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On débriefe pour vous… Suburra, dénouement sanglant dans l’ultime saison

On quitte Suburra dans le sang et les larmes, avec une troisième saison qui conclue l’épopée criminelle des jeunes mafieux.

C’est quoi, Suburra (saison 3) ?  Après la mort de leur ami Lele, Aureliano (Alessandro Borghi) et Spadino (Giacomo Ferrari) sont plus que jamais alliés. Le second est désormais à la tête du clan gitan, alors que son frère Manfredi (Adamo Dionisi) entend reprendre le pouvoir.  Dans le même temps, le Samouraï (Francesco Acquaroli) s’est allié aux Siciliens pour contrôler le trafic de drogue via le port d’Ostie  et Amedeo Cinaglia (Filippo Nigro) est devenu maire de Rome. La tension est encore exacerbée à l’approche du jubilé  organisé par le Vatican, dont tous veulent tirer profit. Le dernier acte de la guerre pour la domination de Rome peut commencer…

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Pour les adeptes des séries sur la mafia (les fans de Gomorra, on parle de vous),  Suburra est une valeur sûre. Tirée du roman de Carlo Bonini et Giancarlo Cataldo, la série est présentée comme un prequel du film éponyme de 2015; en réalité, Suburra s’inscrit plutôt dans un univers élargi en approfondissant voire en réécrivant l’histoire de ses héros. Si elle reprend certains personnages ou situations, elle s’éloigne beaucoup du long-métrage au point qu’il serait même difficile de les faire converger. 

Pendant trois saisons, Suburra nous a montré les dessous peu reluisants de Rome avec ses clans mafieux, la corruption généralisée des élites et du Vatican, les affaires de famille, la lutte pour le contrôle de la ville et les rivalités qui mettaient en péril l’équilibre des forces en présence. Et cette histoire, nous l’avons vécue à travers le regard de trois jeunes criminels qui se sont battus face à la vieille garde pour devenir les nouveaux Rois de Rome. Après la mort de Lele (Eduardo Valdarnini) à la fin de la saison précédente, le trio est devenu un duo : Aureliano et Spadino vont mener ensemble l’ultime acte de cette guerre. 

A lire aussi : On débriefe pour vous Suburra, saison 2

Dès le début, on savait que Suburra était pensée pour durer trois saisons et on s’attendait donc à un épilogue définitif au terme de ces nouveaux épisodes. Il n’y en a que six (contre dix et huit épisodes dans les saisons précédentes) et c’est finalement bien peu pour mettre un point final à l’épopée mafieuse de Aureliano et Spadino. Par conséquent, cette dernière saison souffre d’un rythme un peu trop rapide, avec un récit qui s’emballe dans la deuxième moitié de la saison et une confrontation finale certes explosive mais prévisible et un peu expéditive.

Dernier acte pour Aureliano et Spadino

Toutefois, le choix de resserrer le récit a aussi un avantage non négligeable : les épisodes filent à toute allure, il se passe énormément de choses et les rebondissements s’enchaînent sans le moindre temps mort. L’intrigue se concentre plus que jamais sur le monde criminel, les alliances, les trahisons et les luttes de pouvoir entre l’ancienne et la nouvelle génération de mafieux via les trafics en tout genre, la mainmise sur le jubilé organisé par le Vatican, le chantage et les pressions exercées sur les cardinaux et sur le nouveau maire, les règlements de compte sanglants entre anciens partenaires ou membres d’une même famille. 

Le thème a beau avoir été traité un nombre incalculable de fois, Suburra reste prenante et efficace. On regrettera peut-être certains emprunts un peu trop marqués à Gomorra (la dernière scène, par exemple, est quasiment un copié-collé du final de la troisième saison), ou l’absence totale de la police ou de la justice. Ces quelques maladresses sont cependant largement compensées par une réalisation remarquable, avec des scènes d’action très réussies et surtout cette ville de Rome, magnifiquement filmée. Cette fois, nous parcourons les banlieues anonymes mais aussi des lieux emblématiques tels que le Colisée out le Palazzo della Civiltà del Lavoro, toujours au son de l’excellente bande originale du rappeur Piotta, spécialement composée pour la série. 

En touchant à la conclusion, Suburra approfondit aussi ses protagonistes, qu’ils soient au premier plan ou en retrait. A commencer par Aureliano et Spadino, qui ne sont plus les petits délinquants naïfs du début. Faisant désormais jeu égal avec les boss, ils doivent protéger leurs familles (au sens propre et au sens mafieux du terme) et mesurent l’ampleur des sacrifices qu’exige le pouvoir. Pour la première fois peut-être, on les perçoit comme des personnages positifs – en partie grâce à leur amitié profonde et sincère, en partie à cause de leur douleur après la mort de Lele… et en partie parce que les autres personnages sont encore pires. Si Alessandro Borghi est très convaincant dans le rôle d’Aureliano, Giacomo Ferrara a le mérite de donner de l’ampleur à Spadino, qui n’était pourtant qu’un personnage secondaire du film. 

Les femmes de Suburra, un des atouts de cette dernière saison

En arrière-plan, le Samuraï est un peu en retrait et le personnage de Manfredi reste un peu trop simpliste. En revanche, Cinaglia connaît une évolution radicale : le nouveau maire de Rome est prêt à tout pour protéger ses intérêts et sauver sa peau, quitte à abandonner le peu de moralité qui lui restait. Dans cette histoire de mafia, violente et implacable, les femmes prennent aussi (enfin) toute leur place : Angelica (Carlotta Antonelli) et Nadia (Federica Sabatini) nouent une amitié inattendue à mesure qu’elles cherchent leur place dans ce monde éminemment masculin. C’est  l’une des excellentes surprises de cette dernière saison et certains réclament déjà un spin off centré sur les deux femmes. 

Comme le dit le slogan de la dernière saison de Suburra, solo Rome è eterna. Les mafieux, les politiciens,  le pouvoir sont voués à disparaître ; seule la ville est éternelle. La conclusion de la série est très satisfaisante, bien que sans doute un peu rapide et assez prévisible. Mais depuis la nuit des temps, le destin de Rome s’est écrit dans le sang  : rien d’étonnant à ce que Suburra achève son récit de cette manière. Décidément, les histoires de mafia finissent mal (en général).

Suburra (Netflix)
Saison 3 – 6 épisodes de 50′ environ.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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