Carton d’audience en Italie, la série Blanca met en vedette une jeune enquêtrice aveugle aux capacités surprenantes.
C’est quoi, Blanca ? Aveugle depuis l’âge de 12 ans, Blanca Ferrando (Maria Chiara Giannetta) a toujours voulu travailler dans la police. Elle a décroché un stage dans un commissariat de Gênes mais le sous-commissaire Bacigalupo (Enzo Paci) la cantonne à des tâches subalternes. Or, grâce à son ouïe surdéveloppée, Bianca peut apporter un autre éclairage aux enquêtes menées par l’inspecteur Liguori (Giuseppe Zeno) et elle devient vite un atout indispensable. Alors que son cœur balance entre son nouveau collègue et le charmant chef cuisinier Nanni (Pierpaolo Spollon), surgissent de nouveaux éléments concernant l’assassinat de sa sœur, survenu des années plus tôt.
A lire aussi : HPI : « Etre HPI, c’est un mode de fonctionnement, pas une maladie ! » (vl-media.fr)
Présentée lors du Festival du film de Venise puis diffusée en prime time sur la RAI , la série Blanca a connu un énorme succès en Italie avec une part d’audience de pas moins de 25% en moyenne sur l’ensemble des six épisodes de la première saison. Cette adaptation des romans de Patrizia Rinaldi arrive en France, à partir du 7 Janvier sur M6, redécoupée en 12 épisodes de 52 minutes.
Au premier abord, Blanca s’inscrit dans la lignée d’autres séries à succès dont elle reprend de nombreux éléments. Un flic flanqué d’un acolyte qui n’est pas enquêteur professionnel mais qui se révèle indispensable grâce à une approche non conventionnelle ou des capacités hors-normes ; une enquête par épisode juxtaposée à une intrigue feuilletonnante sur l’ensemble de la saison ; un triangle amoureux et une tension sentimentale entre les deux personnages principaux ; une petite touche d’humour légère. C’est ce qui a fait le succès de séries comme Bones et The Mentalist côté US, ou Balthazar et HPI côté français. Un schéma éprouvé et confortable, mais qui fonctionne et séduit toujours. Sur cette base qu’elle exploite parfaitement, Blanca offre toutefois quelques aspects originaux et intéressants qui, sans révolutionner le genre, la rendent fraîche et attrayante.
Comme pour compenser son handicap, notre héroïne devenue aveugle suite à un accident a développé une ouïe incroyable qui lui permet de capter les sons qui l’entourent et de reconstituer les événements avec une précision surprenante : sa spécialité est le décodage, c’est-à-dire l’écoute analytique de tous les matériaux audio des enquêtes. Toujours accompagnée de son fidèle chien-guide Linnaeus, elle réalise son rêve de travailler pour la Police – même si elle n’a décroché qu’un poste de stagiaire dans un commissariat de Gênes, où elle fait le café et les photocopies. Jusqu’au moment où elle utilise ses capacités pour aider à résoudre un meurtre. Elle commence alors à offrir sa contribution unique aux forces de l’ordre, et en particulier à l’inspecteur Michele Liguori qui semble être le seul à voir son potentiel.
Au départ, l’intrigue se concentre sur une enquête par épisode (un meurtre, un enlèvement, du trafic d’antiquité…). Tout est globalement bien construit même si rien n’est particulièrement original. L’action se déroule à Gênes, magnifiquement filmée – l’ancien village de pêcheurs de Boccadasse, le centre historique avec ses carrugi, le port… Puis, progressivement s’ajoutent des informations sur le passé de Liguori et surtout de Blanca – plus précisément sur l’incendie criminel qui a causé sa cécité et a aussi coûté la vie à sa sœur. C’est le témoignage de Blanca qui a permis de faire condamner un homme, mais de nouveaux éléments vont tout remettre en question. En parallèle, Blanca est aussi au cœur d’un dilemme sentimental : qui aura sa préférence, entre le ténébreux inspecteur Liguori et le beau cuisinier tatoué Nanni ?
Il faut noter que le ténor Andrea Bocelli, lui-même non-voyant, a joué le rôle de conseiller notamment auprès de Maria Chiara Giannetta. L’actrice qui incarne Blanca est formidable, totalement crédible dans le rôle mais aussi attachante et pétillante. Ses acolytes sont loin de démériter – citons notamment Pierpaolo Spollon, Sara Ciocca (Lucia, une adolescente avec qui Blanca va créer un lien)… ou Fiona, alias le chien Linnaeus, avec qui notre héroïne a une vraie complicité naturelle et réjouissante.
Si Blanca se démarque, c’est surtout par la manière dont elle traite son héroïne. Loin de se contenter de raconter une histoire de handicap et les difficultés inhérentes, le récit essaie d’aller plus loin en montrant la façon d’être et de réagir de son personnage, qui ne se laisse pas enfermer dans sa cécité. Elle n’est ni une demoiselle en détresse qui a constamment besoin d’aide, ni une super-héroïne à la Daredevil : Blanca est à la fois forte et fragile, autonome, résiliente, vive et lumineuse. Bien qu’elle se retrouve dans un environnement professionnel où son handicap est perçu comme un obstacle, elle ne se laisse pas démonter ou enfermer dans un bureau, et démontre sa valeur et ses capacités.
L’autre grande réussite de la série tient aux astuces de mises en scène qu’elle utilise pour traduire les sensations de Blanca et les transmettre au spectateur. Visuellement, la série nous emmène par moments dans une sorte de « chambre noire » où la jeune femme, grâce au toucher et à l’ouïe, reconstruit à partir de zéro son environnement et lui donne forme dans son esprit. L’espace vide et sombre se remplit de formes et de couleurs, des visages des autres personnes ou des éléments du décor. Les sons ont une grande importance : l’ouïe est le plus grand atout de notre héroïne, et pour que le spectateur comprenne le monde sonore dans lequel vit Blanca, la série a misé sur une technique d’enregistrement particulière, l’holophonie, qui permet de reproduire le son à 360°. De sorte que la cécité, loin d’être un simple ressort narratif, devient un élément essentiel et caractéristique de l’histoire.
Blanca est une série sympathique, qui équilibre des histoires et une dynamique auxquelles nous sommes habitués avec une touche d’originalité. Elle joue sur une trame classique mais bien faite à laquelle elle ajoute une héroïne emblématique et attachante et de petits artifices techniques et de mise en scène qui lui permettent de faire entendre une petite musique subtilement différente. Sara perché ti amo, Blanca.
Blanca
12 épisodes de 52′
A partir du 7 janvier sur M6