
Après Big little lies, Apples never fall est l’adaptation d’un autre roman de Liane Moriarty dans la même ligne, entre thriller et drama familial.
C’est quoi, Apples never fall ? Couple apprécié de leurs voisins de West Palm Beach en Floride, Joy (Annette Bening) et Stan Delaney (Sam Neill) viennent de prendre leur retraite, après avoir vendu leur école de tennis où Stan a entraîné des joueurs renommés.Ils comptent profiter d’un repos bien mérité, entourés de leurs quatre enfants adultes : Troy (Jake Lacy) travaille dans la finance, Brooke (Essie Randles) a ouvert son cabinet de physiothérapie, Logan (Conor Merigan-Turner) est prof de yoga et Amy (Alison Brie) cherche encore sa voie. La disparition soudaine de Joy est donc un choc pour tout le monde. Alors que la police soupçonne Stan d’être impliqué, ses enfants commencent à s’interroger sur son attitude ambiguë, mais aussi sur Savannah (Georgia Flood), une inconnue que leurs parents ont hébergée quelques mois plus tôt.
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L’essentiel
Créée par la scénariste Melanie Marnich (The OA, The Affair), Apples never fall n’est pas la première adaptation (et sûrement pas la dernière) d’un roman de Liane Moriarty. Après Big Little Lies et Nine Perfect Strangers, la nouvelle série tirée d’un de ses romans (publié en France sous le titre Set et match !) est disponible sur Max. On retrouve une formule qu’on connaît bien : un thriller tortueux au sein d’une famille en apparence parfaite qui cache en réalité des relations complexes et des secrets, alimentant les rumeurs dans un joli quartier résidentiel. Ou comme le dit la chanson Buried qui sert de générique : All the secrets buried in the backyard / where the flowers grow.
On aime
Une famille américaine typique, apparemment unie et équilibrée – apparemment étant le mot-clé. Lorsque la mère disparaît, dès le pré-générique du premier épisode, le mystère est entier. Est-elle partie volontairement ? A-t-elle eu un accident ? Quelqu’un lui a-t-il fait du mal ?Son mari a-t-il quelque chose à se reprocher ? Son comportement, ses mensonges successifs et ses réactions entretiennent le doute, tout au long des épisodes. Y compris chez ses enfants – Amy, Troy, Logan et Brooke – qui tentent de comprendre ce qui a bien pu se passer, déchirés entre leur loyauté envers leur père, l’image qu’ils ont de lui et les soupçons toujours plus prégnants. Mais une autre personne est peut-être impliquée : la mystérieuse Savannah, une inconnue en difficulté que leurs parents ont hébergée durant plusieurs mois…
Construite selon deux lignes temporelles – le présent avec l’enquête sur la disparition de Joy et de longs flash-back retraçant les mois précédents – la série se focalise à chaque épisode sur un des personnages. La disparition de Joy intrigue jusqu’au bout, mais elle est surtout le déclencheur d’une succession de révélations, de secrets dévoilés, de questionnements et de mise à jour d’une dynamique familiale plus complexe et moins paisible que ce que tout le monde (les Delaney compris) pensait. Ainsi, ce qui commence comme un thriller bascule progressivement dans le drama familial à mesure que les quatre enfants confrontent leurs opinions sur leurs parents et le souvenir qu’ils gardent d’une enfance peut-être moins idyllique que ce qu’ils croyaient.
Au casting, Annette Bening est formidable dans le rôle de Joy. Au fil des retours en arrière, on découvre une femme aux antipodes de la jeune retraitée épanouie : une femme en pleine crise existentielle qui se sent négligée depuis des années par sa famille au point d’avoir du mal à trouver des raisons de se lever le matin. A ses côtés, Sam Neill est tout aussi excellent dans le rôle de Stan, avec son amertume, sa colère, ses frustrations et sa froideur.
On aime moins
La formule a parfaitement fonctionné par le passé, et c’est donc logiquement qu’on tente de nous refaire le coup. Mais si Apple never falls est indéniablement efficace, elle ne propose rien de neuf et elle est certainement moins forte et impactante que Big Little Lies, pour s’appuyer sur la comparaison la plus évidente. Les tropes sont maintenant bien connus du public : les apparences sont trompeuses, la jolie petite famille n’est pas aussi équilibrée qu’elle le prétend, les secrets du passé ressurgissent dans le présent, la mystérieuse inconnue n’est pas là par hasard…
Plein de rebondissements et de coups de théâtre, le mystère central est toutefois résolu de manière assez basique, voire un peu décevante car pas forcément crédible. Certains ressorts sont éculés, certaines coïncidences un peu trop pratiques pour convaincre totalement. Et dans sa construction entre passé et présent, la série est parfois maladroite – il faut faire un effort pour comprendre où l’on se situe dans la chronologie.
Enfin, si Annette Bening et Sam Neill sont remarquables, il n’est pas facile pour les autres acteurs de se faire une place derrière eux. A fortiori parce que leurs rôles sont moins approfondis et parfois un peu stéréotypés – à l’instar de Joy, la hippie éternelle adolescente, ou même Savannah malgré ses zones d’ombre.
On regarde si… on a aimé Big little lies (le livre et / ou la série) ; on a envie d’une série à regarder lové sous un plaid en hiver ; on est accro aux histoires de mystères et aux familles plus dysfonctionnelles que la nôtre.
On ne regarde pas si… on est lassé des drama / thriller dans une jolie banlieue en apparence tranquille ; on n’a pas envie de passer sans cesse d’une temporalité à l’autre ; on veut une série marquante qu’on n’est pas prêt d’oublier.