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On a vu pour vous … Time, drame carcéral avec Sean Bean et Stephen Graham

Face à face puissant et haletant entre deux acteurs exceptionnels, Time est une série coup de poing. La série est présentée en ce moment à Séries Mania.

C’est quoi, Time ? Mark Cobden (Sean Bean) est incarcéré  après avoir été condamné à quatre ans de prison pour homicide involontaire, suite à un accident de la route alors qu’il était en état d’ébriété ; rien n’a préparé ce modeste professeur à la dureté et la violence de la vie carcérale. Dans la même prison travaille Eric McNally (Stephen Graham), gardien expérimenté et respecté ; un drame familial va le placer au cœur d’un dilemme éthique insoluble. Les trajectoires des deux hommes vont se croiser, entre les murs de ce pénitencier de Liverpool. 

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Les drames pénitentiaires sont un genre classique au cinéma comme à la télévision, et une partie de leur histoire repose en général sur les relations entre les détenus et les gardiens. Cet aspect est au cœur de la série britannique Time, présentée dans le cadre du festival Séries Mania. Magistralement écrite par le scénariste Jimmy McGovern, c’est un drama violent et bouleversant, parfois éprouvant à regarder, dont les héros sont interprétés par deux acteurs toujours excellents : Sean Bean (Game of Thrones) et Stephen Graham (Boardwalk Empire). Ils démontrent une fois encore de façon éclatante leur immense talent, et leur seule présence justifie déjà que l’on regarde cette série.

Time ne perd pas son temps (!!) en circonvolution ou précaution narrative. La première scène, violente et choquante, montre l’arrivée de Mark Cobden à la prison ; c’est son premier contact avec l’univers carcéral. Il va découvrir la froideur de l’administration pénitentiaire, la brutalité et la cruauté des détenus, la lutte de pouvoir qui existe entre eux, les chantages et trafics qui existent d’une cellule à l’autre, mais aussi l’incurie du système avec l’absence totale de soins. Petit prof jusque là sans histoire, Cobden n’est pas de taille à supporter tout ça,  et son adaptation est d’autant plus difficile qu’il est pris pour cible par d’autres prisonniers qui le considèrent comme un homme faible et une cible facile. 

Mark Cobden, prof sans histoire, découvre l’enfer de la prison

Son principal interlocuteur dans la prison est un gardien, Eric McNally, qui supervise le bloc où il est incarcéré. C’est un homme dur et sévère, capable de se montrer violent mais aussi de faire preuve de compréhension et d’empathie ; après vingt-deux ans de carrière impeccable, il est respecté de sa hiérarchie, de  tous ses collègues et même des prisonniers qui savent qu’il ne faut pas s’opposer à lui. Comprenant les difficultés de Mark, il va tenter de le protéger et de l’aider à s’adapter à ce nouvel environnement difficile. 

La relation entre McNally et Cobden est l’un des fils conducteurs de la série ; l’autre, c’est le chiasme que constituent leurs parcours, qui se croisent en prenant des directions diamétralement opposées. Cobden, condamné pour avoir tué un jeune homme lors d’un accident de la route alors qu’il état ivre au volant, met à profit son temps en prison pour se remettre en question et il prend conscience de tout le mal qu’il a fait. A sa victime et à la famille de celle-ci, auprès de qui il cherche le pardon ; mais aussi à ses proches, son mariage ayant volé en éclats à cause de son alcoolisme et son fils n’ayant plus que de rares contacts avec lui. 

De son côté, McNally voit sa vie privée et sa vie professionnelle entrer en collision. Nous ne révélerons pas de quelle manière ni pourquoi, mais cet homme probe et intègre va se retrouver au cœur d’un dilemme éthique insoluble. Aucune option n’est la bonne, son choix sera forcément le mauvais : la décision qu’il prend finalement va bouleverser à jamais son destin et celui de sa famille. 

Eric McNally, de l’autre côté du système carcéral

Time, c’est d’abord le portrait de ces deux hommes que tout oppose a priori, mais qui sont finalement moins différents que ce que l’on pourrait croire. A mesure que l’on suit leur parcours respectifs, on découvre toute la complexité de leurs personnalités et le concours de circonstances qui  va les placer sur des trajectoires croisées. Les deux acteurs, Sean Bean (Cobden) et Stephen Graham (McNally) sont à leur niveau d’excellence habituel ; c’est la première fois à notre connaissance qu’ils jouent ensemble, et les voir partager de nombreuses scènes est un vrai plaisir.  A titre de curiosité, ajoutons que Hannah Walters, la compagne de Stephen Graham dans la vraie vie, joue son épouse dans Time.

Mais Time, c’est aussi une immersion ultra réaliste et sans concession dans le système carcéral britannique. Ce que vit chacun de ses deux personnages s’apparente à un chemin de croix, de chaque côté des barreaux. Sans ménager son spectateur mais sans tomber non plus dans la violence gratuite ou la complaisance, la série appuie sur tout ce qui fait mal :  la brutalité entre détenus, la froideur du personnel carcéral qui cherche à se protéger d’un travail éprouvant et la pression qu’ils subissent au quotidien, des prisonniers battus pour être maîtrisés, le manque d’accès à des soins médicaux et psychiatriques, le suicide en prison, la question de le réinsertion des détenus… 

Dans Time, la prison n’est pas un lieu où un purge sa peine avant de reprendre le cours de sa vie : c’est un endroit coupé du monde où l’on enferme des personnes indésirables et où on les laisse se détruire les unes les autres ou s’autodétruire, sans que presque personne ne s’en soucie. C’est dans ce cadre cauchemardesque que sont plongés Cobden et McNally, deux hommes que l’on peut qualifier d’intrinsèquement bons mais qui chutent, rongés par leurs échecs et les failles du système carcéral britannique

Time fait incontestablement partie des meilleures séries britanniques que l’on ait vues récemment. Elle s’appuie sur les éléments traditionnels de la fiction en milieu carcéral (violence, action principalement en huis-clos, etc.) mais fait aussi entendre sa petite musique, puissante et dérangeante. Superbement écrite et réalisée, magistralement interprétée, c’est une de ses séries qui vous choquent, vous émeuvent et vous font réfléchir. 

Time
3 épisodes de 55′ environ. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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