et qui ne sera pas publié avant le printemps selon Olivier Veran. « Je n’aimerais pas que l’on ait voté cette loi et qu’elle ne soit jamais appliquée. Si ça continue, les décrets ne seront jamais publiés avant la fin du quinquennat. Et il y a manifestement un frein quelque part […] Le milieu de la mode, c’est la grande muette. Je ne souhaite pas que la concertation avec l’industrie noie le bébé. », explique-t-il. En effet, les agences de mannequins refusent de communiquer. Un silence qui en dit long…