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On a vu pour vous … Moah, le plus gros pari de OCS ?

Présentée en avant première au prochain Festival de la Fiction TV, Moah est LE pari le plus audacieux de OCS sur l’ensemble de ses créations. Mais à quel prix ?

C’est quoi Moah ? MOAH. Différent. Une mère qui s’inquiète un peu trop. Un père absent. Un chef qui n’écoute jamais ses idées. Des acolytes jaloux et méchants. Zéro perspective d’évolution. Puis il y a ce logement dans une zone à risque. Cette belle étrangère qui ne le remarque pas. Des voisins terriblement dangereux. Bref, la vie de MOAH est compliquée. Et le fait que ce soit il y a 45.000 ans n’arrange pas vraiment les choses.

Diffusion dès le 1er octobre sur OCS

La première série … sans musique ni dialogues

On reproche souvent à une certaine fiction française de végéter et de ne plus prendre de risques, continuant encore et encore à s’endormir sur des schémas qu’elle reproduit à l’infini. Et puis il y a une autre fiction qui elle prend ses risques. Soit en faisant des paris qui pourraient mettre en danger son modèle commercial (à l’image de TF1), soit carrément en allant sur des registres que les autres chaînes semblent s’interdire.

En 10 années d’existence, les séries OCS Signature ont démontré leur volonté de proposer des séries différentes et d’aller là où nulle autre chaîne n’était encore allée. A l’intérieur de ce modèle, il y a des producteurs qui savent porter des projets audacieux, Henri Debeurme est de ceux là. Avec des fictions comme Lazy Company, TANK, Missions, Trauma ou encore Les Grands, il a repoussé les limites et ses limites, projets après projets, comme producteur et comme créateur. Avec Moah (dont il est le co-créateur), c’est un véritable objet sériel non identifié qu’il nous propose avec ses deux comparses Bertrand Soulier et Benjamin Rocher. D’abord par le contexte, une série préhistorique de mémoire c’est une première (si on excepte l’animation avec un héros comme Rahan), un univers plus répandu au cinéma avec La Guerre du feu ou Rrrrr. Ensuite par le cadre et le style proposés : une série qui dit beaucoup de choses mais sans qu’aucun mot ne soit prononcé, si ce n’est le langage créé pour l’occasion. Et encore plus fort ! Si un véritable travail a été fait sur le bruitage, il n’y a aucune musique qui vient accompagner la série (enfin presque on y reviendra).

En somme, Moah est une série déconcertante et attachante, qui pourra en laisser certains sur le côté mais qui ne peut laisser indifférent tant le pari visuel et artistique est total.

Moah : la première série qui se regarde vraiment !

Ce titre peut faire sourire mais pas tellement en réalité. On dit souvent que la télé est plus bavarde parfois que le cinéma car on peut la suivre tout en faisant autre chose. Ici, c’est tout simplement impossible. Comme cette série s’apparente à « un rendez-vous en terre inconnue sérielle« , comme dans l’émission culte de France 2, il faut un temps d’adaptation pour saisir et comprendre le langage de cette tribu pas comme les autres, comprendre ce qu’ils se disent et ce qu’ils nous disent. Si à force, on finit par saisir ce qu’ils se disent, les mots étant accompagnés de gestes, ces derniers constituent précisément l’élément qui nécessitent de ne pas quitter l’écran une seule seconde. Chaque détail compte, ce qui se passe au premier comme au second plan. Moah étant une pure chronique préhistorique qui raconte la vie d’une tribu et son évolution, on ne peut s’attacher à aucun élément de suspense, parfois artificiel dans certaines séries. La série navigue ainsi entre plusieurs tonalités, passant de la comédie au drame en 2 petites secondes pour revenir ensuite à un autre registre. Ce style si particulier fait que le temps d’adaptation peut dérouter, le premier épisode étant en ça sans doute un peu dur dans l’approche qu’il nécessite.

Tout ne serait pas possible sans l’incroyable prestation des comédiens qui doivent encore plus faire passer de émotions par un autre moyen d’expression dont ils ne sont pas familiers, ne pouvant s’appuyer sur les dialogues, sur la parole.
En premier lieu, le très touchant et bluffant Tigran Mekhitarian (Moah) ou Camille Constantin (Gawaa) tantôt violente, séduisante, amusante, touchante. Avec Moah, l’expression artistique et le jeu d’acteur remontent à l’essence même du métier, à ses origines. Rien d’étonnant pour une série qui remonte elle-même aux origines de l’humanité et qui est tournée en Dordogne, berceau de la préhistoire.
La série, en brassant les univers, renvoie par moment à des références très spécifiques et assez différentes de toutes celles que l’on peut voir d’ordinaire : le dessin animé (la poésie qu’on y retrouve n’est pas sans rappeler certains animés de Disney), mais aussi la parodie et le décalé à la française façon Jacques Tati ou encore parfois du Peter Sellers (comme dans le film The Party). Ce mélange assez complet est perturbant mais rend l’ensemble extrêmement attachant jusqu’à une fin sublime, d’une poésie et d’une douceur dingue, où pour la première fois, la musique se fait entendre, comme si cet élément, si important pour les séries ou les films, s’était conquis à la force de la saison, de la même manière que nos héros ont conquis le feu, la nourriture, les sentiments, et tant d’autres choses.
La fin de la saison nous ouvre vers une saison 2 qui peut s’avérer différente, plus aventureuse sans doute.

De toutes les séries OCS Signature, Moah est sans doute la plus risquée car elle nous emmène dans un univers sur lequel le spectateur n’a aucun repère familier, et vers un style totalement nouveau. En ça, la série laissera inévitablement de côté une partie du public. Mais en acceptant de prendre ce risque, les auteurs, la chaîne puis le public maintenant s’embarquent dans un voyage nouveau, passionnant et qui rend tout son sens au mot « création ».

Ce que l’on retient de Moah

Une série très différente et un vrai pari artistique pour OCS. Une série qui donne tout son sens à une chaîne payante

Une distribution hors pair qui nous embarque dans son univers rempli de drames, de larmes et de poésie (la première séquence où l’on découvre Gawaa devant la grotte sous la pluie ou bien une autre première fois, à la fin de la saison entre Moah et Gawaa)

Une série sans dialogue mais qui nous dit tellement de choses

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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