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On regarde ou pas ? Les dossiers oubliés /  Department Q (Netflix)

Adaptation d’un best-seller de la littérature policière scandinave, Les dossiers oubliés suit un flic bourru face à un cold case sordide.

C’est quoi, Les dossiers oubliés ? De retour au travail après un  violent traumatisme, Carl Morck (Matthew Goode) est devenu ingérable. Plus personne ne veut travailler avec cet inspecteur agressif et cynique. Sa patronne décide alors de le placer à la tête d’une nouvelle division, consacrée à la résolution de vieux dossiers oubliés. Relégué au sous-sol, avec pour collègue le policier réfugié syrien Akram (Alexej Manvelov) et la toute jeune inspectrice Rose (Leah Byrne), Morck s’attaque à son premier cold case : la disparition mystérieuse d’une jeune femme, survenue six ans plus tôt. En parallèle, il tente de s’immiscer dans l’enquête sur l’agression dont lui-même et son équipier James Hardy (Jamie Sives) ont été victimes…

L’essentiel

S’il est un domaine dans lequel les Scandinaves excellent (hormis les meubles en kit), c’est bien celui du polar. Pensez à Henning Mankell, Jo Nesbo, Camilla Lackberg, Viveca Sten. Cette fois, c’est un autre best-seller du genre nordic noir que nous propose Netflix : Department Q (Les enquêtes du département V, en français).  Sous le titre Les dossiers oubliés, la première saison de neuf épisodes signée Scott Frank (Le jeu de la dame) reprend l’intrigue du premier livre de la série du danois Jussi Adler-Olsen. A noter qu’il existe déjà des films tirés des romans, qui n’ont apparemment pas convaincu l’auteur.

Après une violente agression qui a laissé son coéquipier paralysé et lui-même grièvement blessé, Carl Morck reprend du service au sein de la police d’Édimbourg. S’il n’était déjà pas commode avant « l’incident », il a désormais tout d’une tête de c…  Il est agressif, cynique, antipathique et plus bourru qu’un Docteur House en manque de vicodine. Pour se débarrasser de cet inspecteur brillant mais insupportable, la cheffe de la police lui confie la direction d’une nouvelle brigade, consacrée à la résolution des cold cases. 

La « promotion » est en réalité une mise au placard : Morck se retrouve au sous-sol (le bureau Q – d’où le titre original) avec deux autres agents – Akram, ex-policier syrien et Rose, toute jeune secrétaire. Et tandis qu’en parallèle, la procureure Merritt Lingard (Chloe Pirrie) poursuit en justice un homme d’affaires accusé du meurtre de sa femme, notre trio de flics s’empare d’un premier dossier.

On aime

Difficile de résumer l’intrigue sans spoiler, et ce pour deux raisons. D’abord parce que la scène d’ouverture est d’une puissance époustouflante, du genre à vous faire tomber du canapé. Un coup de poing dans le ventre, d’une violence impressionnante, qui nous précipite directement dans l’histoire. Ensuite, le premier épisode s’achève sur un retournement inattendu (pour qui n’a pas lu le livre, s’entend), qui rebat complètement les cartes et donne une autre interprétation de ce qu’on vient de voir. 

A partir de là, on est catapulté dans l’enquête menée par Morck et son équipe, entre pistes divergentes, indices contradictoires, mystères à élucider, choc entre événements passés et présents. L’ensemble est suffisamment addictif pour qu’on veuille des réponses, suffisamment tortueux pour qu’on ne les obtienne pas tout de suite. 

La série a choisi de situer l’action en Écosse au lieu du Danemark des romans, troquant l’ambiance froide et rugueuse de la Scandinavie pour une atmosphère comparable en termes de noirceur mais avec quelque chose de presque gothique et brumeux. Avec toutefois la même violence : le livre comme la série comportent des scènes brutales qui flirtent avec l’horreur, une partie de l’intrigue prenant une dimension perturbante.

Dans ce contexte, derrière l’enquête, c’est aussi une galerie de personnages complexes qui se dessine. A commencer par Morck, le flic misanthrope et hargneux qui a cependant de bonnes raisons d’être aussi antipathique. Il se dévoile petit à petit, la carapace se fendille notamment lors de ses entretiens avec sa psy (Kelly Macdonald). De la même manière, on découvre petit à petit le passé de Akram ou les secrets de Merritt, les personnages s’enrichissant au fil des épisodes. Et les acteurs sont tous excellents, en particulier Matthew Goode dans le rôle principal.

A lire aussi : C’est quoi un « cold case » ? | VL Média

On aime moins

Si Les dossiers oubliés avait été diffusée sur la BBC (ou n’importe quelle chaîne britannique), elle aurait probablement comporté six épisodes. Ici, il y en a neuf, le dernier durant 71 minutes… Avec pour conséquence des longueurs, des répétitions inutiles et une intrigue un peu trop chargée dont les circonvolutions nuisent à la fluidité du récit. C’est le principal défaut de la série. 

Pour le reste, c’est une question de goût. On l’a dit, Les dossiers oubliés est adaptée d’un polar nordique, avec ce que cela peut laisser présager en termes de noirceur psychologique, de personnages torturés, d’ambiance sombre et d’intrigues dérangeantes. Il faut donc adhérer au genre.

D’autant que, contrairement aux romans qui ponctuent l’histoire de moments plus légers voire comiques (en particulier dans les interactions entre Carl et Hafez, rebaptisé Akram dans la série), ce n’est pas le cas ici…

 On regarde si… on est fan des polars scandinaves et de leur atmosphère sombre et torturée ; on apprécie les énigmes policières pleines de fausses pistes ; on a lu et aimé les romans, la série offrant une bonne adaptation malgré de nombreux changements.

On ne regarde pas si… on aime les séries policières à l’intrigue plus facile à suivre que la notice de montage d’un meuble Ikea ; on ne supporte pas les personnages antipathiques et hargneux ; on a envie d’une série légère et joyeuse ; on est une petite chose sensible qui ne supporte pas la violence psychologique.

Les dossiers oubliés 
9 épisodes de 42 à 71′ 
Disponible sur Netflix

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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