Mercredi 23 juillet 2025, Emmanuel et Brigitte Macron ont déposé plainte pour diffamation contre la podcasteuse américaine Candace Owens. Motif ? La diffusion d’une théorie conspirationniste selon laquelle la Première dame serait un homme.
Une série complotiste devenue affaire judiciaire
C’est une plainte exceptionnelle, tant sur la forme que sur le fond. Le couple Macron a saisi la Cour supérieure du Delaware pour dénoncer la diffusion d’allégations mensongères à grande échelle, orchestrée par l’influenceuse ultraconservatrice Candace Owens. En cause : Becoming Brigitte, une série de vidéos publiées sur YouTube et X, dans laquelle Owens affirme que Brigitte Macron serait née homme et dont l’identité serait celle de son frère, Jean-Michel Trogneux.
Ces accusations ont été largement diffusées par Owens depuis mai 2024. Son programme a cumulé plus de 2,3 millions de vues, attirant l’attention d’un public international. L’influenceuse y promet de “révéler la vérité”, pour soutenir une théorie sans fondement, largement démentie depuis plusieurs années.
Pour Emmanuel et Brigitte Macron, ces allégations sont non seulement fausses, mais relèvent clairement d’une campagne de diffamation orchestrée à des fins commerciales. Dans leur plainte de plus de 200 pages, ils affirment que l’influenceuse agit « en toute mauvaise foi ».
Des preuves concrètes
La plainte, rendue publique et largement relayée dans la presse internationale, est accompagnée de plusieurs éléments concrets. Des photos d’enfance de Brigitte Macron, acte de naissance publié dans la presse locale, faire-part familial, et clichés récents montrant la Première dame aux côtés de son frère Jean-Michel Trogneux apparaissent dans le dossier. Un Frère que Owens prétend par ailleurs inexistant.
« Non seulement Jean-Michel Trogneux existe, mais il est visible aux côtés de Mme Macron lors des investitures présidentielles de 2017 et 2022 », insiste l’avocat du couple. Selon lui, Owens a sciemment ignoré ces éléments pour nourrir une narration sensationnaliste.
Le couple présidentiel demande à la justice américaine de condamner Candace Owens à verser un montant “exemplaire” de dommages et intérêts. Ils sont représentés par le cabinet américain Clare Locke, spécialisé dans les affaires de diffamation médiatique.
Un cadre juridique complexe
Cette plainte soulève de nombreuses questions juridiques. En effet, aux États-Unis, la protection de la liberté d’expression est garantie par le Premier amendement de la Constitution. Or, pour qu’une plainte en diffamation aboutisse, les plaignants doivent prouver que les propos incriminés ont été tenus avec une « réelle malveillance ». Autrement dit, que l’auteur savait qu’ils étaient faux ou a agi avec un mépris délibéré pour la vérité.
Un seuil difficile à franchir, d’autant plus que la plaignante est une figure publique. Mais le couple Macron entend bien démontrer que la volonté de nuire, à des fins de notoriété et de profits, est ici manifeste.
Une stratégie contre la désinformation
Cette procédure est rare. Il est exceptionnel qu’un chef d’État en exercice engage à titre personnel une action judiciaire contre une personnalité étrangère. Pourtant, Emmanuel Macron a expliqué sa décision par la volonté de « tracer une ligne rouge » contre la désinformation et les campagnes de haine ciblées, qui prolifèrent en ligne depuis son élection en 2017.
Candace Owens, de son côté, a immédiatement réagi, dénonçant une tentative de censure et affirmant qu’elle “ne se taira pas”. Elle qualifie la plainte d’« attaque d’un gouvernement étranger contre la liberté d’expression américaine ».