Fidèle à elle-même mais moins dispersée, The Politician accompagne son héros dans la poursuite de son ascension politique, en route vers la Maison Blanche.
C’est quoi, The politician (Saison 2) ? Rêvant depuis son plus jeune âge de devenir président des États-Unis, Payton Hobart (Ben Platt) a finalement échoué à être élu président du conseil des élèves de son lycée. Trois ans plus tard, alors qu’il est étudiant à l’Université de New York, Payton déprime et noie son chagrin tous les soirs dans un piano-bar. Mais ses anciens camarades Skye, McAfee, James, Astrid et Alice le poussent à reprendre le combat en briguant un siège au Sénat. Il va devoir affronter la sénatrice sortante, la conservatrice Dede Standish (Judith Light) et sa féroce chef de cabinet Hadassah Gold (Bette Midler). Heureusement, Astrid (Lucy Boynton) détient des informations potentiellement compromettantes sur Dede et sur son « ménage à trois »… Pendant que sa mère adoptive Georgina (Gwyneth Paltrow) brigue le poste de gouverneur de l’état de Californie, Payton va se jeter dans une bataille électorale encore plus rude.
En saison 1, The politician reprenait tous les ingrédients caractéristiques du style de son showrunner, le prolifique Ryan Murphy. Et notamment ce qu’on lui reproche le plus souvent, soit un récit qui se dispersait et partait dans toutes les directions : on basculait d’une scène à l’autre dans la comédie grotesque, le teen drama, la comédie musicale, le soap, le vaudeville, la satire ou le thriller. Disponible sur Netflix, les sept nouveaux épisodes voient Payton Hobart (le politicien du titre) poursuivre son rêve d’ascension jusqu’au bureau ovale et se lancer dans un nouveau combat électoral encore plus ardu, encore moins propre… mais toujours aussi drôle et excentrique.
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Cette nouvelle saison – dont nous dévoilerons le moins d’éléments possibles – reprend peu ou prou la même construction et le même ton que la première, quoi qu’avec davantage de cohérence et de fluidité. L’intrigue est toujours remplie d’exagérations absurdes, de situations outrancières et de dialogues piquants, mais elle se disperse moins. En terme de narration et de style, dans le cheminement politique et personnel de Payton, le récit est moins hystérique et – comme notre héros – plus mature. Mais rassurez-vous : on reste très, très mais alors très loin du réalisme de A la maison blanche, et pas tout à fait dans le cynisme acide de Veep.
Le dernier épisode de la saison précédente jetait les bases de celle-ci, grâce à une ellipse temporelle de plusieurs années, de sorte que The Politician peut s’appuyer sur cette intrigue déjà esquissée. Cette fois, nous sommes au cœur des élections sénatoriales de l’État de New York, et Payton va devoir affronter la sénatrice sortante, Dede Standish. Oh, et la directrice de campagne de celle-ci, la redoutable et inénarrable Hadassah Gold. Les enjeux sont donc clairement posés, et la dynamique qui en découle est d’autant plus efficace que The Politician bénéficie d’interprètes véritablement formidables. D’un côté, Ben Platt continue d’exceller en jeune loup ambitieux parfois rattrapé par ses doutes et ses scrupules, notamment lorsqu’il se demande si quelque chose de positif peut ressortir de ses manigances. Face à lui, Judith Light et Bette Midler sont tout simplement irrésistibles… et visiblement, elles s’amusent beaucoup dans leurs rôles respectifs.
Cette opposition est aussi celle de deux générations, avec des différences fondamentales entre les deux candidats. Dede Standish est une élue conservatrice rompue à la politique, mais elle mène une campagne old school du point de vue stratégique avec spots télévisés, alliances secrètes et photos volées par des paparazzi. Payton manque cruellement d’expérience, mais il sait instrumentaliser les réseaux sociaux et mobiliser derrière lui une foule de jeunes pour qui il incarne l’espoir du changement.Ce choc générationnel s’illustre aussi à travers les votants : comme dans la première saison, le cinquième épisode ouvre une parenthèse pour adopter le point de vue des électeurs, en l’occurrence à travers la confrontation entre une mère et sa fille. Votant respectivement pour Dede et pour Payton, elles ont des avis opposés sur le changement climatique, l’utilisation des médias pour s’informer ou le système de santé.
Entre Payton et Dede, la campagne électorale va vite virer à une guerre sans merci ; le ton de la série reste donc intact tout au long de la saison, c’est un feuilleton politique plein de rebondissements, de cliffhangers, de trahisons, de trouples (celui de Dede… et celui de Payton), de secrets et de surprises – tous déjà suggérés dans l’excellent générique. Cependant, sous ses airs de comédie amusante et addictive, The Politician se sert avec brio de son histoire pour aborder une multitude de sujets pertinents et souvent d’une actualité brûlante comme l’écologie, la communication politique, le féminisme ou l’appropriation culturelle. Par exemple, l’intrigue autour de Gerónimo est aussi culottée qu’intelligente ; celle centrée sur la mère adoptive de Payton dissèque joyeusement le mécanisme du populisme.
Mais à tout prendre, les convergences d’intérêts dépassent les divergences d’opinions… Le final de la saison (dont nous ne dirons évidemment rien) rebat les cartes et ouvre la voie à une troisième saison qui, selon Murphy, pourrait être la dernière. Et qu’on a hâte de voir, étant donné cet ultime rebondissement.
Avec cette deuxième saison, The Politician accompagne son jeune héros sur le chemin semé d’embûches jusqu’à la maison blanche, avec une étape au Sénat. Dans la lignée de la saison précédente, la série trace une satire brillante du monde politique ; le mélange de tons dont Ryan Murphy est coutumier est moins marqué, ce qui permet à l’intrigue de gagner en fluidité et en cohésion sans pour autant rien perdre de son excentricité. Divertissante avec son humour débridé, prenante avec son intrigue politique pleine de coups bas, de coups de théâtre et de coups de couteau dans le dos : au second tour, The Politician remporte à nouveau nos suffrages.