
Pilier de la sécurité internationale depuis plus de cinquante ans. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a pour mission de prévenir le développement des armes nucléaires, d’encourager le désarmement et de promouvoir l’usage pacifique de l’énergie nucléaire. Que contient-il exactement et pourquoi est-il si important à l’équilibre mondial ?
Les trois piliers
Adopté en 1968 et entré en vigueur en 1970, le TNP repose sur un équilibre entre trois engagements fondamentaux. D’abord, la non-prolifération. Autrement dit, les cinq États officiellement dotés de l’arme nucléaire (États-unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni) s’engagent à ne pas transférer d’armes nucléaires à d’autres pays.
En parallèle, les États non dotés s’interdisent de chercher à en acquérir et doivent soumettre leurs installations nucléaires aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Ce contrôle vise à garantir que les programmes nucléaires civils ne soient pas détournés à des fins militaires.
Puis, le désarmement. Tous les signataire du TNP s’engagent à poursuivre de bonne foi des négociations pour parvenir à un désarmement nucléaire complet, sous contrôle international strict et efficace. Cet objectif, inscrit à l’article VI, reste ambitieux mais symbolique d’une volonté collective à long terme de voir disparaitre les armes nucléaires.
Enfin, l’usage pacifique du nucléaire constitue le troisième volet du traité. Les États signataires conservent le droit d’exploiter l’énergie nucléaire à des fins civiles ( production d’électricité, médecine, agriculture…) et s’engagent à coopérer dans ce domaine. Cette disposition répond au besoin d’équité. Il s’agit de ne pas priver les pays non dotés de la technologie nucléaire de ses bénéfices, tant qu’elle reste encadrée.
A lire aussi : Comment est décerné le prix Nobel de la paix ?
Un traité universel mais pas sans failles
Avec 191 États parties, le TNP est l’un des traités internationaux les plus largement ratifiés. Seuls, l’Inde, Israël, le Pakistan et le Soudan du Sud n’en sont pas membres. La Corée du Nord, qui s’était initialement engagée, a annoncé son rentrait en 2003. Une décision que la France, entre autres, ne reconnaît pas.
La France, justement, a officiellement adhéré au TNP en 1992, bien qu’elle en respectait les principes depuis sa création. Elle est aujourd’hui l’un de ses défenseurs les plus actifs. Lors de la conférence d’examen de 1995, elle s’est prononcée en faveur d’une prorogation indéfinie et inconditionnelle du traité, actée cette même année.
Depuis sa création, le TNP est régulièrement examiné tous les cinq ans lors de conférences internationales. Ces conférences permettent d’évaluer l’état de mise en oeuvre du traité et d’en ajuster les priorités. Si la pandémie de Covid-19 à quelque peu perturbé ce cycle, le processus est désormais revenu à un rythme normal, avec les prochaines échéances prévues pour 2026 et 2030.
Un équilibre fragile
Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires incarne un compromis délicat. Maintenir le statu quo pour éviter la diffusion, tout en promettant un avenir sans armes nucléaires. Dans un monde où les tensions géopolitiques demeurent fortes, ce traité reste un outil diplomatique fondamental même si certains lui reprochent de consacrer une forme d’inégalité entre les puissances nucléaires et les autres.
Il n’en reste pas que sans le TNP, la prolifération de l’arme nucléaire serait sans doute bien plus avancée. En posant un cadre clair, en fixant des règles et en favorisant la transparence, le traité contribue à préserver une stabilité fragile mais essentielle. Un monde sans armes nucléaires reste un idéal qui ne peut être atteint simplement par méfiance. Le traité sur la non-prolifération en trace tant bien que mal, et ce malgré les obstacles, le chemin.