À la veille de l‘ouverture de la 77ème édition du Festival de Cannes, neuf actrices accusent le producteur Alain Sarde de viol et d’agression sexuelle. Des accusations qu’il réfute.
Le producteur de renom Alain Sarde, figure emblématique du cinéma français au nom peu connu, est actuellement sous les feux des projecteurs, mais pas pour les raisons habituelles. Depuis lundi, alors que le rideau se lève sur le Festival de Cannes, Alain Sarde est au centre d’accusations pour agression sexuelle et viol émanant de neuf femmes. Une nouvelle associée à la divulgation de la « liste noire » qui secoue l’industrie cinématographique française déjà impactée par le mouvement #MeToo. Les faits dénoncés dans le magazine ELLE, remontent pour la plupart aux années 1980 et 1990 et n’ont pas fait l’objet de plaintes.
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Un rendez-vous professionnel qui tourne au cauchemar
Depuis les années 1970, le cinéaste de 72 ans a marqué les esprits. En 50 ans de carrière, il réalise plus de 200 films pour le cinéma français et international. Cependant, malgré son succès professionnel, des allégations de comportement inapproprié et de harcèlement sexuel ont émergé. 9 femmes, dont certaines sont des professionnelles du cinéma, ont publiquement accusé Sarde de comportements déplacés et de harcèlement sexuel. Ces agressions seraient survenues lorsqu’elles étaient plus jeunes, parfois mineures. Les témoignages des victimes, anonymes ou non, décrivent un schéma de comportement où Sarde aurait abusé de son influence pour les intimider. Son mode opératoire semble identique pour chaque victime. Invitation professionnelle chez le producteur, tentative de séduction, chocolats offerts et agressions… Mais avec l’absence de plaintes et d’informations judiciaires, Alain Sarde demeure jusqu’ici, présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.
Alain Sarde nie les faits
La réaction à ces allégations a été rapide et vigoureuse. Des organisations professionnelles du cinéma ont appelé à des enquêtes approfondies. Alain Sarde, quant à lui, a nié fermement toutes les accusations portées contre lui. Son avocate dément aussi ces accusations et les a même qualifiées de mensongères. Elle confirme qu’il affirme n’avoir « jamais usé de la moindre violence ou contrainte dans ses relations avec les femmes dont le consentement a toujours été primordial ».
Une impression de déjà vu
Cette rumeur rappelle une affaire un peu plus ancienne. En 1997 Alain Sarde a été mis en examen lors d’une enquête pour agression sexuelle. 20 ans avant l’explosion du mouvement #MeToo, il est mis en examen puis incarcéré au centre pénitentiaire de Paris-La Santé. Selon l’avocate de la défense, Isabelle Steyer, en faveur du droit des femmes et des enfants, il s’agissait d’un « scandale de proxénétisme de luxe ». Mais trois ans plus tard Alain Sarde est blanchi lorsque la justice dépose un non-lieux.
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Un grand parcours pour une grande renommée
Le parcours d’Alain Sarde démarre dès son adolescence. Mais il se fait véritablement un nom dans les années 1970. Il avait à peine vingt ans lorsqu’il travaille aux côtés de Jean-Pierre Rassam et Marco Ferreri sur le film culte Touche pas à la femme blanche. Un an plus tard, il fondera la société de production, Sara Films avec de nombreuses collaborations de longues durées. Il a travaillé avec certains des réalisateurs et réalisatrices les plus célèbres tels que Marco Ferreri, Roman Polanski, Andrezj Zulawski ou Nadine Trintignant et beaucoup d’autres. Dix ans plus tard, en 1983, il fonde Sarde Film et collabore avec Canal +. Il finit néanmoins par quitter StudioCanal et cède sa société pour devenir indépendant.
Plus tard, en 2002, il arrive au pic de sa reconnaissance grâce à Roman Polanski qui reçoit la Palme d’or à Cannes avec Pianiste. En 2009, une rétrospective de la Cinémathèque française lui est consacrée. Il est décrit comme « le producteur français le plus prolifique, mais également le plus discret ou le plus secret ».