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On regarde ou pas ? Le cabinet de curiosités de Guillermo del Toro

Guillermo del Toro nous plonge dans l’horreur sur Netflix, avec Le cabinet des curiosités, cette série anthologique dont il est le producteur. 

C’est quoi, Le cabinet de curiosités ? Un homme (Tim Blake Nelson) rachète un box de stockage, sans savoir ce qui se trouve à l’intérieur ;  un pilleur de tombes (David Hewlett ) est confronté aux rats qui grouille dans un cimetière… mais pas seulement ; après une explosion dans une mine, le médecin légiste (F. Murray Abraham) fait une découverte terrifiante ; une femme (Kate Micucci) complexée utilise une crème révolutionnaire, qui n’a pas seulement un effet rajeunissant ; un jeune peintre (Ben Barnes), fasciné par les tableaux sinistres d’un de ses collègues, est loin d’imaginer ce qui se cache derrière ; un jeune homme (Rupert Grint) est obsédé par l’idée d’entrer en contact avec sa jumelle, décédée quand ils étaient enfants ;  plusieurs personnes sont invitées à une réunion mystérieuse qui vire au cauchemar ;  un couple d’ornithologues (Essie Davis et Andrew Lincoln) s’installe dans un vieux manoir pour étudier la murmuration des oiseaux, mais l’épouse perçoit des phénomènes étranges. Tels sont les huit récits réunis par Guillermo del Toro, dans son terrifiant Cabinet de curiosités.

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L’essentiel

Si quelqu’un s’y connaît question horreur, c’est bien Stephen King. Et il vous recommande sans réserve Le Cabinet des curiosités de Guillermo del Toro, qu’il qualifie de « terrifiante, sinistre et belle à regarder« . Del Toro, cinéaste et écrivain mexicain, est le producteur de cette série anthologique de huit épisodes, soit autant de récits indépendants basés sur des nouvelles (notamment de Lovecraft ou de Del Toro lui-même) avec à chaque fois un réalisateur différent.

On aime

Le concept est très engageant. Un cabinet de curiosités désignait autrefois une pièce ou un meuble où un collectionneur conservait des objets rares et étranges rapportés du monde entier. Del Toro, lui, a amassé des histoires de terreur qui empruntent à plusieurs sous-genres et grands thèmes de l’horreur : satanisme, extraterrestres, folie, sorcières… Des récits simples, classiques mais redoutablement efficaces, qu’il introduit brièvement en pré-générique à la façon d’un Alfred Hitchcock présente, en extirpant de son  Cabinet de curiosités un objet matérialisant l’ histoire. En plus de les produire et de les présenter, Del Toro a aussi organisé les épisodes et même coécrit certains d’entre eux : le cinéaste mexicain a fait donc bien plus que prêter le prestige de son nom à la série. 

Les épisodes ont été confiés à plusieurs réalisateurs, comme Guillermo Navarro, Vincenzo Natali, Ana Lily Amirpour ou David Prior. La diversité des approches et la manière dont chaque cinéaste laisse sa marque ne fait aucun doute, mais sans qu’aucune histoire ne dépare dans cette anthologie. Et si chaque récit exploite une facette différente de l’horreur, la série bénéficie toujours d’une mise en œuvre remarquable : décors, photographie, musique, jeu des acteurs ou effets spéciaux (qui jouent davantage sur le maquillage et l’animatronique que sur le CGI) : tout concourt à créer une atmosphère sombre, pesante et même sinistre. 

Comme dans toute anthologie, chacun aura une préférence pour une histoire ou une autre. A nos yeux, L’autopsie est particulièrement réussie, grâce à l’excellent F. Murray Abraham et à un dénouement magistral. Mais on aime aussi Murmuration, plus psychologique et subtile. Globalement, on peut trouver des qualités à chaque épisode : par exemple Lot 36 joue sur les ombres et les lumières dans une histoire où le satanisme et la xénophobie sont la clé ; La prison des apparences brocarde le poids de l’image et du rapport au corps ; Le modèle avec sa conception artistique irréprochable crée une superbe ambiance gothique; Rats de cimetière tire parti de sa concision pour aller crescendo dans l’horreur.  

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On aime moins

Tous les épisodes partent d’une idée forte, mais ils sont inégaux dans leur écriture. Certains d’entre eux ont tendance à s’enliser et à perdre en cours de route une partie de leur force, à l’instar de L’exposition. D’autres souffrent d’un problème de rythme et échouent à exploiter totalement tous les ressorts possibles de l’histoire. Et avec des épisodes souvent longs de plus d’une heure, la baisse de régime se ressent forcément. 

D’autre part, avec un point de départ classique, certaines histoires ne réservent finalement aucune surprise (Lot 36 ou Le modèle, par exemple) et dès le début, on devine facilement ce qui va se passer, et de quelle manière cela va se passer. D’un épisode à l’autre, se dessinent aussi certains schémas récurrents – le héros souffrant d’un traumatisme ou l’apparition d’un démon en guise de dénouement. Et même s’ils ne perdent rien de leur force, on peut regretter certains clichés. 

Enfin, à l’exception de Murmuration, les différentes histoires exploitent surtout ce que l’horreur peut avoir de plus gore : démons « lovecraftiens », sang, tripes, corps déchiquetés, mutilations, cadavres en abondance, autopsie… Il faut avoir le cœur – et l’estomac – bien accrochés, pour arriver au bout de la plupart des épisodes. 

On regarde si… on adore se faire peur avec des histoires classiques mais efficaces ; on est sensible aux différents aspects que peuvent prendre les récits d’horreur ; on est un inconditionnel de Lovecraft… ou de Guillermo del Toro. 

On ne regarde pas si… on préfère l’horreur psychologique au gore ; on est sujet aux cauchemars ; on s’apprête à passer à table (Bon appétit !). 

Le cabinet de curiosités de Guillermo del Toro
8 épisodes de 45′ à 70′ =
Disponible sur Netflix.

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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