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On a vu pour vous… My Lady Jane, fantasy uchronique chez les Tudors

Entre fantasy, romance et comédie, My Lady Jane réécrit l’histoire de Jane Grey, éphémère reine d’Angleterre.

C’est quoi, My Lady Jane ? En 1553, le roi Edward VI (Jordan Peters) est mourant. Écartant ses sœurs Mary (Kate O’Flynn) et Elizabeth (Abby Hern) de sa succession, il désigne comme héritière sa cousine Jane (Emily Bader) et lui choisit pour époux le fils d’un de ses conseillers, Gifford Dudley (Edward Bluemel) à la réputation de débauché. Préférant de loin la compagnie des livres à celle d’un prétendant, Jane est prête à tout pour éviter ce mariage… Sauf qu’elle ne s’attendait pas à trouver Gifford à son goût, et encore moins à se retrouver assise sur le trône. Confrontée à un vaste complot et à l’opposition des partisans de Mary, Jane va devoir se battre pour la couronne – et pour sa vie.

God saves the Tudors, grands pourvoyeurs de séries historiques ! Après les Tudors, The White queen,  Becoming Elizabeth ou Wolf Hall, My Lady Jane est toutefois bien différente. Tirée du roman de Brodi Ashton, Cynthia Hand et Jodi Meadows, la série réécrit l’Histoire en imaginant un autre destin pour son héroïne Jane Grey dans un récit mêlant comédie, romance, aventure et fantasy. Un cocktail détonnant, servi frappé par Prime Video.

Une petite leçon d’Histoire… à oublier

La véritable histoire de Jane Grey est aussi tragique que brève. En 1553, tout juste mariée à Lord Gifford Dudley , elle devient reine d’Angleterre à la mort de son cousin Edward IV Tudor. Comme elle, Edward est fidèle à l’Église anglicane et l’a préférée à ses propres sœurs Elizabeth et surtout Mary, qui est catholique. Couronnée le 10 juillet, Jane est renversée par Mary et ses partisans le 19. Celle qu’on surnommera « la reine de 9 jours » est reconnue coupable de trahison et – couic ! – exécutée par décapitation aux côtés de son mari. Elle avait 17 ans.

Fin du moment Stéphane Bern, car  My Lady Jane fait un pied de nez à l’Histoire. La série écrit une alternative teintée de romance, de comédie, d’aventure et de fantasy à la fin tragique de la jeune et éphémère reine. Le point de départ est (à peu près) le même jusqu’au moment où Mary s’empare du trône. A partir de là, ça dérape. Outre quelques détails anecdotiques, My Lady Jane décide que Edward n’est pas mort de la tuberculose mais s’est enfui après qu’on a tenté de l’assassiner ; Jane n’est pas décapitée et son mari non plus, ils prennent eux aussi la tangente pour tenter de déjouer le complot dont elle et Edward victimes, sauver leurs fesses et récupérer le couronne. 

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Jane Grey, reine d’Angleterre

Il y a un autre changement majeur, sur lequel nous reviendrons. En attendant, cette version de l’Histoire est un joyeux mélange des genres, aussi chaotique que réjouissant. Comédie remplie de punchlines du narrateur en voix off, d’anachronismes, de situations délirantes, de gags loufoques avec un côté théâtral ; romcom entre la farouche Jane et ce vaurien de Guifford ; drama historique avec costumes et décors époustouflants ; série féministe avec une héroïne bad ass qui cavale à cheval au son de la chanson Wild Thing.

Un casting royal

Évidemment, Jane est au cœur de la série ; ce n’est pas pour rien qu’elle porte son nom. Jeune femme solitaire et éprise de lecture et d’herboristerie issue d’une famille noble mais pauvre, elle a systématiquement fait foirer tous les projets de mariage ourdis par sa mère. Jusqu’à ce que les circonstances l’obligent à s’unir à Guifford et à monter sur le trône – ce qui ne lui plaît pas du tout. Mais loin de la demoiselle en détresse passive et pantelante, c’est elle qui va prendre les choses en mains lorsque sa vie, celle de son mari et le royaume sont menacés. 

L’actrice américaine Emily Bader, qui définit son personnage comme un mélange de Elizabeth Bennet et de la chanteuse Blondie, adopte  un accent anglais plus vrai que nature. Son secret ? Regarder Orgueil et Préjugés (le film de 2005) en boucle et imiter Keira Knightley. Bonne stratégie ! A ses côtés, Edward Bluemel (vu dans  Killing Eve) est un Guifford aussi agaçant et arrogant que séduisant. Citons aussi Jordan Peters dans le rôle du roi Edward ou encore Dominic Cooper (Preacher) dans celui du ministre et conseiller Lord Seymour. 

Jane et Guifford, coup de chaud chez les Tudors

On l’a dit, My Lady Jane s’écarte de l’Histoire avec un autre changement majeur., qu’on ne dévoile que maintenant pour vous permettre de sauter les paragraphes suivants si vous voulez garder la surprise… 

Vous êtes encore là ? Très bien. Alors sachez que dans notre histoire, il n’y a pas de catholiques ou de protestants. En revanche, le royaume est divisé entre les Authentiques (des gens comme vous et moi)  et les Edians capables de se transformer en animal. L’hostilité entre les deux clans est permanente, les Edians attaquant les Authentiques qui veulent les faire cramer sur le bûcher.  

Pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre qu’il s’agit d’une métaphore sur la différence et l’altérité, où la dimension magique sert à parler des minorités et des clivages de la société au-delà des guerres de religions. C’est aussi un bon moyen de désamorcer certaines critiques : franchement, qui se soucie des libertés prises avec l’exactitude historique, à partir du moment où un personnage peut se transformer en fouine, en renard ou en crécerelle ?!  Dans My Lady Jane, c’est littéralement « mon royaume pour un cheval »… Ce n’est pas sérieux – mais c’est drôlement malin.

My  Lady Jane, c’est à la fois Princess Bride, Blackadder, les Tudors, Dickinson, Nell La Rebelle et Harry Potter. Un mélange délirant  qui réinvente la vie de Jane Grey, qui n’a été reine d’Angleterre que pendant neuf jours, dans une comédie loufoque / romantique / aventureuse / fantasy / historique / satirique. Une série charmante, extravagante et rafraîchissante qui se sert du mélange des genres pour construire une histoire…  intelligemment idiote. Ou bêtement intelligente, comme vous préférez.

My Lady Jane
8 épisodes de 50′ – Sur Prime Vidéo. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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