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On regarde ou pas ? Escort Boys, la nouvelle pépite de Prime Video

Alors qu’elle a entre ses mains la pépite de cette fin d’année, Prime Vidéo dégaine Escort Boys « à la dernière minute ». Mais on vous explique pourquoi c’est la série à voir.

C’est quoi Escort Boys ? En Camargue, quatre garçons en galère tombent dans l’escorting pour sauver le domaine apicole de leur enfance. Coachés par la petite sœur du groupe qui dirige cette “entreprise” unique dans la région, ils devront se mettre au service des femmes et à travers leur désir… apprendre à être des hommes d’aujourd’hui.

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L’essentiel

C’est donc « à la dernière minute » que Prime Vidéo annonce l’arrivée le 22 décembre de sa nouvelle série française, annoncée depuis plusieurs mois, Escort Boys.
Adaptée de la série israélienne Milk and Honey, la série a été créée par Marc Syrigas, Ruben Alves et Yael Lebrati Attuil. Repartant d’un postulat plus proche de l’univers de Ruben Alvès, ce dernier en a conservé le point de départ : « quatre garçons, en pleine campagne camarguaise, qui vendent leur corps pour s’en sortir« . Autour de lui, le réalisateur s’est entouré d’un casting solide (Guillaume Labbé, Corentin Fila, Thibaut Evrard et Simon Ehrlacher ainsi que Marysole Fertard) auquel se sont greffées des guests de choix (Carole Bouquet, Rossy de Palma, Zahia, Kelly Rutherford, Amanda Lear, Pascale Arbillot, Caterina Murino) et un compositeur de premier choix on y reviendra, Guillaume Ferran. L’idée est de « parler de ce que l’on met en marge dans la société » avec un ton de dramédie. Si sur le papier, la série semblait partir sur des leviers « faciles » pour attirer le spectateur, le résultat va se révéler être au-delà de nos espérances pour nous proposer LA série de cette fin d’année.

On aime

Escort Boys est la série que l’on avait pas vu venir. Une série qui nous bouleverse et nous transporte. Une série qui soigne tout à la fois son histoire, sa réalisation, sa photographie, sa musique ; une série qui « donne à manger » comme on dit à tout le monde malgré un écrin assez réduit (seulement 6 épisodes) et secoue le spectateur plus qu’il ne pouvait s’y attendre. « L’humanité profonde me touche » déclare Ruben Alvès et il le prouve à chaque minute de chaque épisode. Les personnages sont travaillés avec soin et respect, leur donnant corps de manière individuelle sans oublier de faire fonctionner le collectif. Avec Escort Boys, le réalisateur renoue avec ses films sur l’amitié que le cinéma français affectionne depuis longtemps : des histoires simples, et c’est précisément cette simplicité qui les rend aussi puissantes.

Si le personnage de Guillaume Labbé a clairement les honneurs d’être le lead (on aime particulièrement sa relation avec son ex Romane), on se passionne pour l’ensemble des 4 amis, à commencer par le bouleversant portrait de Ludo (brillamment incarné par Thomas Evrard – Paris Police 1900) ou celui de Mathias (incroyable découverte que Simon Ehrlacher, que l’on connaissait pour Plus belle la vie mais qui transcende ici la figure du « beau gosse » en lui donnant doute et humanité). Mais la véritable révélation de la série c’est la remarquable Marysole Fertard. Celle qui a été révélée par son rôle de Margot dans Demain nous appartient, est déjà une grande actrice. Elle aurait pu être « bouffée » par « ces 4 mecs », personnages centraux de la série. Elle est en réalité leur alter-ego, passant de la plus ingénue des ados qui se cherche à la plus redoutable des business women qui doit gérer « ses petites abeilles« . Elle est bluffante, charismatique et puissante quand elle incarne Charly, que ce soit face à ce grand frère qui lui a manqué ou avec chacun des autres membres de cette famille recomposée par les circonstances.

Au fil des épisodes, la rencontre de ces hommes avec leurs clientes va soulever des questions sur ce qu’ils sont, leur rapport à leur corps et celui des autres, mais aussi parler de sexualité avec une pudeur et une profondeur qu’on voit rarement dans des séries. Sans jamais détourner le regard, en disant les choses et en les montrant, Escort Boys réussit la prouesse de n’être jamais vulgaire, jamais trash mais toujours sensible. Outre le travail d’écriture, la réalisation et le jeu des acteurs, la musique a un rôle essentiel pour que la série ne sombre jamais dans ce qu’elle aurait pu être.

Guillaume Ferran, le compositeur de la BO, est un vrai génie, disons le clairement. Il est parvenu à créer un thème à la série d’une puissance émotionnelle réelle. Son travail sur la musique et l’humanité qui s’en dégage rappelle les plus belles musiques de Vladimir Cosma. Comme dans ces films mythiques que la musique de Cosma a si bien magnifié, le thème d’Escort Boys revient très souvent dans la série et devient totalement hypnotique au fil des épisodes. Combiné au remarquable travail sur le choix des chansons qui habillent la série, la musique désamorce en permanence toutes les situations qui pourraient basculer dans le vulgaire ou le graveleux pour leur donner une poésie et une douceur des plus appréciables. La meilleure illustration de cette utilisation de la musique se retrouve dans une sublime séquence de l’épisode 3. Dans cet épisode, Ben (Guillaume Labbé) aide une cliente jouée par Pascale Arbillot à se défaire de ses patrons affreusement misogynes. En arrière plan, c’est la sublime chanson d’Arthur H, La boxeuse amoureuse, qui accompagne la fin de son histoire, lui donnant un caractère absolument bouleversant. Mieux, nous sommes nous aussi en permanence sur une brèche qui pourrait nous conduire à essuyer quelques larmes face à la beauté de telles scènes. Rarement une série n’aura semblé autant capable de nous offrir un concentré brut d’émotion.

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En soap moderne et chic, Escort Boys soigne enfin parfaitement ses sorties, ses fins d’épisodes qui nous laissent tous sur un rebondissement fort mais à hauteur d’homme. Toujours ! Pas de grande effusion, pas d’effets volontairement exagérés mais bel et bien des twists qui relancent la narration. Et le plus fort reste l’incroyable final de la saison 1 qui offre une twist différent à chaque personnage, twist introduit en deux temps comme pour mieux ménager les effets. Là encore, l’humain est présent et les cliffs achèveront en un instant les plus résistants des spectateurs qui n’avaient pas craqué jusque là. Juste par des jeux de regard ! Simple ? Non déroutants, donc efficaces.

… Ils nous manquent déjà !

Escort Boys
6×40 minutes
Sur Prime Video dès le 22 décembre 2023

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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