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Nouvelle-Calédonie : qui sont les Kanaks ?

Présents dans toute la Nouvelle-Calédonie, en 2019 ce peuple autochtone du Pacifique Sud constituait 41 % de la population totale de l’archipel. Avec une culture et une identité bien à eux, les Kanaks se battent pour la faire perdurer dans un climat plus que tendu, en ce moment, en Nouvelle-Calédonie.

Alors que la Nouvelle-Calédonie est à feu et à sang depuis mai, un homme a été tué par les forces de l’ordre ce mercredi 10 juillet dans la commune du Mont-Dore, un territoire de la tribu kanak Saint-Louis. Les Kanaks sont le peuple autochtone de cette île paradisiaque. Les ancêtres des Kanaks ont occupé la Nouvelle-Calédonie depuis environ 3 000 ans avant notre ère. Ses premiers habitants, venus probablement des régions proches de l’Indonésie et des Philippines, ont développé une société basée sur l’agriculture.

D’où viennent les Kanak ?

Le terme « Kanak » vient du mot polynésien « kanaka » qui signifie « être humain ». Ce mot désigne au XIXe siècle dans les langues européennes les Mélanésiens de la Nouvelle-Guinée à la Nouvelle-Calédonie.

Ce peuple autochtone est arrivé dans l’archipel de la Nouvelle-Calédonie il y a environ 3 000 ans. Au fur des années, les Kanaks ont mit en place une société basée sur l’agriculture sophistiquée (igname, taro, canne à sucre etc). Ils développent un système de tarodières (champs de taros) irrigués en terrasses et de billons (ou buttes) où sont plantées les ignames. Outre l’agriculture, les Kanaks maîtrisent l’art de la poterie et de la sculpture.

Comment s’organise la tribu ?

Les Kanaks s’organisent en « chefferies » de tailles variées. Avant la colonisation, ils avaient des relations avec d’autres archipels comme le Vanuatu, Samoa, et Wallis-et-Futuna. Au XXe siècle, ils parlaient plus de 30 langues différentes.

Chaque clan avait un chef, responsable de la gestion des terres et des relations intercommunautaires. Les terres étaient un bien commun, essentiel à l’identité et à la culture kanak. Les coutumes kanak, incluant pratiques et rituels, régissaient les relations sociales, les mariages, les funérailles, et les échanges de biens. La « coutume » était fondamentale dans la société kanak, reflétant le respect pour les ancêtres, la nature et les liens communautaires.

Un peuple à la culture diversifiée

L’art kanak est hétérogène, incluant sculpture sur bois, danses et chants traditionnels. Les totems, représentant des ancêtres ou esprits, sont emblématiques de cette culture. Les chants et danses, exécutés lors des cérémonies coutumières, racontent l’histoire, les légendes et les croyances du peuple.

La maison kanak traditionnelle, appelée “case”, est circulaire et faite de bois et de feuilles de cocotier. Elle symbolise le lien entre les membres du clan et la terre. Le grand chef, ou “Grand Chef”, joue un rôle central dans les rituels et les cérémonies autour de la case.

Le sort des Kanaks aujourd’hui

À l’arrivée des colons français en Nouvelle-Calédonie sous les ordres de Napoléon III en 1853, les Kanak sont réprimandés. L’administration coloniale française déplace et relègue les Kanaks dans des réserves lors des opérations du « grand cantonnement ». Ils subissent alors de grandes discriminations et la spoliation de leurs terres. Des rivalités se mettent alors en place entre colons et Kanak. Française depuis le 24 septembre 1853, la Nouvelle-Calédonie devient un territoire d’Outre-mer (TOM) français à partir de 1946. Représentant aujourd’hui environ 41% de la population totale de la Nouvelle-Calédonie, les Kanaks ne cessent de se battre pour la reconnaissance de leur droits.

Depuis les années 1980, plusieurs accords se signent entre les autorités françaises et les leaders kanak pour garantir une plus grande autonomie à la Nouvelle-Calédonie, culminant avec l’Accord de Nouméa en 1998. Mais en 2024, les tensions se ravivent avec des émeutes. Ces dernières s’inscrivent dans un contexte de crise économique et surtout d’inégalités entre les Kanak et le reste de la population.

En effet, le 13 mai, l’Assemblée nationale à Paris discutait d’un projet de loi de réforme des conditions du droit de vote dans l’archipel. Une réforme votée le 15 mai qui ne passe pas pour les indépendantistes. Majoritairement kanak, ils voient leurs droits être menacés.

Cette réforme constitutionnelle élargit le droit de vote aux élections locales et aux référendums locaux aux Français qui vivent dans l’archipel depuis au moins 10 ans et à tous ceux qui sont nés sur place il y a plus de 10 ans.

Vers une indépendance ?

Les accords de Nouméa permettaient au peuple kanak, d’être suffisamment représenté aux élections. Les Kanaks gèrent notamment les provinces du Nord et des îles. Avec cette réforme, ils seront proportionnellement moins nombreux à voter. Un risque pour eux, car ils peuvent, à l’avenir, perdre le contrôle de ces provinces. La représentation du peuple kanak est depuis longtemps un sujet de tension en Nouvelle-Calédonie, et avait déjà causé des affrontements dans les années 80.

Les défis persistent, notamment en matière de développement économique, d’éducation et de santé. La lutte des indépendantistes continue encore dans ce sentiment d’être lésé au profit de la population locale d’origine européenne. Pilier de l’identité de la Nouvelle-Calédonie, les Kanaks jouent un rôle crucial dans la préservation des traditions et la quête d’autonomie. Le mouvement indépendantiste kanak reste actif, revendiquant la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie.

À lire aussi : Mayotte : qu’est-ce que la loi Mayotte, présentée ce vendredi à l’Elysée ?

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