Le Nikon Film Festival bat son plein et de nombreux films sont en compétition. Dont « Enfin le silence » qui traite des violences sexuelles dans le milieu du cinéma. On a posé 3 questions à sa réalisatrice Gabrielle Bernet.
C’est quoi Enfin le silence ? Une technicienne de l’audiovisuel rentre chez elle après une journée de travail comme les précédentes : cauchemardesque. Mais même dans le silence de son appartement, elle voit leurs regards, entend leurs remarques, sent leurs mains. Dans ce court-métrage, on accède à l’inconscient du personnage dans lequel les rêves, les cauchemars prennent vie. Malheureusement, cet inconscient reflète la réalité de son quotidien.
Comment est venue l’idée de réaliser ce film et comment vous vous êtes organisés pour monter le projet ?
C’est un scénario que je développais depuis quelques mois avant même de savoir que j’allais participer au Nikon Film Festival. Le sexisme, les agressions ou le harcèlement sont des sujets connus des femmes dans le domaine de l’audiovisuel. Je suis tombée un jour sur le site « Paye ton Tournage », un site qui recueille les témoignages sexistes dans le milieu du cinéma. Cela m’a beaucoup inspiré, j’ai donc demandé l’autorisation à l’association pour utiliser et mettre en image ces témoignages. Une fois cette autorisation obtenue, j’ai commencé les castings et emprunté du matériel. J’ai du être un couteau suisse occupant à la fois le poste de réalisatrice, cheffe opératrice et productrice. C’est au niveau du son et du montage que mes amis m’ont apporté leur soutien. Le tournage s’est déroulé en seulement une journée.
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Comment on gère le fait de raconter une histoire en 2″20 ?
La grande difficulté de ce festival, c’est de raconter une histoire en 2’20. Il faut une histoire efficace, savoir aller au fait et surtout se limiter dans les péripéties et informations peu utiles afin d’avoir un début, une fin et entre les deux de quoi s’attacher un minimum au personnage. Il est très difficile d’obtenir directement les 2’20. Le montage c’est beaucoup de concessions et c’est l’étape où tu finis par couper la moitié du film.
Pourquoi ce message était important à faire passer ?
Plus qu’un message à faire passer, c’est une réalité à montrer. Selon un sondage de USA Today, 87% des femmes de ce milieu ont subi des commentaires, des blagues ou des attouchements sexuels non désirés. En tant que femme dans ce milieu, j’ai moi-même vécu des remarques misogynes de la part de mes professeurs ou de mes camarades en école de cinéma. Mais pas que dans ce milieu, il faut rappeler que ces comportements sont pour la plupart quotidiens.